Ecoles catholiques, la théorie et certaines réalités (ouvrage)
Paru dans Scolaire le lundi 22 septembre 2025.
Laurence Gourdon et Vincent de Léglise passent en revue, dans un petit ouvrage, "quelques idées reçues sur les écoles catholiques" alors qu'elles "n'ont jamais été autant critiquées" et que la révélation de "violences physiques, sexuelles et psychologiques" qui y ont été perpétrées "interrogent l'ensemble des communautés éducatives". Cette description - plaidoyer, fondée le plus souvent sur des textes officiels pour en présenter une synthèse d'une lecture facile, plaisante même, comporte cependant quelques bémols, quelques notations de points qui peuvent faire problème.
Dans un premier chapitre, consacré à la protection que les écoles doivent à leurs élèves, les deux auteurs évoquent la nécessité de "travailler" le champ de l'EVARS, l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, inscrite dans les programmes, pour qu'elle "s'inscrive dans une dynamique d'éducation intégrale" (qui prenne en compte la dimension spirituelle et religieuse de la personne humaine, ndlr), et donc qu'elle permette aux écoles "d'enrichir ce programme officiel". Laurence Gourdon et Vincent de Léglise ne précisent pas ce qu'ils entendent par "enrichir".
Les écoles catholiques sont, théoriquement, "ouvertes à tous", mais les auteurs sont bien obligés de constater "une dégradation importante de la mixité sociale dans les écoles privées sous contrat" puisque, en 20 ans, écrivent-ils, la proportion d'élèves issus de familles très favorisées est passée de 26 à 40 %. "Il est difficile de nier que certaines familles, tout en se déclarant ouvertes et tolérantes" recherchent un environnement "préservé des réalités sociales diverses". Cela dit, lorsque le nombre des demandes est supérieur au nombre de places, "la sélection est inévitable" et surgit alors "la tentation de sélectionner les 'bons' élèves", même si "la majorité des écoles catholiques" y résistent.
Ces écoles sont-elles "un entre-soi pour cathos" ? Non, affirment Laurence Gourdon et Vincent de Léglise, même si les enseignants n'étant pas des fonctionnaires de l'Etat mais des contractuels, ils ne sont pas tenus au devoir de neutralité et sont "libres d'exprimer leurs convictions religieuses". Les écoles peuvent faire des "propositions religieuses", certaines ne pouvant être rendues obligatoires et ne devant pas empiéter sur les enseignements prévus aux programmes. Les auteurs ne disent toutefois rien de leur place dans l'emploi du temps des élèves dont on sait qu'elle peut créer une quasi obligation, par exemple une heure de catéchèse entre 10 et 11h, mais ils notent que les familles, en choisissant le privé "s'engagent à adhérer au projet d'établissement et à participer, dans une certaine mesure, aux propositions du projet pastoral".
Ces écoles sont-elles pour autant "hors de contrôle" ? Non, elles sont inspectées par les services de l'Etat et l'augmentation de leur fréquence "se comprend dans le contexte sociétal et financier du pays", mais elle "crée une culture du soupçon" alors que les services académiques et les écoles catholiques "ont créé entre eux des liens de confiance" depuis "au moins quarante ans". Les auteurs auraient pu alors évoquer la responsabilité de certains établissements dans cette rupture de la confiance...
Quelques idées reçues sur les écoles catholiques, et ce qu'il faut savoir pour se faire son propre avis, "Laurence Gourdon et Vincent de Léglise, éditions Fabert, 132 pages, 10€