Socle commun : la nouvelle version sous l'oeil critique de D. Paget et du CICUR
Paru dans Scolaire le lundi 01 septembre 2025.
Le CSP (Conseil supérieur des programmes) a publié au mois d'avril un projet de nouveau "socle commun". Denis Paget en propose une analyse dans la revue en ligne du CICUR, un collectif centré sur la notion de curriculum et dont il est membre. Agrégé de lettres, ancien co-secrétaire général du SNES, ancien membre du CSP, il rappelle que celui-ci est "censé définir ce qui doit être enseigné à tous les élèves de France au sein d’une scolarité obligatoire", qu'il "a été rédigé par un groupe de travail de 14 inspecteurs généraux, une directrice d’INSPE et un membre de l’académie des sciences, puis validé par le CSP sans aucun débat public".
Il ajoute que la ministre, Nicole Belloubet à l'époque, avait demandé au CSP de revoir tous les programmes de la scolarité obligatoire avant même que le socle commun soit rédigé et validé par la ministre et il en conclut que "le socle n’est pas la matrice des programmes". Il constate surtout que s'opposent deux conceptions du "socle". Celui de 2005, rédigé à la demande de François Fillon, était celui des "indispensables". La version de 2015 "était un tout autre projet qui subordonnait les disciplines scolaires à une définition de la culture commune".
Mais cette version 2015 du socle "est restée un texte non abouti et non convaincant par manque de temps au moment où la ministre de l’époque (Najat Vallaud-Belkacem,ndlr) s’est lancée dans une réforme des collèges (...). Pourtant le CSP était loin d’avoir épuisé la réflexion sur les changements profonds qu’une telle réforme impliquait en matière de contenus d’enseignement et d’interdisciplinarité."
En ce qui concerne la version 2025, Denis Paget demande qu'on sache gré aux 14 inspecteurs généraux qui ont élaboré le texte du nouveau socle "de n’avoir pas obéi à la lettre à cette dérive blanquériste" (portée par la lettre de saisine, ndlr), mais le résultat est un texte de 68 pages (au lieu de 15 précédemment), où "deux chapitres précisent la contribution des disciplines scolaires aux éléments de culture commune et la contribution des différents champs disciplinaires aux apprentissages fondamentaux de français et de mathématiques sous forme de tableaux qui tentent de démontrer que tout est dans tout et réciproquement (...). En faisant silence sur la classe et l’établissement scolaire comme lieu d’apprentissage de la vie collective, le nouveau socle commun de 2025 ne s’affranchit pas des conceptions individualisantes du discours managérial appliqué à l’éducation."
Le texte complet ici