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Education à la citoyenneté: de bonnes intentions et des difficultés multiples (INRP)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le samedi 23 octobre 2010.

L'Education civique "passe souvent au second plan, après les matières traditionnelle", et "les discours altruistes visant à une citoyenneté démocratique, critique et globalisante" se heurtent aux réalités de l'Ecole et de la société. De plus, "la difficulté pour les adultes à laisser quelques libertés aux élèves sont autant de freins à une réelle éducation à la citoyenneté". Ces constats sont extraits d'un dossier d'actualité publié par l'INRP (VST) pour "cerner ce que l'expression 'éducation à la citoyenneté' recouvre, selon les pays. Peut-être faut-il de plus faire la différence entre "citoyenneté nationale" et "citoyenneté globale", la première se référant à un État-nation, tandis que la seconde "est du domaine de la morale", et se situe dans contexte transnational.

"En Afrique du Sud, les sentiments patriotiques (...) peuvent entrer en conflit avec la construction d'une nation, qui passe par une nécessaire réconciliation des communautés. Avant d'imaginer cette réconciliation au travers d'un sentiment national commun, il est nécessaire de ménager dans l'école des espaces de compréhension mutuelle et de respect des communautés. La situation sud-africaine et la difficile défense de l'ubuntu (dignité humaine) illustrent combien les principes de l'éducation à la citoyenneté démocratique peuvent être biaisés par des motivations locales ou régionales".

En Irlande du Nord, les enseignants peuvent-ils promouvoir des valeurs universelles que la société ne promeut pas, et risquer de mettre à mal "le lien fragile entre les élèves protestants et catholiques d'une école intégrée"? Le systèmé éducatif français a, de fait, "évacué de son vocabulaire l'instruction civique et les leçons de morale". Or la recherche anglo-saxonne "met en valeur l'acquisition de compétences d'intelligence morale". En Belgique (francophone) l'enseignement de la "morale laïque" va de pair avec celui de la citoyenneté, et la "discussion à visée philosophique" contribue "à l'acquisition de compétences affectives ou socio-affectives (développer la sensibilité), cognitives (développer la pensée), éthiques (développer la conscience morale) et décisionnelles (développer l'engagement individuel)".

L'Écosse est souvent citée comme faisant exception par rapport à ses voisins européens: l'éducation à la citoyenneté n'y est pas une discipline, elle est "inscrite de manière transversale dans le Curriculum for excellence" et chaque jeune doit à la fois "réussir ses apprentissages, devenir un citoyen responsable, un individu confiant et un participant actif". Mais à trop centrer l'Educattion civique sur l'élève, on risque de privilégier"une vision individualiste de la société" et "trop se soucier du social peut induire une dépolitisation de la notion de citoyenneté".

L'éducation à la citoyenneté active se heurte "à un manque de reconnaissance aussi bien de la part des enseignants, pour qui le savoir scolaire prime (...), que de la part des élèves qui ont du mal à transférer le savoir acquis à l'école pour le rendre utile et opérationnel". L'auteur de ce dossier, Annie Feyfant, pointe une autre source de réflexion: "la question des liens et des chevauchements entre les compétences citoyennes et les compétences requises pour 'apprendre à apprendre' (...) L'apprentissage actif est en général entendu comme une méthode d'enseignement impliquant un engagement fort des élèves dans le processus d'apprentissage (...). Les valeurs véhiculées par cette pédagogie sont celles de la coopération, la participation, la justice et l'égalité dans la diversité". Si on encourage les élèves à s'exprimer, on facilite l'acquisition de compétences citoyennes et l'ouverture au monde des élèves. Encore faut-il se demander quels sont les élèves qui participent, et comment ils interviennent ... "L'observation des échanges entre écoliers anglais montre un manque d'interaction et une certaine passivité des élèves." En Suède, les enseignants craignent moins la passivité des élèves que le dérapage possible des débats.

Les évaluations internationales ne permettent pas de mesurer les compétences citoyennes des élèves. D'ailleurs, comment évaluer "un apprentissage pour le moins subjectif"? Mais aussi comment lutter contre le décalage "entre le milieu scolaire et l'exercice de la citoyenneté" dans la société actuelle, qui est tentée de l'instrumentaliser "pour ramener ici, le calme dans des quartiers difficiles et là, un peu d'ordre dans des institutions scolaires troublées".

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