Le rapport de la Cour des comptes "surprend" la SAS pass Culture
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 20 décembre 2024.
Mots clés : pass Culture, Dati, ministère de la Culture
La SAS pass Culture a répondu au premier bilan sur le pass Culture de la Cour des comptes dans un communiqué du 18 décembre. Ses observations avaient déjà été transmises à la Cour le 6 décembre. La société par actions simplifiées, chargée d'assurer le fonctionnement du pass Culture, y fait part de ses étonnements quant à certaines analyses et recommandations de la Cour, qu’elle estime incomplètes.
Dans son rapport, la Cour des comptes s’est montrée sévère à l’égard du dispositif qui doit être "consolidé et amélioré" et dont le budget, trop lourd pour l’Etat dans un contexte d’économies, devait être mieux maîtrisé (voir TE ici). Si la Cour reconnaît la "réussite quantitative", avec 4,2 millions de jeunes inscrits sur l’application depuis son lancement, elle pointe que les objectifs n’ont pas été atteints, notamment en termes de démocratisation culturelle et de diversification des pratiques des jeunes.
Un constat reconnu par la ministre démissionnaire de la Culture qui écrit dans sa réponse "partager l'observation de la Cour concernant le caractère insuffisamment universel du pass Culture et sa capacité limitée à lutter contre la reproduction sociale des pratiques culturelles". Répétant son attachement au dispositif, Rachida Dati dit prendre en compte les recommandations de la Cour pour poursuivre le développement du pass "dans un contexte budgétaire contraint".
La SAS pass Culture manifeste quant à elle ses désaccords. Si elle "accueille favorablement le rapport", elle "regrette l’absence d’une prise en compte exhaustive des impacts du dispositif", qui est pourtant "un véritable outil de lecture des pratiques culturelles (des jeunes), de leurs préférences et de leurs modes de socialisation". La critique émise par la Cour relative au renforcement des inégalités est difficilement recevable pour la SAS, étant donné que le pass Culture "contribue activement à la réduction des inégalités sociales et culturelles, avec un écart d’utilisation de seulement 10 points entre les jeunes issus de milieux peu diplômés et ceux issus de familles diplômées, là où l’accès aux études supérieures affiche un écart de 50 points".
Le rapport souligne le manque de diversification des pratiques, mettant en avant que les jeunes, en majorité issus de milieux favorisés, se dirigeaient vers des activités ou des biens culturels avec lesquels ils étaient déjà familiers. Un point aussi contredit par la SAS. "Selon deux études internes, la proportion de jeunes ayant découvert un nouveau lieu culturel grâce au pass Culture passe de 53 % à 66 % (+13 points) et celles de jeunes ayant fait une activité qu'il n'avait jamais faite avant le pass Culture augmente de 38 % à 53 % (+15 points)".
La préconisation de la Cour de réintégrer les équipes du pass Culture au sein des services du ministère "surprend la SAS" qui rappelle que la Cour elle-même, dans un rapport de juillet 2023, avait mis en avant "le rôle structurant de la SAS". "L’autonomie du pass Culture est un levier clé de son succès, écrit la société dans le communiqué. Cette capacité d’adaptation et cette indépendance sont (…) des conditions indispensables pour atteindre les ambitions actuelles du dispositif et anticiper les défis de demain."
La ministre démissionnaire de la Culture fait savoir que "(ses) services et ceux du ministère chargé du budget et des Comptes publics ont travaillé à préparer l'inscription de la SAS pass Culture sur la liste des opérateurs de l'État". Mais "l’'hypothèse d'une intégration dans les services du ministère de la Culture pose un certain nombre de questions qu'il est nécessaire d'instruire plus avant, en tenant compte de plusieurs paramètres", précise-t-elle.
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