Filles "en sciences" : un petit guide pour ceux qui veulent agir pour plus d'égalité
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le dimanche 24 août 2025.
Plus de 80 % des femmes intéressées par des métiers techniques ont été confrontées, au cours de leur scolarité, à des préjugés sur le rapport des femmes aux matières scientifiques, rappelle l'Académie des sciences qui publie, chez NANE éditions "les femmes (et les filles) en sciences". L'auteure, Marina Bellot y donne, en une cinquantaine de pages joliment illustrées, des arguments "à toutes celles et ceux qui veulent agir pour l'égalité dans les sciences", alors que, malgré les progrès accomplis, les stéréotypes et des discriminations de genre persistent.
Et les exemples ne manquent pas. Combien de femmes ont été des pionnières, ont fait des découvertes essentielles avant d'être oubliées quand leurs collègues masculins ne se sont pas approprié leurs travaux ? Qui se souvient d'Ada Lovelace qui a conçu en 1815 le premier algorithme destiné à être exécuté par une machine, ou de Mary Anning dont les découvertes ont révolutionné la paléontologie ? Des prix ont été attribués à des hommes pour des travaux réalisés par des femmes, sur la fission nucléaire par Lise Meitner, sur la structure de l'ADN par Rosalind Franklin, sur la trisomie 21 par Marthe Gautier, sur les pulsars par Jocelyn Bell Burnell... Le petit ouvrage évoque aussi tous les freins mis aux carrières des femmes, certains sont des faits sociaux; "pour faire de la recherche fondamentale, il faut effectuer une mobilité d'un an (...). Si un homme n'hésite souvent pas à partir seul en laissant sa famille le temps de cette mobilité, il est beaucoup plus rare qu'une femme le fasse. Cela en dissuade sans doute certaines de se lancer dans la recherche en étant déjà mères", estime Marie Cardonnel, médecin qui a été "tiraillée" entre son rôle de mère et son travail. D'autres sont inconscients. Les jurys auraient tendance à favoriser "des candidatures masculines supposées plus légitimes, présentant des parcours plus linéaires".
Mais les lignes bougent, les pouvoirs publics ont mis en place des programmes "pour favoriser une plus grande place des femmes dans les sciences", aux niveaux national, européen, international. S'il reste "tant à faire", ce petit ouvrage donne pistes et ressources, notamment aux enseignant.e.s pour s'adresser à leurs élèves, mais aussi pour éviter certains travers : "Les filles sont félicitées pour leur application, leur sérieux, leur calme, en comparaison avec les garçons qui, eux, sont supposés être plus agités et ... plus créatifs. On entend souvent dire d'un garçon qu'il peut mieux faire, et d'une fille qu'elle est studieuse, sous-entendant qu'elle est au maximum de ses capacités."
"Les femmes (et les filles) en sciences", Nane éditions, 56 p., 10€