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IA : l'urgence de former les personnels éducatifs et de développer l'esprit critique des jeunes (Educatech)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 14 novembre 2024.
Mots clés : IA, Educatech, formation

L’IA a occupé une place importante lors des échanges qui se sont tenus au salon Educatech. Et pour cause, le secteur de l’éducation est impacté, comme tous les pans de la société, par les évolutions technologiques, parmi lesquelles l’IA joue un rôle majeur.

"En septembre 2024, 200 millions de personnes avaient utilisé Chat GPT et plus de trois milliards l’ont utilisé au moins une fois dans le monde", avance Jean-François Lucas, directeur général du think tank Renaissance numérique, en ouverture d’une conférence qui portait sur la préparation des enseignants, des élèves et des étudiants à l’IA, hier 13 novembre. Les intervenants présents se sont accordés sur un point : la présence croissante de l’IA dans nos vies doit amener l’école à s’en emparer et à réfléchir aux manières de l’intégrer à son fonctionnement.

Face à l’utilisation de l'IA par les jeunes, la priorité est de leur apprendre à développer leur esprit critique, pointe Axel Jean (Direction du numérique pour l’éducation, ministère de l’Education nationale). Et pour ce faire, les adultes doivent en premier lieu être formés : "Il y a une urgence absolue à ce que les enseignants, les formateurs d’enseignants et les agents des ministères se forment." Pour lui, la particularité de cette "révolution" est qu’elle est très rapide et qu’elle "touche les cols blancs" qui doivent, eux aussi, intégrer cette nouvelle donne dans leurs manières de travailler.

La nécessité de former au numérique fait l’unanimité. De même que la vision d’un outil au service de l’enseignant qui reste maître de sa pédagogie. "La machine sert l’humain. L’humain ne doit absolument pas être au service de la machine", souligne Axel Jean. De son côté, Maragarida Romero (universités Côtes d’Azur et Laval au Canada) pointe l’enjeu de "comprendre la production de la connaissance", soit, par exemple, être en mesure de connaître le processus de génération d’une image.

Dès lors, l’enjeu est de réfléchir non pas à s’il faut ou non se passer de l’IA, mais aux manières dont elle est appréhendée et utilisée. "Il faut développer le point de vue critique des jeunes dans le monde informationnel numérique qui est le leur, estime Jean-François Lucas. Et développer aussi leurs compétences réflexives." Une formation d’autant plus importante que les fausses informations et les deepfake (création de faux contenus rendus crédibles par l’intelligence artificielle) se multiplient. Sur ce point, Jean-François Lucas fait part de ses préoccupations face à l’utilisation croissante de l’IA par les pédocriminels. Il cite le rapport récemment publié par la Fondation pour l’enfance qui montre que "l’IA générative, capable de créer des contenus toujours plus extrêmes et violents, soulève des inquiétudes quant à une possible augmentation des comportements addictifs chez les consommateurs (les pédocriminels, ndlr), augmentant ainsi le risque de passage à l’acte".

Pour Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique, l’outil technologique ne doit en aucun cas supplanter le rapport humain. "Partout où il y a un lien technologique, il faut redoubler de lien social." C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Café IA a été lancé. Ce dispositif vise à regrouper des acteurs différents afin de comprendre l’IA et les technologies numériques en vue de définir la manière dont nous les insérons dans notre quotidien. Aujourd’hui, le dispositif a touché 835 départements et métropoles, l’objectif est qu’il essaime partout sur le territoire national. "Il faut en parler collectivement, même sans savoir", insiste Jean Cattan. Une part d’humilité aussi soulignée par Axel Jean : "Il faut accepter d’agir sans que l’on sache tout." Une posture à laquelle il invite aussi les enseignants qui pourraient renforcer leurs compétences aux côtés de leurs apprenants. "En Finlande, les ‘supers agents’ sont des élèves très à l’aise avec l’IA qui soutiennent les professeurs dans leur enseignement de l’IA", donne-t-il en exemple.

C’est de la part d’un enseignant dans la salle que la problématique des inégalités est abordée. "Il ne faut pas oublier que l’IA risque de mettre en plus grande difficulté des élèves déjà en difficulté", là où les bons élèves sauront en tirer avantage, souligne-t-il. "Le pire est possible, le meilleur aussi, répond Axel Jean. Il y a une bonne utilisation de l’IA. Elle peut par exemple adapter à la volée des contenus pédagogiques pour des élèves aux besoins particuliers (déficient intellectuel ou en situation de handicap)." De son côté, Jean-François Lucas reconnaît que si l’IA constitue une aide, elle représente aussi un "gros risque de décrochage et de renforcement des inégalités". Jean Cattan abonde : "Le numérique va compliquer la vie des non-diplômés et des personnes précaires, et faciliter la vie des diplômés et des privilégiés. Donc si on ne touche pas au cadre général dans lequel s’inscrit la technologie, on aura une fracture béante."

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