Aux Etats-Unis, la réussite des élèves ne dépend pas de la formation des enseignants
Paru dans Scolaire le vendredi 13 février 2009.
Que valent les différents cursus de formation des enseignants dans un pays comme les Etats-Unis, où coexistent aujourd'hui deux modèles, l'un dit « traditionnel », l'autre dit « alternatif »?
Une étude américaine publiée ce mois-ci par l'Institut des Sciences de l'Education (IES) se propose de répondre à cette question, en évaluant les conséquences de l'apparition, à côté de la formation initiale des enseignants, de formations permettant à des enseignants non titulaires de pratiquer leur métier tout en continuant à être formés. Ces nouvelles formations sont apparues ces dernières années dans le cadre du programme américain No Child Left Behind (Aucun enfant laissé pour compte), pour répondre à la pénurie d'enseignants à l'école élémentaire. Aujourd'hui, près d'un tiers des nouvelles recrues sont issues de formations alternatives, dont la qualité est parfois remise en cause par l'opinion publique américaine.
L'évaluation s'est faite à partir de deux grandes questions: 1) Quelles sont les incidences des différents cursus de formation sur les résultats obtenus par les élèves? En quoi les pratiques des enseignants varient d'un type de formation à l'autre? 2) Quels sont les facteurs, à l'intérieur d'une formation (quantité de travaux à rendre, concomitance de la formation et de l'exercice du métier, contenu...), susceptibles d'avoir une influence sur les compétences de l'enseignant? Pour y répondre, 2 600 élèves de 63 écoles élémentaires employant des enseignants issus des deux types de cursus ont été suivis.
Conclusion de l'enquête: il n'y a pas de différence significative entre les résultats obtenus par les élèves des enseignants issus de formations traditionnelles et ceux des enseignants suivant une formation alternative: statistiquement, les niveaux des élèves en lecture et en mathématique ne varient pas d'une catégorie à l'autre. En outre, ni le contenu des formations, ni leur niveau d'exigence, ni même les résultats obtenus par l'enseignant en formation ne peuvent être retenus comme critères de distinction: le meilleur étudiant de la formation la plus complète et la plus exigeante n'obtient pas, avec ses élèves, de meilleurs résultats que ses autres collègues.
Que faut-il en conclure? Que toutes les formations se valent? Que les enseignants n'ont pas besoin d'être formés? Ou tout simplement, qu'il ne suffit pas de suivre la « bonne formation », pour devenir un bon enseignant?