studio 13/16 de Pompidou
Paru dans Culture le lundi 06 décembre 2010.
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Le Centre Pompidou innove en France, avec le premier espace exclusivement dédié aux ados dans un grand musée. "Macadam", "Street Art", "Jeux vidéos"... Dans un studio flexible et ouvert, informel, à la fois espace d'exposition, de rencontre et de détente, "le studio 13/16" initie une série de programmes artistiques à destination des ados, sur des thèmes volontairement contemporains et partant de leur univers. L'engagement du Centre relève aussi un "challenge social": Les rencontres devraient permettre aux jeunes, particulièrement ceux des quartiers de la banlieue parisienne, de découvrir la création artistique sous toutes ses formes: danse, création numérique, design, musique, arts plastiques etc. Vincent Poussou, directeur de l'action éducative et des publics au Centre Pompidou, et Fanny Serain, adjointe à la direction, ont répondu aux questions de ToutEduc.
ToutEduc: Pourquoi initier un studio spécial pour les ados, en marge des activités proposées jusque là en direction des scolaires?
Vincent Poussou: L''idée est que l'adolescence est un moment charnière de la vie, celui où se créent des habitudes et où se cristalise une relation à l'art et aux institutions culturelles. C'est aussi l'âge auquel on peut développer des pratiques artistiques, tout comme les abandonner définitivement. Etrangement, les musées proposent peu d'offres en direction de ce public spécifique. Le Centre Pompidou souhaite par ailleurs favoriser la visite en autonomie, offir un lieu informel où se retrouver entre copains, en dehors de la scolarité où l'éducation à l'art demeure parfois un peu formelle.
Fanny Serain: Toucher le public adolescent sous-entend de partir de ses goûts et de ses comportements, mais aussi de répondre à la dynamique de son univers et à son mode de relation à l'autre. Le designer Mathieu Lehanneur a pensé un espace à la fois expérimental et intimiste, correspondant à la sensibilité des jeunes. Les filles et garçons peuvent participer aux activités proposées, mais n'en ont aucune obligation. Un espace lunch leur a été aménagé qui leur permet d'observer à l'écart le déroulement des activités. Des équipements numériques (portables, lecteurs MP3, écrans...) constituent par ailleurs une clef d'entrée pour la découverte et l'expérimentation artistique. Des contenus mis à disposition peuvent être téléchargés par téléphones portables. Pour communiquer sur les activités, nous jouons avec les codes internet, notamment facebook, nous distribuons des flyers et des bracelets.
ToutEduc: Une certaine image d'élitisme est rattachée à l'art contemporain? Comment toucher les publics les plus éloignées de cette culture?
Fanny Serain: Ce projet est issu d'une dynamique territoriale plus ancienne, initiée avec des MJC de la banlieue de Paris. L'objectif: Sonder les attentes des jeunes de MJC en matière d'art, pour imaginer un programme qui parterait d'attentes réelles, et non d'un placage d'intérêts présupposés. L'étude a révélé que ce qui intéresse les ados en priorité est: La rencontre directe avec l'artiste; La participation active à la création. La Fédération régionale des MJC en Ile-de-France s'est parallèlement engagée auprès du Centre, avec la présence de "nouveaux ambassadeurs" du lieu, un réseau de jeunes qui fait le lien entre le nouvel espace et les zones urbaines éloignées de l'offre culturelle. 70 à 80 jeunes, directement impliqués dans des pratiques artistiques, constituent ainsi le moteur pour faire connaitre le Centre dans les quartiers. Par ailleurs, à chaque MJC volontaire est associé un artiste contemporain. Ensemble, ils construisent un projet qui donne lieu à des manifestations et à des rencontres régulières à Pompidou.
ToutEduc: Quelle est la marge de manoeuvre de ces jeunes dans l'expérimentation artistique?
Fanny Serain: Nous souhaitons faire de ce studio pour adolescents à la fois un lieu structurant et un espace de liberté. La performance "Parking Nomade" de Florent Lamouroux a donné lieu à un atelier animé par l'artiste, orienté vers la réalisation de vétements en sacs poubelles. L'artiste-scuplteur a transmis aux jeunes les fondamentaux de sa technique de moulage. Les animateurs, qui sont aussi plasticiens, ont aiguillé les jeunes dans leur travail plastique, en fonction des matériaux choisis. Jusqu'à présent le musée est plutôt volontariste (Ndlr: Le studio a ouvert en septembre 2010). Nous jouons un rôle de passeur sans être à proprement parler une école d'art. Nous n'excluons pas à terme de présenter des performances, directement imaginées par le public, des concerts par exemple.
ToutEduc: Quels sont les autres projets à venir?
Vincent Poussou: Nous avons en projet la création d'un Centre Pompidou mobile, qui permettrait d'aller à la rencontre des jeunes dans leurs propres quartiers. Faire en sorte que tous les ados, et pas seulement les enfants des classes favorisées, s'approprient ce lieu reste un challenge central.
Ouvert le mercredi, samedi et dimanche. Tous les jours pendant les vacances scolaires. La page du studio 13/16 sur facebook: ici.
Prochaines programmations:
Mercredi 8 décembre de 15h à 19h
Workshop Icon Slip avec Malte Martin, graphiste-plasticien qui interroge et déconstruit les signes préfabriqués qui nous entourent.
Samedi 11 et dimanche 12 décembre de 15h à 19h
Performance collective brico-sound avec le musicien Eric Linder, alias Polar.