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Pour lutter contre le harcèlement scolaire : privilégier l'approche globale (IFÉ)

Paru dans Scolaire le jeudi 07 novembre 2024.
Mots clés : harcèlement, politique publique, phare

Le harcèlement scolaire est aujourd’hui un problème social majeur, dont s’emparent désormais les pouvoirs publics. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dans l’Édubref du mois d’octobre 2024, "Harcèlement en milieu scolaire : construction d’un problème public", Marie Lauricella (IFÉ-ENS) propose une analyse de l’évolution de la prise en compte du harcèlement, du début de la conceptualisation du phénomène à la mise en place des dispositifs actuels de prévention et de lutte.

D’après des études de 2024, 5% des écolier.ères du CE2 au CM2 sont victimes de harcèlement et 19% vivent des situations préoccupantes. Au collège, 6% des élèves sont concerné.es par le harcèlement ou une situation préoccupante, au lycée, le taux est de 4%.

Le harcèlement scolaire : une notion récente en France

Alors que le terme "school bullying" fut très vite diffusé dans les pays anglo-saxons après sa formulation, son équivalent français, "harcèlement scolaire", n’apparaît qu’à la fin des années 1990. Mais ce n’est qu’encore plus tard qu’il est utilisé pour désigner des violences subies par des jeunes. "L’évolution sémantique passe progressivement du terme 'incivilité' (années 1990) à celui de 'micro-violences' (années 2000), pour parvenir au terme actuel de 'harcèlement scolaire' (années 2010). Cette évolution reflète un changement dans la perception et la prise en charge des interactions violentes au sein des établissements scolaires, soulignant l’importance de comprendre ces comportements dans un cadre social et institutionnel plus large", écrit Vilhem en 2024 dont les propos sont rapportés par l’auteure.

Une prise en charge par les pouvoirs publics au tournant des années 2010

La traduction française du terme anglais a permis aux chercheurs français de s’approprier le concept et de poser des définitions. Ainsi, au début des années 2000, Eric Debardieux (sciences de l’éducation) définit le "harcèlement entre pairs" comme "une ‘oppression conformiste’ qui rejette celles et ceux qui ne correspondent pas à une norme (orientation sexuelle minoritaire, situation de handicap, surpoids ou obésité, neurodiversité...)". Avec l’arrivée des nouvelles technologies apparaît le cyberharcèlement qui se juxtapose au harcèlement en face à face, comme le montre la majorité des études.

Une fois le concept proprement défini, la mesure du phénomène est rendue possible et, au tournant des années 2010, une politique publique de prévention et de lutte a commencé à se construire. En 2011, sous le ministère de Luc Chatel et sous l’égide d'E. Debardieux, le rapport "Refuser l’oppression quotidienne : la prévention du harcèlement à l’École" est publié et marque la prise en compte du phénomène par les pouvoirs publics. Depuis, les enquêtes se sont multipliées et montrent une évolution des comportements. "La somme des données collectées au niveau national et international depuis les années 1990 donne à voir une tendance globale à une diminution du harcèlement", écrit Marie Lauricella. Cette baisse pourrait être due à la médiatisation du phénomène, à la prise de conscience de ses conséquences et au développement du cyberharcèlement, comme le suggère le chercheur Galand.

Une approche globale pour lutter contre le harcèlement

L’approche du harcèlement qui s’intéresse aux individus, telle que développée par les travaux d’Olweus, conduit à une "externalisation du problème" et une absence de remise en question du rôle de l’Ecole. Cette approche a été complétée dans les années 2000 en France par des visions plus globales qui prévalent aujourd’hui. À la suite des travaux de la pédopsychiatre Nicole Catheline, sont mises en avant les "dynamiques de groupe délétères – d’enfants comme d’adultes – et des contextes propices à cette violence en milieu scolaire". E. Debardieux, lui, "pointe les défaillances de l’École" et propose d’impliquer les personnels de l’institution scolaire dans la recherche de solutions.

Ces approches plus récentes conduisent à agir sur le groupe et donnent donc de l’importance au rôle des témoins. C’est ainsi que, "dans la prévention et la lutte contre ce phénomène, des mesures agissant directement sur le rôle des témoins et le climat scolaire des établissements sont désormais privilégiées". Dans le sillage des travaux de N. Catheline et d'E. Debardieux, des chercheur.es "pointent également la nécessité de combiner plusieurs composantes pour soutenir l’efficacité des actions de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire", tels que les programmes sur le temps long, la surveillance des adultes dans les lieux collectifs, les activités collectives pour modifier les dynamiques de groupe, la formation des élèves et des personnels pour identifier une situation de harcèlement, etc. Le dispositif nationale pHARe, obligatoire dans les collèges depuis 2022 et expérimenté dans les lycées depuis 2023, a d’ailleurs été construit dans cette optique.

"Harcèlement en milieu scolaire : construction d’un problème public", Marie Lauricella (2024), Edubref 23, octobre. ENS de Lyon. Article ici.

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