La culture scientifique contribue-t-elle à l'éducation à l'esprit critique ? (rencontres nationales de la Ligue d'enseignement)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 29 novembre 2024.
"La science n'est pas que de la science, c'est une éthique de la vérité." Stéphane Van Damme (historien, ENS Paris) intervenait hier 28 novembre dans le cadre des "rencontres nationales" de la Ligue de l'enseignement à Rennes. La table ronde avait pour thème "la culture scientifique pour éduquer à l'esprit critique" et il est vite apparu qu'il ne suffit pas de faire des mathématiques ou de la biologie pour développer cette éthique. Franck Ramus (membre du CSEN), ancien élève de l'Ecole polytechnique, n'a vraiment compris ce qu'était une démarche scientifique que plus tard, lorsqu'il s'est intéressé à la psychologie du développement. Anne Szymczak (inspectrice générale, agrégée de chimie) s'inquiète de la possibilité qu'ont les futurs enseignants d'accéder à cet esprit critique alors que leur formation est très courte... La question est d'autant plus vive, souligne Ange Ansour (Association française pour l'éducation par la recherche, AFPER et les Savanturiers) que 84 % des 11-17 ans ne sont pas exposés à la science en dehors de l'école, alors qu'en Allemagne et en Angleterre, presque tous les jeunes font ce type d'expérience.
Elle annonce d'ailleurs l'existence d'un référentiel pour la médiation scientifique et elle plaide pour des programmes d'immersion de jeunes, y compris de très jeunes élèves dans des campus universitaires. Franck Ramus indique que le Conseil scientifique de l'Education nationale prépare un nouveau référentiel des métiers de l'enseignement. Il estime que l'enseignement des sciences s'est amélioré, mais craint que "le gavage de connaissances" ne l'emporte sur la démarche scientifique. Anne Szymczak fait valoir que si l'on ne prenait en compte, pour PISA, que les élèves de 15 ans qui sont arrivés en seconde GT sans avoir redoublé, les jeunes Français seraient au même niveau que leurs homologues de Corée ou d'Estonie. Elle ajoute qu'une tendance positive est à l'oeuvre depuis les années 2015-2016, mais que les évaluations "Cedre" montrent que nos élèves ont des difficultés pour "raisonner", une épreuve d'ailleurs mieux réussie au collège qu'à l'école élémentaire. Stéphane Van Damme met toutefois en garde contre le risque d' "apprendre des compétences en perdant de vue l'objectif", qu'est l'acquisition de connaissances scientifiques.
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