Les "bureaux des entreprises" ont trouvé leur place dans les LP, mais ils manquent de visibilité sur leurs tâches et leur avenir
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 11 juillet 2025.
Les RBDE, responsables de "bureaux des entreprises" ont "su trouver une place immédiate dans les établissements, et tous les acteurs ont exprimé leur souhait de maintenir et pérenniser ce dispositif", estime l'Inspection générale de l'Education nationale dans un rapport récemment publié, mais l'IGESR souligne que cela nécessite, pour l'Etat, "de dédier des moyens spécifiques".
L'inspection rappelle le contexte de la création des BDE, en janvier 2023, après que, depuis 2018, la TVP (la transformation de la voie professionnelle) "cherche à valoriser l’enseignement professionnel auprès des acteurs économiques locaux et des branches professionnelles par la recherche d’une meilleure adéquation entre formation et compétences métiers attendues" : les chefs d'établissement et les DDFPT (directrices et directeurs délégués aux formations professionnelles et technologiques) souhaitent bénéficier "d’un appui pour l’encadrement des périodes de formation en entreprises" et des stages des élèves.
Mais "le recrutement et l’arrivée des RBDE dans les lycées professionnels a été et demeure source d’inquiétudes légitimes pour certains acteurs de la relation École-Entreprise (...). Ces inquiétudes ont été renforcées par la mise en œuvre volontariste de ce dispositif, sans que les DDFPT, en charge de la coordination du BDE n’en soient toujours informés."
Autre point sensible signalé par les auteurs, la mobilisation de trois leviers pour le financement du dispositif, les quelque 410 ETP attribués aux académies, l'utilisation du Pacte enseignant, le recours "aux fonds académiques de mutualisation portés par les GIP FCIP" (des fonds nourris notamment par les activités des GRETA, ndlr), mais "la visibilité pluriannuelle est nulle", ce qui "explique la prudence à l’œuvre dans les académies" et "pour les personnels contractuels des contrats signés pour une durée d’un an seulement en général, sans engagement ferme d’un renouvellement (...). Il est enfin à noter qu’au gré des situations financières de chaque GIP FCIP, les grilles de rémunération des personnels recrutés sont différentes et pas toujours harmonisées (...) au sein d’une même région académique."
Ls agents recrutés sont pour deux tiers d’entre eux âgés de plus de 40 ans, à 75 % des femmes, 55 % sont issus du secteur privé. "Seuls 10 % d’entre eux exerçaient déjà une fonction proche de celle de responsable de BDE (France Travail, mission locale, GRETA, conseiller emploi dans une branche professionnelle)". Ils sont "massivement mobilisés (...) dans le développement de la relation École-Entreprise et l’organisation d’événements avec les partenaires professionnels". Mais "la part la plus importante des missions des responsables du bureau des entreprises se concentre sur l’organisation des temps de formation en milieu professionnel" et "près de 80 % d’entre eux déclarent consacrer un volume horaire notable, parfois plus de la moitié de leur temps de travail, au suivi administratif des PFMP, en particulier au suivi du versement de l’allocation de stage (...). Or, si les textes prévoient bien que le RBDE puisse constituer un appui pour les PFMP, il ne saurait s’agir de lui déléguer des tâches qui incombent prioritairement à d’autres acteurs, particulièrement les enseignants (...). Les enseignants rencontrés ont trop souvent tendance à considérer le responsable du bureau des entreprises comme un moyen d’alléger le temps consacré au suivi des PFMP de leurs élèves."
"En considérant que seulement 6 % des RBDE déclarent se sentir peu ou mal identifiés, on peut conclure que les RBDE sont des acteurs désormais reconnus et qui ont su trouver une place au sein des lycées professionnels (...). Cependant, les activités menées par le bureau des entreprises, bien qu’ayant un réel intérêt, ne s’insèrent pas dans une stratégie plus large pour travailler l’insertion professionnelle (...). Les services académiques, comme les chefs d’établissement d’ailleurs, se sont plutôt intéressés jusqu’à présent à l’obligation de moyens mais rarement à l’obligation de résultats. Cette démarche d’évaluation pourrait, à l’échelle académique, s’intégrer dans la démarche d’évaluation des établissements."
Le rapport ici