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OK Faiblesse des garçons à l'école: L'analyse de genre est-elle appropriée? (étude suédoise)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 21 octobre 2010.

"Y-at-il une crise des garçons à l'école?" s'interroge un rapport suédois (téléchargeable en anglais), qui s'inscrit plus largement dans le travail mené par une commission créée en 2008 par le ministère de l'éducation suédois (Delegation for gender equality in schools - DEJA), dont les résultats doivent être publiés cet automne. Si ce rapport souligne la faiblesse globale des résultats des garçons par rapport à ceux des filles dans le système éducatif suédois, son auteur s'interroge néanmoins sur la pertinence d'une analyse en terme de "crise du genre", et propose un nouvel angle d'analyse.

Il s'élève contre l'idée selon laquelle les reformes en éducation visant la mixité, plus précisèment celles qui ont cours aux Etats-Unis, favoriseraient les performances des filles et entraveraient le dévelopement des garçons. "Ces réformes- que ce soient les nouvelles initiatives, la configuration des classes, la formation des enseignants- ont permis une meilleure prise en compte des processus d'apprentissage des élèves et ont ouvert une réflexion sur les modes d'enseignement. Ces transformations bénéficient à une large frange de garçons."  Par ailleurs, ces politiques de mixité, "lancées comme un défi par des réformateurs féministes", auraient favorisé l'identification des stéréotypes de genre, qui limiteraient à la fois les capacités des garçons et des filles. "S'attaquer à ces stéréotypes, réduire la tolérance envers la violence à l'école et le harcélement entre élèves, accroître l'attention portée aux violences à la maison, permettent aux garçons comme aux filles de se sentir plus sécurisés à l'école".

L'argument central du dossier est celui selon lequel les trois dimensions qui caractériseraient "la crise des garçons" (disparités de genre dans la poursuite d'études longues, taux de réussite inférieurs aux filles, problèmes de comportement plus élevés) seraient davantage soutenus par "la dynamique spécifique des interactions entre les garçons", et "les idéologies de la masculinité", que par un manque d'initiatives à l'endroit des garçons. "Une meilleure compréhension du genre est encore la manière la plus adéquate de développer des stratégies de remédiation", ajoute l'auteur du dossier, pour lequel la croyance "facile et incorrecte" dans un déterminisme biologique (rôle de la testostérone dans les violences notamment) "orientent inévitablement la plupart des observations faites sur la situation des garçons".

L'auteur note qu'aux Etats Unis, la sociologue Cynthia Fuchs Epstein a mis en évidence que des différences de résultats relevant à première vue du genre, relevéraient d'autres facteurs explicatifs: la classe sociale ou l'origine ethnique, dans les cas étudiés. Les filles auraient des choix d'orientation plus réduits que les garçons, particulièrement au sein de certains groupes sociaux. Aux Etats-Unis, si 65% des garçons issus des classes "blanches" poursuivent des études supérieures, ce n'est le cas que pout 49% de garçons d'origine hispanique, et 48%  des garçons d'origine afro-américaine. Dans le supérieur, le fossé entre les garçons et les filles issus de "classes blanches" serait minime: 51% de filles contre 49% de garçons suivraient des études. En revanche, 37% des étudiants issus des "classes noires" seraient des hommes, contre 63% de femmes; 45% des étudiants d'origine hispanique seraient des hommes, contre 55% de femmes. 

"Le focus mis sur les différences biologiques tend à sur-estimer les différences scolaires entre les garçons et les filles, qui sont relativement réduites, et, à l'inverse, à sous-estimer les différences, souvent significatives, observées au sein des genres: entre les filles elles-mêmes et entre les garçons eux-mêmes", conclut l'étude, qui appelle au final à une réflexion sur les stéréotypes de la masculinité, relatifs à des croyances en un déterminisme biologique ou liés à certaines cultures, plutôt qu'à une remise en cause globale des politiques éducatives portant sur la mixité.



 

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