Le Conseil d’évaluation de l’École détaille ses missions
Paru dans Scolaire le mercredi 04 décembre 2024.
Quel premier bilan tirer du travail mené par le Conseil d’évaluation de l’Ecole (CEE), quatre ans après sa fondation en 2020, dans le cadre de la loi "Pour une École de la confiance" ? Une conférence de presse, tenue par Daniel Auverlot, président du Conseil, et Christophe Kerrero, conseiller auprès du Conseil, ancien recteur de la région académique d'Ile-de-France, était donnée ce mercredi 4 décembre afin d’apporter des premiers éléments de réponse.
Mission du CEE
À l’origine du Conseil était "l’idée d’avoir une organisation indépendante qui examine l’organisation et les résultats du système scolaire", rappelle Daniel Auverlot. "Et de réinstallation de l’évaluation sans que ce soit anxiogène, dans une logique de bienveillance", ajoute Christophe Kerrero.
Pour rappel, le Conseil d’évaluation de l’École est composé de 14 membres, dont quatre élus (les sénateurs Marie-Pierre Monier (proche du PS) et Jean Hingray (UDI), et les députés Bertrand Sorre (Renaissance) et Ayda Hadizadeh (PS)) et "six personnes qualifiées", dont Madga Tomasini, la directrice de la DEPP, Anne Szymczak, cheffe de l'IGÉSR et Caroline Pascal, DGESCO.
La mission la plus connue du CEE est l’évaluation des établissements. "Ce n’est pas la somme des individus qui fait la qualité du collectif. C’est pareil pour la communauté éducative. Quand on réfléchit ensemble sur son fonctionnement et ses objectifs communs, cette communauté va mieux fonctionner au service des élèves", explique le président du CEE pour en justifier l’intérêt. "L’évaluation a pour objectif d’amener la communauté éducative à réfléchir à la pédagogie à mener, et l’évaluation n’est que l’entrée pour aller sur cette réflexion pédagogique", résume de son côté Christophe Kerrero.
Les actions menées
Concrètement, l’évaluation, qui vise à identifier des stratégies en partant des besoins des élèves, se fait autour de quatre domaines : l’apprentissage et le parcours des élèves, le climat scolaire, le fonctionnement scolaire et l’environnement institutionnel et partenarial de l’établissement. Elle repose d’abord sur "une auto-évaluation" menée par l’ensemble de la communauté éducative dans une approche collaborative. S’en suit une évaluation externe par des chefs d’établissement ou des inspecteurs (ils sont aujourd’hui 11 000). "Cela n’a rien à voir avec un contrôle, un audit ou une inspection, insiste Daniel Auverlot. Il s’agit de bonifier le travail d’auto-évaluation en améliorant et en approfondissant les pistes." Ce rapport enclenche ensuite le projet d’établissement qui s’appuie donc sur le diagnostic réalisé dans le cadre de l’évaluation. Le CEE ne joue ainsi qu’un rôle d’accompagnement et, s’il peut préconiser des mesures, il n’a pas de pouvoir décisionnaire.
Le document qui résulte de l’évaluation est interne à la communauté éducative et partagé aux instances d’autorité du secteur éducatif. Il peut être transmis aux membres du CA et/ou à l’ensemble des membres de l’équipe éducative, sans que la transmission à tout le corps éducatif de l’établissement soit une obligation. Il n’a pas vocation à être rendu public, afin d’éviter notamment les logiques de comparaison entre établissements, précise les membres du CEE présents ce jour.
En mai 2025, 90 % des établissements du second degré, public et privé sous contrat, auront été évalués, est-il indiqué lors de la conférence de presse. Les 10 % restants suivront l’évaluation à la rentrée 2026, le processus étant obligatoire. Dans le premier degré, environ 56 % des écoles auront été évalués d’ici la fin de l’année. Cet écart s’explique par un démarrage plus tardif dans les écoles, qui s’est vraiment fait en 2022.
D’autres missions sont menées par le CEE, telle que la publication d’études qualitatives sur l’écart de résultats en maths entre filles et garçons (les études ont pour l’instant montré que l’aspect géographique ne jouait pas de rôle ), ou bien sur les résultats des garçons qui sont moins bons que ceux des filles au DNB. Un travail sur l’évaluation des formations des enseignants est aussi mené. Deux suivis de cohortes, une pour les élèves de 6e et 5e, l’autre pour les jeunes de BAC -3 à BAC +3, sont également en train d’être mis en place.
Les principaux résultats des évaluations
De la première vague d’évaluations ressortent quelques tendances. L’une montre que "les professeurs sont confrontés à une hétérogénéité de leurs élèves et (qu’ils) demandent des formations pour y faire face", rapporte Daniel Auverlot. Un deuxième sujet concerne l’inclusion face à laquelle les enseignants peuvent être "démunis".
Les évaluations montrent aussi chez les élèves qui entrent au collège des difficultés de compréhension de textes longs, ainsi que des problèmes de fluence.
Les rapports d’évaluation ne révèlent pas de différence entre les établissements du public et ceux du privé sous contrat. La principale différence entre ces deux types d’établissements a trait à la continuité de l’école au collège, plus présente dans le privé, mais cette continuité n’est pas forcément un avantage. "S’il n’y a pas de réflexion de fond, il n’y a pas de différence notable", précise Daniel Auverlot, qui souligne l’importance du travail collectif au sein des équipes.
Les perspectives
Des efforts doivent encore être menés, reconnaît le président du CEE. "La culture des indicateurs n’est pas bien intégrée dans les établissements ni assez partagée par l’ensemble des membres de la communauté éducative", précise-t-il, avant de donner comme exemple de piste de réflexion à mener collectivement celle de la fluence, alors que "35 % des élèves à leur entrée au collège ont des problèmes de fluence".
Un autre travail concerne l’organisation des publications du CEE. "Nous sommes à la tête de 1000 rapports. Mais à l’origine, nous n’avons pas réfléchi au stockage", indique Daniel Auverlot. Une réflexion sur une application nationale d’hébergement et d’accès (pour la communauté éducative) des rapports est en cours, ainsi que "sur un outil IA, pour aller plus vite".
La deuxième vague commencera à la rentrée prochaine. Elle s’inscrira dans la "même philosophie" précise Daniel Auverlot. Mais des passages imposés seront demandés dans l’évaluation et concerneront les résultats des élèves et le climat scolaire. Durant trois jours, du 19 au 21 mai 2025, un bilan plus complet de l'action du CEE sera rendue publique.
© : ToutEduc, média indépendant, assure un suivi exigeant de l’actualité des acteurs de l’éducation. Ce travail d’information a un prix, celui de vos abonnements. Pour vous permettre d’y accéder sans transfert de dépêches (sauf établissement scolaire), nous vous proposons des formules à tarifs dégressifs.

