L'IA, un "ami" qui veut du bien aux élèves si on leur apprend à l'utiliser (APEL)
Paru dans Scolaire le mardi 26 novembre 2024.
Mots clés : APEL, IA, CSEN
"La demande des enseignants explose." L'APEL (les parents d'élèves des établissements privés sous contrat) organisait ce 26 novembre son petit-déjeuner annuel sur le thème de l'IA, "vrai ou faux ami" pour les élèves et les enseignants. Les ISFEC (les instituts de formation de l'enseignement catholique) en témoignent, les enseignants ne peuvent ignorer l'intelligence artificielle quand 90 % des élèves de seconde l'utilisent pour faire leurs devoirs et ils se précipitent sur les formations qui leur sont proposées.
Pour Quentin Vidal (OCDE), les politiques publiques ne peuvent pas non plus l'ignorer, mais les pays sont loin de s'en saisir aussi rapidement qu'elles évoluent. On en est à la 5ème version de ChatGPT, ces technologies n'ont pas été pensées pour l'enseignement et elles font "un peu peur". Mais la France s'en sort plutôt moins mal que d'autres, notamment du fait du P2IA (partenariat d'innovation et d'intelligence artificielle, un marché public lancé pour développer avec les EdTech des solutions basées sur l'intelligence artificielle, ndlr).
Mais que peut-on en attendre ? Alexei Grinbaum (CEA) le souligne, c'est son utilité qui amènera les enseignants à s'emparer d'une nouveauté. Séverine Erhel (Rennes 2, membre du Conseil scientifique de l'Education nationale) donne l'exemple d'un outil d'aide personnalisée à l'apprentissage du geste graphique, bénéfique pour les élèves bons ou moyens, pas pour ceux qui sont en difficulté. Mais il permet justement de repérer ceux qui ne peuvent se passer de l'aide de l'enseignant, et, les autres étant moins demandeurs, de dégager du temps pour ceux qui en ont le plus besoin. Le CSEN est d'ailleurs en train de redéfinir le référentiel de compétences des enseignants pour y intégrer ces nouvelles dimensions.
Et les élèves ? Ceux du lycée Bel-Orme (Bordeaux) qui expérimentent depuis la rentrée l'utilisation de l'IA prennent vite conscience qu'avoir la solution d'un problème ne leur dit pas comment, par quels chemins la machine est passée pour la trouver. Il leur faut donc adresser à la machiner un autre "prompt", une autre requête... Et cela fait évoluer le travail de leurs professeurs qui doivent leur apprendre à rédiger les bons prompts.
Et la triche ? Alexei Grinbaum est catégorique, aucun logiciel de détection de l''utilisation d'une IA générative n'est fiable et il met en garde contre les "faux positifs", les accusations non fondées de plagiat. Il faut attendre un an ou deux que des "watermarks" (un marquage invisible) viennent dénoncer des copiés-collés, sachant que ce qui vaut pour les images s'applique mal aux textes. Il faut surtout que les enseignants voient dans l'IA un stimulateur de la créativité de leurs élèves. Reste aussi à voir comment va s'appliquer à compter de l'été 2026 le règlement européen sur l'IA...
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