Remplacements : la Cour des comptes évoque sans l'expliquer une hausse des absences pour raison de santé
Paru dans Scolaire le vendredi 12 décembre 2025.
"Les moyens consacrés au remplacement de courte durée ont plus que triplé avec la mise en place du Pacte enseignant (...). L’efficacité du remplacement de courte durée s’est légèrement améliorée (...). En revanche, l’efficacité du remplacement de longue durée s’est dégradée (...). Les évolutions engagées par le ministère ne permettent pas encore de mesurer de manière exhaustive et fine le temps d’enseignement perdu." Telles sont les principales conclusions de la Cour des comptes qui publie, ce 12 décembre, son rapport sur "le temps d’enseignement perdu par les élèves au collège".
La plupart des médias ont repris l'une des données, le non remplacement des enseignants a provoqué la perte de 8 % du temps d'enseignement. S'y ajoute 1 % du fait des fermetures d'établissement et les heures perdues pour cause de grèves, mais "leur chiffrage national n’est pas public". La Cour donne quelques autres chiffres significatifs. la hausse des besoins de remplacement d’enseignants du second degré entre 2018-2019 et 2023-2024 est de 15 %, principalement en raison de la hausse des absences pour raison de santé (+ 41,3 %). Le montant des crédits consommés pour le remplacement dans le second degré public en 2024 s'élève à 2,16 Md€ (+ 52 % depuis 2018), le coût du remplacement de courte durée dans les collèges publics et privés sous contrat a été multiplié par trois depuis 2018 et s'élève à plus 100 M€.
Voici les autres faits saillants de ce rapport :
"Les données disponibles ne permettent pas de calculer, de manière individualisée (ou au niveau d’une classe), le nombre d’heures non assurées pour un élève, sur une année scolaire (et donc a fortiori sur une scolarité complète au collège) (...). Or les visites dans les collèges ont permis de constater que certains élèves pouvaient cumuler du temps de cours non assuré résultant d’absences d’enseignants courtes et longues, parfois plusieurs années de suite (...)."
"Les 10 % des établissements ayant le plus d’heures non assurées perdent, en moyenne, plus de 14 % d’heures d’enseignement, tandis que les 10 % des établissements ayant le moins d’heures d’enseignement non assurées en perdent moins de 4 % (...). Selon le sondage réalisé par la Cour auprès des chefs d’établissement, la durée moyenne des absences de longue durée non remplacées était inférieure à deux mois pour 74 % des établissements répondants mais de deux à trois mois pour 11 % des établissements, de trois à quatre mois pour 7 % et de plus de quatre mois pour 8 %."
"Entre 2018-2019 et 2023-2024, les besoins de remplacement de longue durée ont augmenté de 15 %, avec un tiers des académies où l’évolution a été supérieure à +30 % (...). Si la part des enseignants absents au moins un jour au cours d’une semaine donnée pour raison de santé est passée de 2,6 % en 2018 à 4,1 % en 2023, cette
part de 4,1 % est comparable à celle des autres agents de la fonction publique d’État (3,9 %), mais inférieure à celle des salariés du privé (5 %), des agents de la fonction publique hospitalière (6 %) et des agents de la fonction publique territoriale (7 %). En ce qui concerne les durées d’absence, les enseignants ont été absents en moyenne 9,3 jours dans l’année 2023 pour raison de santé, contre 12 jours en moyenne dans la fonction publique et 10,3 jours en moyenne dans le secteur privé avec, certes, un nombre différent de semaines travaillées de référence pour les enseignants."
"L'Education nationale compte 77 médecins du travail pour 1 193 378 agent (..). Le contrôle des arrêts maladies, qui consiste à prévoir une contre-visite par un médecin agréé, n’est quasiment jamais pratiqué (...). En 2023, seuls 54 % des collèges ont rédigé un DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels) (...). Uniquement 10 % des documents rédigés intègrent une analyse des risques psycho-sociaux (RPS). Or les RPS sont à l’origine de troubles qui peuvent se traduire par du désengagement au travail, un absentéisme accru, des conflits entre les personnes."
"Le vieillissement du corps enseignant représente un enjeu encore sous-estimé. La forte hausse du nombre d’enseignants de plus de 50 ans, davantage sujets aux absences longues, aux maladies professionnelles et aux accidents du travail, nécessitera, outre des besoins de remplacement accrus dans les prochaines années, une politique de prévention et d’accompagnement RH spécifiques, en particulier pour aménager les fins de carrière."
Le rapport ici

