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Éducation à la sexualité : Portier se désolidarise, les critiques affluent

Paru dans Scolaire le jeudi 28 novembre 2024.
Mots clés : EVARS, éducation à la sexualité, Portier, Genetet

"Ce programme en l’état n’est pas acceptable (et) doit être revu", a affirmé Alexandre Portier, lors des questions au gouvernement ce mercredi 27 novembre au Sénat. Alors que le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) doit être rendu public en début de semaine prochaine (TE avait publié des extraits du projet d’arrêté, voir ici) pour une mise en place à la rentrée scolaire 2025, le ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel a remis en cause la version du programme qui avait commencé à circuler.

Le ministre délégué a dit devant les sénateurs qu’il allait s’"engager personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles", rapporte le JDD. Alexandre Portier a plaidé pour un programme qui aide les enfants "à comprendre le monde qui les entoure". Le ministre a également indiqué qu’il était "hors de question de laisser faire tout et n'importe quoi" et que pour lui, "le militantisme n'a pas non plus sa place dans nos écoles". C’est en ce sens qu’il réclame "un encadrement très strict de tous les intervenants qui auront à porter ces sujets".

Suite à ces réactions d’hostilités, nos confrères du Monde rapportent que l'entourage d'Anne Genetet a indiqué que le terme d’ "identité de genre" ne "figurera pas" pas dans la version finale du programme, alors que le terme apparaissait dans la première version. Pourtant, "l’équipe de la ministre affirmait encore au Monde lundi que 'l’identité de genre fait partie des motifs de discriminations inscrits dans le code pénal'", rappelle un article du média.

Les propos du ministre délégué s’inscrivent dans un contexte de critiques virulentes de la part de collectifs de droite ou d’extrême-droite, tels que SOS-Education, le Syndicat de la famille (ex Manif pour tous) ou Parents vigilants (proche du mouvement Reconquête d’Eric Zemmour). Le Monde rapporte les propos de Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la famille, qui déplore "l’idéologie du genre" et "l’influence 'woke'" qui "transparaît" dans la version actuelle. Elle souhaite "une révision en profondeur" du projet "expurgé de tout contenu militant et sexualisant". Le même média fait savoir que "les très conservatrices associations familiales catholiques ont, elles, lancé une pétition, qui avait recueilli près de 1 800 signatures lundi 25 novembre, pour demander à la ministre de ne pas publier le programme car 'les parents sont invisibilisés', le genre 'omniprésent' et le consentement 'promu comme une nouvelle norme éthique'".

Le discours du ministre a fait naître une polémique, au sein même du gouvernement. Aurore Bergé, députée Ensemble pour la République, a écrit dans un poste X : "Un ministre ne devrait pas diffuser de fausses informations en agitant des peurs et des fantasmes pour espérer se faire connaître des Français. Il n'est nullement question de 'théorie du genre' dans l'éducation à la vie affective. Il est question de respect, d'égalité, d'intégrité du corps, de consentement, de prévention des violences sexuelles, de protection de nos enfants et de nos adolescents."

Du côté de la communauté éducative, les réactions ont été vives face aux hostilités de Portier et au changement soudain de position d’Anne Genetet. "Ce projet de programme va dans le bon sens et doit être appliqué rapidement", écrit sur la plateforme X le secrétaire national du SE-UNSA, Jérôme Fournier. "Le ministre cède aux marchands de peur et leurs contrevérités : la théorie du genre n’existe pas. C’est un épouvantail régulièrement agité par l’extrême droite", écrit aussi sur la plateforme Sophie Vénétitay, responsable du SNES-FSU pour qui il s’agit de "diffuser des paniques morales au mépris de l’éducation et la prévention".

Dans un communiqué, Sud éducation "interpelle la ministre qui ne doit pas reculer face aux attaques LGBTIphobes de l’extrême droite. Le ministère doit publier les programmes d’EVARS tels qu’ils ont été travaillés avec les organisations syndicales en conservant la notion d’identité de genre des programmes".

Pour le SE-UNSA Educaiton, "Alexandre Portier remet en cause (le programme) en défendant une idéologie prônée par les courants les plus traditionnalistes et réactionnaires du pays. Il s’affiche alors en opposition avec l’avis de sa ministre de tutelle". Le syndicat "demande à la ministre Genetet de poursuivre le processus d’étude de ce programme et de le publier rapidement dans l’intérêt des élèves".

Pour rappel, le programme d’éducation à la sexualité est obligatoire depuis 2001, à raison de trois séances annuelles tout au long de la scolarité. Mais il reste peu appliqué. "Moins de 15% des élèves en bénéficient, et 25% des établissements scolaires n’ont jamais mis en place ces cours", fait savoir le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans une publication de septembre 2024.

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