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Une aggravation de la pauvreté et des processus d'exclusions des enfants et adolescents (Rapport Unicef 2024)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le lundi 25 novembre 2024.

Laisser la parole aux premiers concernés pour comprendre les besoins des jeunes et faire respecter leurs droits. C’est la démarche adoptée par la Consultation nationale des 6-18 ans, organisée par l’Unicef et publiée tous les deux ans depuis 2013. Parue cette année le 19 novembre (veille de la Journée internationale des droits de l’enfant), la 6e édition, intitulée "Enfants et adolescents en souffrance", place au cœur de ses thématiques la pauvreté et l’exclusion sociale.

Au total, quelque 20 000 jeunes partout en France se sont confiés sur leur quotidien, entre octobre 2023 et mars 2024. Cette approche est un moyen de considérer l’enfant "comme un interlocuteur digne d’être entendu, à qui on donne le courage et les moyens de prendre la parole", selon Éric Delemar, Défenseur des enfants et adjoint à la Défenseure des droits.

L’analyse des entretiens "met en lumière le dangereux triptyque à l’œuvre dans le processus d’exclusion des enfants : privations, déficit de protection et rejet social", écrit dans l’avant-propos Adeline Hazan, présidente d’Unicef France. La Consultation fait état de résultats "plus que préoccupants" avec une part importante d’enfants qui témoignent de "privations dans divers domaines de leur vie (logement, vêtements, éducation, santé, loisirs…)". Par ailleurs, "ces privations s’articulent entre elles et, le plus souvent, se cumulent", souligne la présidente d’Unicef.

La Consultation a identifié trois dimensions de l’exclusion sociale des enfants et des adolescents. Ces trois dimensions, que sont les privations, le déficit de protection et le rejet social, s’entremêlent et nourrissent toutes chez l’enfant un sentiment d’exclusion. S’agissant spécifiquement des privations, la conscience qu’en ont les enfants (16,2% d'entre eux sont concernés) les conduisent à se sentir davantage isolés. Comme l’indique le rapport : "L’épreuve la plus douloureuse pour un enfant est d’avoir moins que les autres et d’être considéré par eux comme fondamentalement différent en raison de ce manque et de cet écart à la norme."

Ces privations matérielles sont très souvent corrélées à d’autres comme l’accès au soin (15% ne vont pas chez le dentiste), à la connaissance (25, 7% sont concernés), à une alimentation saine (plus d'un enfant sur 5 ne mange pas à sa faim), à des activités culturelles (66,7 % en sont privés) et sportives (44,4 % ne pratiquent pas de sport en dehors de l'école).

Une fois subies durant l'enfance, les privations peuvent avoir un effet déterminant sur le reste de la vie à l’âge adulte : "Il existe un risque que l’épreuve du rejet social dans l’enfance et l’adolescence se reproduise, voire s’amplifie, à l’âge adulte et conduise à des trajectoires durables de disqualification sociale." Certains profils sont plus susceptibles d’être concernés par ces privations : les enfants sans aucun parent, ceux vivant en famille monoparentale ou en quartier de la politique de la ville et ceux hébergés en dehors de leur foyer familial.

L’augmentation de la pauvreté dans l’ensemble de la population n’épargne pas les enfants, comme en témoignent des acteurs d’associations sur le terrain. "Étant donné que la situation de pauvreté s’aggrave dans le public qu’on accueille, la pauvreté s’intensifie pour les ménages dans lesquels il y a une présence d’enfants", partage Aurélie Mercier, chargée de projets au Secours catholique. La directrice du Samusocial de Paris, Vanessa Benoit, rapporte que "depuis les années 2000, le SAMU Social a remarqué une part croissante de familles sans domicile. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que plus de la moitié des personnes hébergées sont des enfants."

Pour lutter contre l’exclusion sociale que vivent les enfants et adolescents, l’Unicef France établit des recommandations. Parmi elles : mettre en place une gouvernance stable et interministérielle pour porter une stratégie pluriannuelle de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, avec un axe spécifique sur les enfants ; poursuivre les efforts pour l’accompagnement des familles monoparentales ; lutter activement contre le non-recours aux prestations sociales et familiales ; ou encore réaliser un état des lieux de la pauvreté multidimensionnelle des enfants vivant dans les territoires dits d’Outre-mer.

Le rapport ici.

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