"Prépa-apprentissage" : la difficulté d'aller vers les jeunes éloignés de l'Ecole et de l'emploi
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 22 novembre 2024.
Mots clés : Cereq, prépa-apprentissage, CFA,
Les "accompagnements prépa-apprentissage" vont se terminer "au plus tard le 31 décembre 2024". Ils devaient offrir un accompagnement personnalisé vers l'apprentissage, de quelques jours ou de plusieurs mois, à des jeunes parmi "les plus vulnérables". Il s'agissait de leur permettre d’acquérir les compétences de base nécessaires pour réussir la formation visée et l’intégration en entreprise. Quelque 144 projets avaient été lauréats de l'appel à projets lancé en 2018 et pour cinq ans. Cet appel ne sera pas renouvelé. Le CEREQ (Centre d'études et de recherches sur les qualifications) publie un "Bref" pour tirer les leçons de cette initiative. Ses résultats, mitigés, permettent d'analyser les difficultés auxquelles se heurtent les politiques dirigées vers les publics les plus éloignés de l'emploi.
Certaines de ces "prépas" étaient intégrées à un CFA, ce qui favorise des parcours, sur deux mois en général, sans rupture et offre au jeune "une première expérience rassurante dans les futurs locaux de formation". Le responsable d'un centre de formation d'apprentis explique : "Cela nous permet d’élargir ce que l’on fait déjà en allant chercher des jeunes moins diplômés, qui ne sont pas au courant de notre existence."
D'autres, plus "généralistes", portés notamment par des GRETA ou des réseaux consulaires, "s’effectuent sur des durées de parcours plus longues (de 3 mois à un an), parfois prolongées pour assurer le suivi du contrat d’apprentissage en entreprise". Ces prépas "se sont davantage placées dans une offre d’orientation et de découverte des métiers" et elles peuvent offrir des espaces favorables "à l’élaboration d’un projet ou à une prise de conscience, grâce à la combinaison de pédagogies individualisées et de mises en situation concrète". Mais il arrive que "les jeunes ne perçoivent pas d’effets du passage dans la prépa". En effet, "dans de nombreux cas, malgré ces effets de découverte de métiers, de possible remobilisation, de gain de confiance en soi, le jeune retourne dans un parcours d’insertion". Les indicateurs sont "contrastés". Pour des responsables de ces formations, il manquait une étape en amont, ou comme le dit un formateur, "un temps pour vraiment faire de l’éducation : se lever, faire son lit… passer par le sport pourquoi pas… le plus difficile a été de susciter leur intérêt, pas de sens, pas d’objectif…"
Autre difficulté, la concurrence avec d'autres dispositifs et l'absence de cohérence : "Sur certains territoires (notamment dans les grandes villes), plusieurs prépas pouvaient coexister (...). D’autres dispositifs publics, tels que la Garantie jeunes (...) portée par les Missions locales, visaient globalement les mêmes profils de jeunes, avec des conditions de rémunération plus favorables." Ni les services publics locaux de l'emploi, ni les Régions "qui mettent en œuvre également des dispositifs préparatoires n’ont été sollicités lors de l’instruction des projets ni dans le suivi de leur déploiement (...). L'Éducation nationale a été peu impliquée (...). Des interlocuteurs ont ainsi déploré le manque de relations avec les Missions de lutte contre le décrochage scolaire."
"Sur l’ensemble des jeunes qui ont quitté le dispositif (...), 43 % sont entrés en contrat d’apprentissage et 1 % en contrat de professionnalisation", mais ces résultats statistiques "doivent être lus avec prudence. Certains 'bons' résultats ne témoignent pas forcément d’une plus-value de la prépa (le jeune aurait trouvé un contrat d’apprentissage ou de travail sans cela) ; inversement de moins bons taux de sortie peuvent aller de pair avec des impacts qualitatifs sur le long terme (notamment sur des jeunes très en difficulté qui ont trouvé un projet ou se sont remobilisés)."
Le Bref ici
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