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violence scolaire: les solutions des chefs d'établissement (étude Debarbieux-Fotinos)

Paru dans Scolaire, Justice le mercredi 24 novembre 2010.

"Les personnels de direction des lycées et collèges français sont peu victimes de violences physiques graves", affirment Eric Debarbieux et Georges Fotinos, au terme d'une enquête menée auprès des personnels de direction des lycées et collèges."Les autres violences physiques, des bousculades "le plus souvent légères", concernent "un nombre non négligeable mais réduit (5%) de ces personnels". En revanche, plus de 12% des personnels de direction ont été amenés à porter plainte pour des violences verbales  et 40% "déclarent avoir été insultés".

Dans leur immense majorité, 95%, ils sont respectés par les élèves et à peine moins par les parents. Pour la plupart, le climat des établissements est bon, mais 27% le qualifient de moyen, voire de médiocre, "avec une tendance à la dégradation en 6 ans".

L'étude montre aussi que "le problème de la violence à l’école" n’est pas lié principalement aux intrusions, ni aux agressions par les parents. Ils rappellent les conclusions des spécialistes: "la vidéosurveillance ne diminue que de manière très marginale la délinquance" et un juriste américain estime même que "les mesures excessives [de prévention de la délinquance] augmentent la violence".

Autre donnée, plus un établissement est situé dans un contexte social défavorisé, "plus les chefs d’établissement perçoivent un niveau de violence plus élevé et plus le recours à l‘exclusion est fréquent". Cela est vrai aussi aux Etats-Unis et une recherche américaine montre "que ce n’est pas dû à un comportement répréhensible plus fréquent chez ces élèves, qui sont plus durement et plus systématiquement punis pour les mêmes infractions". Mais, nous rassurent les deux auteurs, "il convient de se garder d’une vision purement déterministe de ces résultats" et "bien des établissements des zones les plus difficiles du territoire (...) échappent à l’inflation des conseils de discipline et des exclusions temporaires ou définitives".

Que demandent les chefs d'établissement pour lutter contre la violence scolaire?
D'abord "la formation des personnels, et en particulier des personnels enseignants". Viennent ensuite "une responsabilisation et une aide aux parents", une évolution du métier enseignant vers plus de pédagogie et "de présence globale dans l’établissement". Ils demandent aussi un renforcement du nombre de personnels de vie scolaire, et la présence de personnels spécialisés. Seuls 3,2% des personnels de direction qui ont répondu à l'enquête "réclament des mesures de sécurisation technique (vidéo, détecteurs...)".

Au sujet de la formation des enseignants, "il est bien connu qu'elle est efficace quand elle est volontaire et qu’elle peut à la fois concerner l’enseignement lui-même et la manière de faire face aux difficultés de comportement (...) Il s’agit non de former à l’application extraordinaire de programmes de prévention, mais à l’intégration de pratiques préventives dans la pratique ordinaire."

La formation ne suffit pas. "Il est devenu très urgent de redéfinir les modalités des règlements scolaires et des conseils de discipline" alors que les exclusions "contribuent fortement à augmenter le risque de délinquance pour une partie des élèves": "Un système punitif inadapté et inflationniste ne peut qu’ajouter de la difficulté et devenir non un remède mais une cause de violence parmi d’autres." Les autres facteurs sont connus, instabilité des équipes, et nomination d'enseignants sans formation "dans les établissements les plus difficiles ou du moins les plus éloignés sociologiquement de leurs habitudes". Les deux auteurs examinent la possibilité donnée aux chefs d'établissement d'avoir un certain droit de regard sur les nominations: mais "une réforme efficace ne peut passer par une caporalisation" des personnels de direction. Quant au travail avec la police, il est considéré comme l'expression d'une "proximité nécessaire", "un élément de solution". Il y a là "un changement d’état d’esprit qui est un changement de fond".

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