Archives » Recherches et publications

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Le socle commun, une révolution qui n'a pas (encore) eu lieu? (colloque de l'IREA)

Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 04 décembre 2010.

Le "socle commun" pose des questions de fond, auxquelles l'institution ne répond pas, estime Roger-François Gauthier (inspecteur général) lors du colloque organisé par l'IREA (l'institut de recherche du SGEN-CFDT) ces vendredi 3 et samedi 4 décembre. Pour lui, "on est très loin" de la mise en oeuvre de la loi de 2005 [qui instaure ce socle commun], et il faut s'interroger. Le socle suppose-t-il- une école du socle commun qui rassemble école élémentaire et collège, comme dans certaines régions d'Italie? Ne faut-il pas revoir la définition du lycée, et même du second degré? Voici d'autres échos de ce colloque.

Pour Jean-Michel Zakhartchouk (Cahiers pédagogiques), le socle commun est "une auberge espagnole", et certains y voient un "retour aux fondamentaux" quand d'autres s'interrogent sur ses liens avec une "culture commune" et la transmission d'un patrimoine culturel. Françoise Clerc (sciences de l'éducation) constate que "le socle" semble retrouver "la vieille pédagogie par objectifs", et on assisterait à "une chosification" de ce qui devrait être vu comme un processus complexe, qui pourrait d'ailleurs prendre en compte ce qui est acquis hors de la classe. De plus, le système éductif français refuse l'auto-évaluation. Il est fondé sur l'évaluation par un tiers, un examinateur inconnu le jour du baccalauréat, par exemple. Or une compétence a toujours une dimension réflexive: celui qui a la compétence sait qu'il l'a acquise, et comment. Il devrait donc être associé à cette évaluation. 

Olivier Rey (INRP) montre comment la France s'inscrit dans un mouvement mondial. La Commission européenne a élaboré, dans le cadre de la stragégie de Lisbonne, 8 "compétences clés", qui ne sont pas des "compétences de base", et qui sont reprises "quasiment telles que" dans le socle français, sauf une, qui porte sur "l'esprit d'initiative et d'entreprise", sans doute par peur de réactions idéologiques. Il constate aussi une hésitation constante dans le discours ministériel, entre un "retour aux fondamentaux" et le socle. Mais si on prend le socle au sérieux, ne faut-il pas s'interroger sur le sens même de la scolarité obligatoire: est-elle une propédeutique au lycée? une gare de tri? le lieu d'acquisition d'une culture commune?

Claude Lelièvre (historien de l'éducation) évoque la difficulté, pour un pouvoir politique, de définir un contenu du socle, un niveau, et pense qu'il devrait revenir au Parlement de définir des objectifs, qu'une Haute autorité, constituée de personnalités extérieures au cercle des experts, mais entourée d'un Conseil scientifique et d'une commission d'évaluation, pourrait décliner en programmes.

Claire Boniface (inspectrice à Paris, dans le quartier de la Goutte d'or) montre toutes les difficultés et les incohérences auxquelles sont confrontées les enseignants pour renseigner des livrets de compétences qui doublonnent les livrets des écoles, et dont les items ne correspondent pas aux programmes. Une enseignante , Aude Delatouche, qui travaille avec elle, a interrogé de nombreux enseignants qui avouent "remplir à la louche" les fameux livrets, et sans aucune assurance qu'une compétence validée dans une école le serait dans une autre, ajoute sa collègue Cécile Duffez. Mais Oihandi Bordanaba témoigne "des effets bénéfiques" de la dynamique qu'induit le socle sur les élèves, qui savent demander de l'aide, et qui osent le faire, qui analysent leurs erreurs, s'installent dans un climat de confiance, et comprennent mieux ce qu'ils font pour apprendre. Certes, au collège notamment, sa mise en oeuvre se heurte à divers freins, mais pour Marie-Christine Duval, I-A IPR à paris, il est possible d'avancer si l'impulsion vient du niveau académique.

Jean-Miche Zakhartchouk annonce qu'un prochain hors-série des Cahiers pédagogiques comprendra une description du travail fait dans la circonscription de Claire Boniface, et Jean-luc Villeneuve, président de l'IREA, ajoute que les actes de ce colloque seront publiés comme ceux des précédents colloques. 

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →