Le ministère n'est pas sérieux (ID-FO)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 11 septembre 2025.
"Il va falloir un changement de méthode." Indépendance & direction, le syndicat FO des personnels de direction, tenait sa conférence de presse de rentrée ce 11 septembre et il en ressort surtout l'impression d'un manque de sérieux dans la gouvernance du système scolaire. Des "mille-feuilles" placés devant Agnès Andersen, la secrétaire générale (proviseure d'un lycée GT), Alain Mallet (secrétaire général adjoint, proviseur d'un LP) et Cathy Rodier Hagenbach (secrétaire nationale, principale de collège) viennent illustrer l'empilement des dispositifs, le continuel "stop and go" des réformes, sans qu'aucun "grand dessein" n'apparaisse, faute de temps pour évaluer les réformes, dégager des priorités, élaborer un consensus.
Et de lister toutes ces annonces qui, depuis 2018, ne tiennent pas compte des précédentes, ni du travail effectué, ni des moyens de mise en oeuvre et qui génèrent "découragement, perte de sens, stress". Agnès Andersen évoque la réforme du collège qui efface tous les efforts accomplis par les chefs d'établissement pour que les enseignants prennent en compte les compétences, les annonces sur le DNB, qui devait être obligatoire pour passer en seconde et qui ne l'est plus, la pause numérique alors que la loi interdit déjà les téléphones portables au collège, mais que les collectivités fournissent des tablettes aux élèves qui doivent se former au numérique pour être évalués avec PIX, les discours sur les heures d'enseignement perdues alors que les diverses évaluations, nationales, mais aussi PIX, la sécurité routière, "ev@langue" (qui "ne sert à rien") font perdre 20 % d'heures de cours, sans compter les évaluations d'établissement... Et que dire de la formation des élèves de 4ème à repérer les "signaux faibles" de la détresse psychologique de leurs camarades, ou du calendrier du "projet d'évaluation" (chaque enseignant devant indiquer quelles seront les évaluations prises en compte pour Parcoursup et pour l'examen), ou de la vidéo supposée former les personnels de direction au plan "filles et maths" pour qu'ils forment à leur tour les enseignants ? "Ce n'est pas sérieux", d'autant que ces mesures s'inscrivent dans un contexte de pénurie d'heures supplémentaires et même de Pacte (pour les missions autres que de remplacement), donc sans marges de souplesse, sans confiance faite aux établissements pour gérer au mieux des injonctions contradictoires.