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L'Ecole ne rythme plus notre société (Claude Greff, UMP)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 28 octobre 2010.

Ecole sur 5 jours, évolution de la formation des enseignants.. Claude Greff, secrétaire nationale "en charge de l'école et du monde de l'éducation" à l'UMP, organise le 3 novembre le premier "Rendez-vous pour la France" (voir ToutEduc). Infirmièe scolaire, députée qui se réclame du "gaullisme social", elle analyse pour ToutEduc les conditions du débat sur l'Ecole et fait plusieurs propositions.

ToutEduc : Tout le monde s'accorde pour reconnaître l'importance de l'éducation dans le débat politique à venir. Où situez-vous les lignes de clivage?

Claude Greff : En réalité, le consensus est relativement général, et les propositions que nous faisons se retrouvent dans le programme du PS, qui n'a à nous opposer que la question du nombre des enseignants. Nous, nous considérons qu'ils doivent surtout être davantage respectés, et que ce respect passe aussi par la question pécuniaire. Certains parents, qui ont des salaires conséquents se sentent supérieurs aux professeurs de leurs enfants. Ils s'imaginent parfois qu'il est facile de leur apprendre que B  et A font "ba"...

ToutEduc : Vous prenez spontanément l'exemple de la méthode syllabique, qui est un marqueur idéologique fort, autour duquel se retrouvent d'ailleurs des gens venus de gauche, voire de l'extrême gauche, et de droite...

Claude Greff: On ne peut pas s'en tenir à une seule méthode, tous les enfants sont différents. Sinon, on s'inscrit dans une forme d'archaïsme, on veut imposer une ligne. Ce qui compte, c'est la réussite des enfants, c'est elle qu'on doit évaluer, en même temps que le travail des enseignants. Or trop d'enfants arrivent en 6ème sans savoir correctement lire, écrire, compter, voire même parler. L'école primaire doit revoir ses méthodes d'enseignement. Jean-François Copé propose une évaluation avant l'entrée en 6ème, mais c'est bien avant que tout se joue, au CP et au CE1. Pour que notre Ecole soit vraiment l'Ecole pour tous, qu'elle donne à tous toutes leurs chances, il faut qu'elle prenne en compte les enfants qui viennent de familles où l'on ne parle pas français, ou de familles où l'on parle de moins en moins ...

ToutEduc : Plaideriez-vous pour la maternelle à deux ans?

Claude Greff : Non! J'y suis archi-opposée. Mais les enfants doivent pouvoir être accueillis dans des structures d'éducation, en fonction de leurs besoins, des milieux dont ils sont issus, la distinction n'étant pas tant sociale que culturelle ou linguistique. Il ne s'agit pas de ségrégation, mais tout au contraire de valorisation. 

ToutEduc : Vous avez évoqué les méthodes pédagogiques, ce qui pose la question de la formation des enseignants. Quel jugement portez-vous sur la "masterisation"? 

Claude Greff : Il est trop tôt pour l'évaluer. Les enseignants sont bien formés, cela leur donne une assurance, et, à "bac + 5", on peut plus facilement se réorienter quand on se rend compte qu'on n'est pas fait pour ce métier. Mais la masterisation doit évoluer pour comprendre une formation à la pédagogie, qui permette de connaître et d'accepter la complémentarité des méthodes. 

ToutEduc : Comment voyez-vous évoluer l'école primaire? 

Claude Greff : L'Education nationale n'est plus le "mammouth" évoqué par Claude Allègre, elle est en mouvement. Elle a accepté la réforme du lycée, elle doit accepter celle de l'école primaire et du collège. L'environnement des enfants a changé. Les livres, l'Internet, l'offre culturelle des collectivités, les médias... l'Ecole doit prendre en compte ces réalités. Autrefois, l'école rythmait notre société, aujourd'hui, c'est presque l'inverse.

ToutEduc : Pouvez-vous préciser votre pensée?

Claude Greff : C'est vrai à tous points de vue, qu'il s'agisse de la richesse multiculturelle, des apprentissages, ou des horaires. La semaine a été réduite à 4 jours alors que des matières supplémentaires ont été introduites. Il faut réorganiser la semaine sur 10 demi-journées, y compris le mercredi matin.

ToutEduc: Et le samedi matin?

Claude Greff : Il devrait être consacré aux révisions, et à des sorties culturelles. Ce serait une demi-journée facultative. 

ToutEduc: Pour améliorer la réussite au cours préparatoire, comment pensez-vous faire?

Claude Greff : Il faut reprendre l'idée des dédoublements de Luc Ferry. Deux enseignants travaillent en binôme, celui qui a le plus d'expérience et le plus jeune peuvent ainsi échanger en termes de méthodes, et l'un des deux peut prendre en charge les enfants qui ont plus de difficulté, mais sans les sortir de la classe, comme le faisaient les Rased.

ToutEduc: En 2007, Xavier Darcos a fait passer un discours idéologique fort, qu'on pourrait résumer ainsi: "Jusqu'à présent, l'Etat était éducateur, ce rôle revient maintenant aux familles". Qu'en pensez-vous?

Claude Greff : L'Etat conserve son devoir régalien d'organiser l'accueil de chaque enfant. Les familles doivent être associées là où elles ont un rôle à jouer, sans être culpabilisées. 

ToutEduc: Vous organisez cette journée de "Rendez-vous". Qui y participera?

Claude Greff : Je n'ai pas encore le programme définitif. J'attends que participent à notre réflexion des experts, des praticiens, de futurs enseignants, qui doivent nous dire pourquoi ils ont envie de s'engager dans ce métier, pour enseigner ou pour transmettre ce qu'ils savent (ce n'est pas exactement la même chose), les parents, qui sont évidemment au coeur de la réflexion, mais aussi les collectivités. Elles ont leur mot à dire. Les communes construisent les écoles, les départements construisent les collèges, les régions construisent les lycées. Pourquoi toujours ces "salles des professeurs", inaccessibles aux non-enseignants? Je le sais bien, étant infirmière scolaire. Pourquoi n'y a-t-il pas de petits bureaux, pour recevoir les familles? Où sont les bâtiments adaptés aux besoins?

ToutEduc: Votre vision de l'éducation ne correspond pas exactement à celle de Nicolas Sarkozy, telle qu'il l'a présentée en décembre 2006, lorsqu'il était candidat...

Claude Greff : Le président a ses convictions, qui peuvent évoluer.

ToutEduc : Quelle importance pensez-vous que ce débat sur l'Ecole devrait prendre?

Claude Greff : C'est le premier budget de notre pays, et la Jeunesse en est la première richesse.

 

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