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Reconversion dans l'enseignement : la recherche de stabilité est l'une des motivations (revue Éducation et formations, DEPP)

Paru dans Scolaire le jeudi 19 décembre 2024.
Mots clés : reconversions

Des deux leviers de recrutement d'enseignants, l'un, bien que plus faible en proportion, s'accroît tandis que celui "historique et majoritaire" constitué des candidats en sortie de formation initiale diminue. Depuis plusieurs années en effet, le vivier "constitué de personnes ayant déjà eu d’autres expériences professionnelles" est en développement. Mais qui sont ces néo-enseignants reconvertis ? Quelles ont été leurs professions, et quels impacts ce choix a sur leur parcours ? C’est à ces "parcours de reconversion professionnelle vers les métiers enseignants" que s’intéresse Pascaline Feuillet (Depp, Paris 1 Panthéon-Sorbonne) dans un article de la revue "Education et formations". Pour la première fois, une étude sur ce sujet s’appuie sur des données administratives, "ce qui libère des biais déclaratifs que peuvent contenir les enquêtes", précise l’auteure.

Si elles restent minoritaires, les "reconversions professionnelles" sont en hausse depuis des années : "80 % des lauréats du concours externe de 1994 étaient étudiants contre 60 % lors de la session 2020." Le premier et le second degré sont concernés par cette hausse des arrivées tardives, la tendance étant tout de même plus marquée pour le second degré que pour le premier degré (+ 4 points).

Pascaline Feuillet montre qu’une large part des entrées tardives, notamment dans le premier degré, est constituée de salariés en reconversion dont le profil varie en fonction du niveau d’enseignement. Ainsi, les cadres "représentent 19 % des nouveaux enseignants âgés de 30 à 49 ans dans le second degré contre 15 % pour les enseignants du premier degré". Cette situation peut s’expliquer "par les différences de rémunérations, la spécialisation, etc." Avant de rejoindre l'enseignement, la plupart de ces cadres reconvertis avait déjà eu un emploi dans la fonction publique (près de sept sur dix). Et "plus de quatre sur dix ont travaillé dans le domaine de l’enseignement et de la formation".

Le deuxième groupe de néo-enseignants est constitué de salariés qui ont par le passé surtout exercé une profession intermédiaire dans les domaines de la santé et de l’action sociale, culturelle et sportive ou de l’enseignement et de la formation. Quant au troisième groupe, il s'agit de personnes ayant eu un parcours d’employés, notamment dans les domaines de la gestion et l’administration des entreprises. Finalement, pour les trois groupes, les activités exercées restent proches du monde de l’enseignement.

Deux effets sont retenus par l'auteure pour mesurer les impacts de la reconversion : "l’effet sur la stabilité de l’emploi, de par l’acquisition du statut de fonctionnaire, et celui sur l’évolution des revenus, strictement encadrés par une grille salariale." La reconversion dans le second degré a ainsi offert à certains employés et une partie des cadres de trouver une stabilisation professionnelle. Avant d’entrer dans l’enseignement, "un employé sur sept reconverti dans le second degré a occupé six postes ou plus", et "plus d’un quart des cadres reconvertis dans le second degré n’avaient pas de contrat stable". L’orientation vers les métiers d’enseignants témoigne d'une attractivité encore forte pour le statut de fonctionnaire. Les cadres reconvertis dans le premier degré, en revanche, accusent la perte de salaire la plus importante. Au contraire, les salariés peuvent connaître une hausse de salaire, qui est plus fréquente pour ceux d'entre eux reconvertis dans le second degré que dans le premier degré.

Des limites à l’enquête sont pointées. D’abord celle concernant l’absence d’analyse des parcours de reconversions au prisme du sexe, bien que "la littérature montre que des différences existent. Il semblerait, par exemple, que les femmes seraient proportionnellement plus nombreuses que les hommes à voir leurs revenus augmenter en devenant enseignantes dans le secteur public." Autre limite : l’étude ne donne pas d’information sur la discipline d’enseignement dans le second degré. L’auteure ajoute : "Si les problématiques de rémunération font l’objet d’ajustements progressifs pour cette population, le bagage professionnel n’est pas valorisé par l’administration. Pourtant, adapter la formation initiale et la formation continue pourrait être un moyen de reconnaître les compétences de chacun, tout en apportant les connaissances spécifiques à l’exercice du métier, afin de faciliter l’intégration et le maintien de cette population dans l’éducation nationale."

Feuillet, P. (2024), Les parcours de reconversion professionnelle vers les métiers enseignants. Éducation & formations, 107, 91-119. DEPP, SIES. L'article ici.

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