Lecture : Education nationale et Culture doivent travailler ensemble pour que tous les jeunes y prennent du plaisir
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le lundi 01 décembre 2025.
Edouard Geffray veut "faire entrer la littérature jeunesse" dans le système scolaire. Le ministre de l'Education nationale intervenait ce 1er décembre avec son homologue de la Culture lors de la présentation du rapport des "Etats généraux de la lecture pour la jeunesse". Le constat est sévère, la proportion des 15-19 ans qui ont lu au moins un livre dans l'année, et qui était de 89 % en 1973 est tombée à 66 % en 2018. Et pourtant le sujet passionne, la proportion des parents déclarant ne pas s'y intéresser ne dépasse pas les 1 %. E. Geffray rappelle que le seul facteur pour lequel la corrélation avec les résultats scolaires des enfants est absolue est le nombre de livres contenus dans la bibliothèque des parents. C'est d'ailleurs un sujet qui permet de faire le lien entre l'école et la famille, il faut que les enfants lisent, et si c'est des mangas, "ce n'est pas grave", ils peuvent passer des mangas à autre chose, ou d'autre chose aux mangas...
Les deux ministres intervenaient après les témoignages de trois lycéens qui font valoir qu'ouvrir un livre dans les couloirs d'un lycée, c'est prendre le risque de se faire traiter "d'intello", que le plaisir de la lecture n'est "pas assez valorisé", qu'aux lectures proposées par les enseignants est associée la notion de performance, il s'agit d'avoir une bonne note, le stress l'emporte, il faudrait que les enseignants "rendent les personnages des oeuvres classiques identifiables", et la jeune fille précise, "qu'on puisse s'identifier à eux", que la lecture soit vivante, active, par exemple en transposant et réécrivant un texte dans un décor contemporain. Hella Feki, enseignante et écrivaine fait remarquer que beaucoup de choses existent et sont possibles dans le cadre scolaire, mais qu'il faut renforcer la formation continue des enseignants...
Sylvie Chokron (neuropsychologue, CNRS) lance l'alerte et détaille les méfaits des réseaux sociaux, qui nuisent à l'estime de soi, qui ne mobilisent qu' "une part minime du cerveau", suscitant des "émotions de base" alors que la lecture mobilise la totalité du cerveau, développe l'attention, la mémoire, les connaissances. C'est, ajoute-t-elle, un problème de santé publique. Et le directeur du livre et de la lecture, constatant que "la société a laissé ce terrain" et que les écrans en ont profité, que "toutes les classes sociales sont touchées", ajoute qu'il faut "mettre le paquet" sur "les classes populaires".
Le rapport fera une quinzaine de propositions pour agir sur le plaisir de lire, pour que la lecture soit présente "à chacun des temps de l'enfant", pour favoriser la coopération de tous les acteurs, soutenir toutes les initiatives et assurer la pérennité de l'action des militants. Mais lancés début juillet par Rachida Dati, fin juillet par la ministre de l'Education nationale, ces "états généraux" n'ont pas permis à son maître d'oeuvre, le directeur du livre, d'élaborer un plan d'action à dix ans. Trois points toutefois font consensus, il faut lire des livres aux tout petits, et Rachida Dati a d'ailleurs lancé un "prix du livre pour les bébés", il faut que les différents acteurs, notamment les administrations de la Culture et de l'Education nationale travaillent ensemble et il faut faire payer ce plan par les ennemis de la lecture, les plateformes.
Le rapport sera disponible ici