Décrochage scolaire: Les dispositifs efficaces pour raccrocher selon la recherche (C. Blaya)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le lundi 29 novembre 2010.
"La quasi-totalité de ces programmes popose une approche multi-dimensionnelle basée sur la collaboration avec la famille (...) Les interventions individuelles qui ne s'intéressent qu'à une des variables pouvant favoriser le décrochage scolaire sont peu efficaces", note Catherine Blaya (IREDU) dans son ouvrage "Décrochages scolaires, L'école en difficulté" (De Boeck, 2010), dont le dernier chapitre recense et analyse les principaux programmes de raccrochage qui s'avèrent efficaces après évaluation scientifique. "Nous nous sommes intéressés à la nature de l'intervention utilisée, aux caractéristiques du public ciblé, au mode d'implantation du programme et aux effets attendus et mesurés (réduction du décrochage; maintien à l'école; réussite aux examens)", précise-t-elle.
Trois programmes américains retiennent l'attention de la chercheuse. Le programme "Check and Connect", élaboré par l'Université du Minnesota, est fondé sur une technique de renforcement positif (encouragement, félicitations) des élèves, un suivi individualisé, le contrôle de l'assiduité, mais aussi sur des rencontres avec les familles: "Les relations avec les familles sont un des points forts du programme avec la recherche de rencontres et de contacts fréquents par l'organisation de réunions autour de la problématique du décrochage ou d'autres thèmes concernant la vie et le développement des élèves, des visites à domicile par l'enseignant tuteur etc.". Le programme ALAS (Achievement for Latinos through academic Success), qui vise à prévenir le décrochage des jeunes latinos-américains potentiellement décrocheurs aux Etats-Unis, développe également une politique d'encouragement des élèves, un suivi des progrès, et la dispense aux parents d'une "formation sur la manière dont ils peuvent accompagner et soutenir leurs enfants, comment ils peuvent s'investir dans l'école et utiliser les ressources du quartier". Une collaboration école/quartiers/familles, via des rencontres entre parents, travailleurs sociaux et associations, permet de "promouvoir une aide sociale".
Chaque parent doit être volontaire pour participer aux activités de l'école au moins une demi-journée par semaine, au sein du programme CPC (Chicago Child-Parent Centre and Expansion Program), qui s'adresse aux familles les plus défavorisées de Chicago. Un enseignant ressource organise la participation parentale, il a également pour mission de diriger, si nécessaire, les familles vers les services sociaux compétents du quartier.
La chercheuse identifie certaines conditions à l'implantation de programmes efficaces: leur mise en oeuvre dans la durée, leur pilotage et leur évaluation "qui sont le moteur de la motivation des personnels impliqués" et permettent "la généralisation des bonnes pratiques", soulignant néanmoins que ces programmes "bien qu'efficaces dans leur contexte d'origine, ne pourront sûrement pas être transféres tels quels dans d'autres contextes sociaux et culturels".
"La recherche prouve que c'est la collaboration (avec les familles, le quartier et l'école) qui est la méthode la plus efficace", souligne C. Blaya, collaboration qui permettrait "une intervention plus rapide et mieux adaptée auprès des jeunes vulnérables et potentiellement décrocheurs". Deux expériences françaises et deux expériences québécoises sont présentées comme "prometteuses": Les petits Pas (Québec), le PEPS (Programme d'Engagement à la persévérance Scolaire- Québec), le Clept (Collége-Lycée élitaire pour tous - France), et le Fil-Continu (Saint-Denis, France). L'auteur s'attend néanmoins à ce que la lutte contre le décrochage ne se réduise pas à des expériences pilotes: "Il est installé au coeur même de l'école et c'est dans la pratique quotidienne qu'il peut se prévenir et se déconstruire".
Décrochages scolaires, L'école en difficulté, Catherine Blaya, De Boeck, octobre 2010.
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