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"Ma classe au cinéma", une grande réusssite menacée (E. Geffray)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 10 octobre 2025.

"Ma classe au cinéma apparaît comme un dispositif à bien des égards remarquable : couvrant la quasi-totalité du territoire, touchant chaque année un élève sur six, impliquant un professeur sur dix, présentant une organisation à la fois territorialisée et partenariale, il constitue un succès indéniable dans le champ de l’EAC (éducation artistique et culturelle). Les vulnérabilités auxquels il est susceptible d’être soumis invitent cependant à envisager son évolution." C'est l'essentiel du rapport remis par Edouard Geffray, ancien DGESCO, à Elisabeh Borne et Rachida Dati, ministres de l'Education nationale et de la Culture, et que le ministère a récemment publié.

L'ancien directeur général de l'enseignement scolaire rappelle que le dispositif est né en Normandie à la fin des années 1980 et qu'il s'est étendu depuis "à tous les niveaux de scolarité de la maternelle au lycée", que c'est "un dispositif partenarial (...) associant l’ensemble des acteurs territoriaux : professionnels du cinéma, éducation nationale et collectivités territoriales".

Mais en un an, en ce qui concerne les collèges, le nombre des élèves participants a été diminué d'un quart, et plus globalement, des vulnérabilités "se sont récemment cristallisées" autour des nouvelles règles de formation des professeurs dans le cadre de l’évolution de la doctrine sur le remplacement de courte durée, dans un contexte où l’éducation à l’image occupe une place assez périphérique, voire insaisissable, dans les programmes d’enseignement." S'y ajoute la mise en place des groupes de besoin en 6ème / 5ème, "qui a modifié la composition des groupes classes (...). Les mêmes effets s’étaient révélés, semble-t-il, au début de la mise en œuvre de la réforme du lycée".

L'auteur souligne aussi une évolution très profonde de "la culture cinéphile des professeurs". Ceux qui ont participé au lancement du dispositif dans les années 90 formaient "une génération que l’on pourrait qualifier de militante (...), dotée d’une cinéphilie réelle, structurée". Les nouvelles générations "ont une autre cinéphilie, sans doute plus 'en pointillés'. Ils ont donc besoin d’acquérir un bagage transversal beaucoup plus solide pour faire comprendre à leurs élèves le langage cinématographique ou la portée singulière d’un film." L'ancien DGESCO préconise d'ailleurs la création d'un DIU (diplôme inter-universitaire) d’éducation au cinéma, ouvert aux enseignants, "mais aussi à toute personne voulant acquérir un niveau d’expertise en la matière : salariés des exploitants de salles ou d’associations, professionnels du cinéma, personnels des collectivités territoriales, médiathèques…"

Il préconise également la création, avec le CNC, d'une carte de professeur "ami du cinéma" qui pourrait "donner droit, dans les salles partenaires, à des réductions, invitations à des avant-premières ou rencontres avec des professionnels du cinéma".

Autre difficulté que souligne E. Geffray, "les craintes des professeurs à emmener leurs élèves découvrir certains films, non pas du fait de leur caractère exigeant, mais du fait des réactions d’intolérance exprimées, soit par les parents, notamment dans le premier degré, soit par les élèves, notamment au collège (...). Les motifs peuvent en être variés, mais est revenue (dans les rencontres avec les enseignants) la question du 'nu' (fût-il très partiel) ou de l’homosexualité (fût-elle suggérée), pour le second degré, ou la question de la 'peur' des enfants dans le premier (degré)." Pour lui, "il est exclu de céder du terrain à cette forme de censure diffuse, aux causes et origines multiples". Mais "en l’absence d’adossement aux programmes, la capacité des professeurs à s’appuyer sur – ou s’abriter derrière – ceux-ci est quasiment nulle (...). Il est assez frappant de voir que le cinéma, qui est pourtant l’un des arts les plus répandus et accessibles (...) ne fait pas l’objet d’une approche structurée dans les programmes, non plus que l’éducation à l’image". Il serait pourtant possible de l'inscrire dans le prolongement des programmes. Par exemple, l’une des thématiques actuellement au programme en 6ème en français, est "le monstre, aux limites de l’humain". Pourraient s'associer au professeur de lettres ses collègues d’histoire et d’arts plastiques "dans le cadre d’un dispositif du type Ma classe au cinéma "dont tout ou partie des films sélectionnés (...) illustrerait cette thématique (par exemple, ici, avec Frankenstein)".

E. Geffray s'interroge aussi sur la place "des collectivités territoriales dans les comités de pilotage territoriaux (...). Leur participation à un haut niveau de représentation doit être systématiquement recherchée, et elles doivent par construction être informées à chaque étape du dispositif. En revanche, elles n’ont pas vocation à intervenir dans la sélection des films au niveau local, afin d’éviter toute mise en cause sur un terrain qui ne serait pas exclusivement artistique et professionnel." Mais il conviendrait d' "autoriser et favoriser la création de conservatoires municipaux et départementaux de cinéma".

Le rapport ici

 

 

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