"Service civique": Génération Précaire dénonce des stages déguisés.
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 29 septembre 2010.
Le Service civique, vu comme une "bonne idée de principe", ne serait en pratique qu'"un stage déguisé", le jeune faisant un plein temps pour 400 euros/mois, estime Ophélie Latil, de Génération Précaire, interrogée par ToutEduc après que M-Ph Daubresse a dévoilé les nouvelles orientations du plan "Agir pour la jeunesse" (voir ici). "Le seul avantage est que le jeune commence à cotiser pour sa retraite, ce que ne permettent pas les stages". Aucune possibilité avec ce salaire de payer un logement et d'assurer le quotidien, selon Génération Précaire: "Les parents doivent être un soutien financier. Ainsi, tout en valorisant leur autonomisation, on maintient les jeunes dans une forme d'assistanat."
Pour ce qui est du décret interdisant les stages hors cursus, dont M-Ph Daubresse s'est réjoui lors de la conférence, Génération Précaire se dit "sceptique". "L'étudiant achève souvent son cursus par un stage intégré dans la formation, qui débouche rarement sur un emploi. Il se retrouve sur le marché de l'emploi, avec le spectre du 'trou' qui s'agrandit dans le CV. Parallèlement, la plupart des universités sont très coulantes sur les attributions de stages. Une inscription coûte 300 ou 400 euros et permet d'avoir une convention."
Ophélie Latil précise que sur un site comme l'APEC (le site pour l'emploi des cadres), 7000 offres sur les 20 000 recensées à la rentrée seraient explicitement des stages, débutant "au mois d'octobre ou immédiatement". "Un stage qui commence à la rentrée cible des étudiants n'ayant même pas suivi un semestre de cours. Peut-on dire que ce stage complète la formation?". L'INALCO ("langues-O") n'acccorderait aux étudiants des conventions de stage qu'à partir de janvier, selon Génération Précaire qui souhaiterait qu'une telle mesure "de limitation d'abus" soit étendue à toutes les universités.
Le ministère a annoncé le 28 septembre son intention de dépenser 2 à 4 millions d'euros supplémentaires par territoire, dans le cadre du Fonds d'expérimentation pour la jeunesse (FEJ) qui s'élève à 25 millions d'euros. Les collectivités territoriales et les partenaires privés devraient permettre de porter ce budget à 50 millions d'euros. Sur la rencontre des fonds publics et privés, Génération Précaire dénonce un certain "retour du paternalisme patronal".
"Parler aux entreprises d'éthique, de morale, n'a pas fonctionné, la seule arme reste la réglementation", estime le mouvement, qui appelle à la limitation des durées des stages, à la réduction à 10% des effectifs totaux des entreprises le nombre de stagiaires, et au développement d'une troisième voie (celle de l'alternance). Il précise avoir demandé, sans succès, à être reçu par M-PH Daubresse à l'occasion de la journée-bilan du "plan Agir pour la jeunesse".