Des maires inquiets pour le maintien de leurs compétences éducatives (Congrès des maires)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le mercredi 20 novembre 2024.
Mots clés : Congrès des maires, fonds, activités périscolaires
Face aux restrictions économiques annoncées, des maires ont fait part de leurs inquiétudes à l’occasion du débat "Préserver l’école, faire réussir les enfants", qui s’est tenu au Congrès des maires ce mercredi 20 novembre. Dans le secteur de l’éducation, les élus présents ont évoqué des difficultés à venir, notamment en ce qui concerne le maintien des activités proposées aux enfants en dehors de l’école, dans un contexte de suppression du fonds de soutien au développement des activités périscolaires.
Ces activités relèvent en effet de la compétence éducative des communes et ce fonds de soutien est "indispensable" pour celles qui ont fait le choix de garder la semaine d'école à quatre jours et demi, a souligné Delphine Labails, maire de Périgueux et coprésidente de la commission Éducation de l’AMF (association des maires de France). À ce jour, quelque 600 000 élèves répartis dans plus de 1 300 communes suivent ce rythme hebdomadaire.
Alors que le projet de loi de finances pour 2024 prévoyait la disparition du dispositif, il a finalement été maintenu pour l’année 2023-2024. Mais ce prolongement arrive à terme. La ministre de l’Éducation nationale, présente lors des échanges pour répondre aux questions des maires, a été interpellée à ce sujet. Des élus ont manifesté leurs craintes face à la suppression de ce dispositif qui viendrait compromettre l’équilibre financier de leurs collectivités. À l’instar de Corine Sauvage, maire de Montamisé (Vienne), où les enfants peuvent être pris en charge le matin avant l’école, pendant la pause méridienne et en fin de journée. "Si on perd le fonds, nous ne savons pas comment les travaux menés pourront être poursuivis", a fait valoir la maire qui se demande s’ils ne seront pas contraints à faire des coupes.
"J’ai donné mon accord pour qu’il (le fonds, ndlr) soit poursuivi cette année. Mais cet accompagnement avait vocation à être temporaire, il n’est pas inscrit dans le temps", a répondu Anne Genetet. Les formes que pourrait prendre la suite de cet accompagnement n’ont pas été précisées, la ministre se contentant de répondre que les membres du gouvernement et les élus locaux devaient "se concerter" pour trouver une solution. Alors qu’il relève du choix des mairies d’opter, ou pas, pour la semaine de quatre jours et demi, l’adjoint au maire de Foix, Fabien Guichou, a demandé un "discours clair" de la part du gouvernement sur le nombre de jours passés à l’école, et "des moyens à la mesure de l’ambition".
Cette demande de stabilité en matière de politique éducative a aussi été formulée, de manière plus générale, par Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil (Eure). "On doit redonner une orientation politique à l’école. Il ne faut pas que les ministères se succèdent", a-t-il affirmé. Cette phrase a déclenché des applaudissements dans une salle comble. "On ne peut pas dire que l’école soit synonyme d’absentéisme ou de mauvaise formation. Il faut encenser les enseignants", a aussi dit le maire de Val-de-Reuil avant d'estimer que l’argument de la baisse démographique pour justifier des baisses de moyens est intenable. Au cours de la table-ronde, les élus ont fait savoir à plusieurs reprises qu’une continuité était nécessaire pour assurer une visibilité financière et mettre en œuvre leurs politiques. La succession de cinq ministres de l’Éducation nationale en deux ans était présentée comme une des principales causes à cette absence de cap clair.
Des mesures mises en place par les prédécesseurs de l’actuelle ministre ont toutefois été saluées. En premier lieu, le dédoublement des classes en CP et CE1 en REP. Mais qui n’est pas sans poser des problèmes pour la suite. "Quand les élèves passent de 15 à 25, c’est compliqué", et l’apprentissage s’en trouve dégradé, a pointé Gilles Leproust, maire d’Allonnes (Sarthes). Autre dispositif salué par le maire : les vacances apprenantes qui ont permis de doubler dans sa commune le nombre d’enfants qui partent en colonie. Il salue également le principe des cités éducatives qui, en mettant en lien différents acteurs du champ de l’éducation, "permettent de recenser suffisamment tôt des problèmes parfois dramatiques pour y trouver des réponses". Ce qui nécessite du personnel : "Pour cela, il faut suffisamment d’éducateurs, de professeurs, de psychologues, de médecins scolaires, etc. Et là, le compte n’y est pas."
En vue de garantir un climat scolaire propice au bien-être des élèves et de la communauté éducative, l’enjeu de la sécurisation des établissements a été introduit par Frédéric Leturque, maire d’Arras et co-président de la commission Éducation de l’AMF. "Nous demandons que les moyens mobilisés dans le cadre du FPIC (fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales, ndlr), dont l’enveloppe sert à renforcer la sécurité et la tranquillité publique, puissent continuer à être activé", a-t-il avancé. La ministre a souligné combien cet enjeu lui importait, redisant sa volonté de rétablir "l’ordre" et "le respect" dans les établissements. Sur les 1000 établissements devant être sécurisés (un chiffre établi à partir des remontées des recteurs), "600 sont déjà sécurisés, il en reste 400", a précisé Anne Genetet qui évoque aussi une carte scolaire construite sur trois ans.
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