L'éducation prioritaire doit-elle rester centrée sur les territoires? (OZP)
Paru dans Scolaire le mercredi 17 novembre 2010.
L’éducation prioritaire se heurte, "depuis 10 ans", sauf lors de "la relance de de Robien" à la semi hostilité des politiques, même si, le plus souvent, ils n'osent pas l'afficher. Et "sur le terrain, la carence de pilotage du dispositif aux niveaux national et académique, laisse perplexes les acteurs directement impliqués comme les coordonnateurs- secrétaires de réseau". C'est le constat dressé le 11 novembre par l'OZP, qui publie progressivement (ici et ici) le compte-rendu de cette journée de réflexion.
L'Observatoire de l'éducation prioritaire constate de plus que "le calendrier de la campagne présidentielle de 2012 s’est accéléré brusquement" et "qu'on a pu relever là aussi un certain brouillage, au moins formel et stylistique, dans la référence commune à des thèmes familiers à l’éducation prioritaire comme le socle commun, la priorité à donner aux établissements ou territoires en difficulté, l’autonomie des établissements et équipes, la relation avec les familles".
En ce qui concerne le programme "CLAIR", il ne peut dissimuler des objectifs d’une tout autre nature (lutte contre la violence scolaire) que ceux de l’éducation prioritaire". "La création des préfets des études amène à s’interroger sur la nécessité pédagogique et budgétaire d’ajouter une nouvelle catégorie spécifique de personnels à celles existantes." Mais surtout, l'OZP relève dans ce programme "un grand absent : le premier degré", même si "des déclarations officielles embarrassées ont tenté ensuite de rattraper cet abandon".
Les ZEP ont été créées en donnant au territoire un rôle central. "La première entorse aux territoires a été la création des 'réseaux d’éducation prioritaire' (REP) par Ségolène Royal" tandis que Gilles de Robien a proclamé "qu’une politique d’établissement devait se substituer aux politiques de zone", tout en conservant une organisation en réseaux. "Depuis l’élection présidentielle, le territoire (la zone) est officiellement banni du vocabulaire de l’éducation prioritaire". Parmi les intervenants, l'un fait remarquer que la territorialisation de l’action éducative risque de se traduire par un abandon de "la maîtrise du projet aux maires, ce qui ne peut que renforcer la tendance à l’enfermement dans des ghettos sociaux". Un autre ajoute que le concept de réseau "a le grand avantage de recouvrir aussi bien les liens internes à l’école (liaison école-collège) que les liens école-territoire". Problème, "dans l’Education nationale, les 'réseaux' (RAR et RRS) ne fonctionnent pas comme tels", puisqu'un réseau suppose "d’abord un travail en commun et cela, ça n’existe pas"!