Plus de place aux langues à l'école (dossier de l'INRP)
Paru dans Scolaire le mardi 23 novembre 2010.
Cadre Européen Commun de Référence pour les langues (CECRL), TICE, web 2.0... les enseignants de langues vivantes doivent utiliser de nouveaux outils ou concepts depuis une dizaine d'années. Ces évolutions dans l'enseignement et l'apprentissage des langues, sensées rendre les langues "plus vivantes" à l'école, font l'objet du dossier de veille scientifique n°58 (novembre 2010) de l'INRP.
Approche actionnelle, approche par compétences...Le dossier passe en revue différentes conceptions didactiques de l'apprentissage des langues, soulignant que leur enseignement est "lié à l'histoire politique d'un pays" et "a toujours été guidé par des motivations sociales et politiques".
Le dossier consacre un pan de son analyse à l'apport potentiel des TICE en langues vivantes, notamment la dimension collaborative rendue possible grâce aux outils du web 2.0. Pour certains chercheurs, cette dimension ne serait "pas assez prise en compte par les enseignants". D'autres estimeraient que le regain de motivation lié à l'utilisation des TICE n'est peut-être "que provisoire". Certains, enfin, y verraient un facilitateur de "l'approche par tâches" des langues: "Ils permettent de créer des contextes sociaux propices".
Le dossier donne, enfin, à penser sur l'articulation entre l'"horizontalité" de l'apprentissage que permettent les TICE (co-construction de savoirs et recentrage de l'apprentissage sur les élèves) et le rôle du tuteur ou enseignant, garant d'une certaine "verticalité" ou mise à distance du savoir. Si pour certains auteurs, le web serait à même de bousculer les pratiques "transmissives" des enseignants, pour d'autres, "les TIC ne transforment pas les pratiques pédagogiques par leur seule présence" et "le recours aux technologies semble même souvent amplifier les pratiques existantes des enseignants, accentuant la posture transmissive de certains et les confortant dans une démarche néo-béhavioriste, ou encourageant d'autres, déjà avides d'expérimentations, à monter des projets pédagogiques selon une approche socioconstructiviste" (Nicolas Guichon, Lyon-II). Cela oblige l'enseignant à "repenser l'articulation entre 'situation sociale' et 'situation d'apprentissage'", entre la mobilisation de compétences linguistiques pour une correspondance par exemple, et l'acquisition de savoirs proprement dits, conclut le dossier, valorisant la portée réflexive qu'offrent les TiCE.