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Journée de lutte contre le harcèlement scolaire : "un des combats de notre siècle" pour la ministre de l’Éducation nationale

Paru dans Scolaire le jeudi 07 novembre 2024.

Ce 7 novembre est la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. À cette occasion, un événement était organisé au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne à Paris en présence de la ministre de l’Éducation nationale et de jeunes invités à témoigner de leur expérience.

"C’est un des combats de notre siècle : celui contre le harcèlement", a affirmé Anne Genetet qui a érigé cette cause en priorité, s’inscrivant ainsi dans le sillage de son prédécesseur Gabriel Attal. "En France, presque deux élèves par classe sont victimes chaque année de harcèlement, soit un million. C’est un million de trop, a poursuivi la ministre. Chaque enfant doit être écouté, respecté, protégé."

En 2022, étaient posées "les fondations, avec le programme pHARe", a rappelé Anne Genetet qui compte poursuivre les efforts entrepris par l’Éducation nationale pour "éradiquer la violence du harcèlement". Le premier remède est la "libération de la parole". C’est en ce sens qu’est répétée l’expérience de l’année dernière consistant en la distribution d’un questionnaire à des élèves afin de mesurer l’ampleur du harcèlement scolaire. "Dès aujourd’hui et jusqu’au 7 novembre prochain, nous allons renouveler cet exercice dans tous nos établissements sur le territoire national et à l’étranger.e Et de préciser que "ce questionnaire sera reconduit tous les ans".

S’agissant des mesures visant à lutter contre ce "fléau", Anne Genetet a ajouté que "des sanctions plus justes seront prises, dès l’école primaire, envers l’élève harceleur qui devra quitter l’établissement", "des moyens seront décuplés pour le 3018" (numéro unique pour les jeunes victimes de harcèlement et de violences numériques, ndlr) et les conseils de discipline seront saisis plus rapidement. Affirmant que la lutte contre le harcèlement est un "combat de société", la ministre compte mobiliser l’ensemble de la communauté éducative pour "repérer, accompagner et traiter" chaque jeune concerné.

Dans le cadre de cet événement, le clip de campagne 2024 intitulé "Ton problème, c’est mon problème" a été dévoilé. Inspiré de la vidéo d’élèves du collège Émile Guillaumin de Moulins, primée par le jury des professionnels de la communication du prix "Non au harcèlement", ce clip met en scène trois situations différentes de harcèlement où une tierce personne (parent, prof, camarade) intervient pour proposer une aide.

Des jeunes, qui ont été harcelés durant le parcours scolaire, sont montés sur scène pour partager leur parcours. L’occasion de faire passer des messages forts. À l’instar de Nathan, âgé de 20 ans, qui a subi des insultes à caractère homophobe et antisémite au collège. Il y a deux ans et demi, il a fondé l’association "Résiste" qui vise à sensibiliser les jeunes à cette problématique. "Je veux montrer qu’on peut s’en sortir, dit-il. Aujourd’hui j’ai une vie." Il insiste sur le besoin de laisser place à l’écoute. "Tout le monde savait à l’époque, mais personne n’est intervenu. Il faut améliorer l’écoute et l’accueil de la parole." Point auquel acquiesce Sylvain qui insiste sur le deuxième aspect. "Il faut parler, certes. Mais c’est important d’être à l’écoute", dit celui qui a été harcelé par le passé en raison de son poids. Le jeune adulte fait en effet comprendre qu’il s’il n’y a aucun effet suite à son témoignage, une perte de confiance s’opère entre le jeune et les autres.

"Il n’y a pas besoin d'une grande révolution, mais d’écoute, de bienveillance et de présence", résume Sylvain. Sans jamais pour autant forcer la personne à parler, pointe Nathan. "Il faut attendre que la personne soit prête, dit-il. Il faut être patient. Le processus peut être très long. Moi ça m’a pris 6 ans. Il y a pleins de coups de mou et ce n’est parce que l’on retombe que la bataille est perdue."

Cette patience a été soulignée également par Justine Atlan, psychologue. "Pour les jeunes, c’est dur de parler. Il faut du temps pour prendre conscience qu’ils sont en situation de harcèlement. Au début ce sont des gestes anodins, et c’est parce qu’ils s’accumulent que cela devient compliqué." D’où la difficulté pour les proches de la victime à repérer un mal être. "Les adultes voient un geste ou un mot sans voir le continuum", explique la psychologue qui insiste sur la nécessité d’ouvrir un espace d’écoute avant même de trouver des solutions. "Le principe du harcèlement est d’isoler une personne et de faire croire que quelque chose ne va pas chez elle. C’est l’intolérance de la différence. Le harcèlement provoque chez la victime un sentiment d’impuissance, donc il faut du temps pour accepter."

Cette parole, si elle ne se libère pas du jour au lendemain, doit être reçue, a insisté la ministre qui ne veut plus que le harcèlement soit "un tabou". Cette préoccupation est relativement récente, puisque "le numéro 3018 a été créé il y a vingt ans, lorsque l’État a décidé de s’en occuper", rappelle Justine Atlan, présidente d’e-Enfance, l’association qui gère le 3018. D’ailleurs, Elian, victime de violences de la part de ses camarades pendant son adolescence, se remémore que lorsqu’il était au collège, le terme 'harcèlement' était réservé à des actes très graves conduisant même à la "prison", ce qui le concernait pas. "Pour moi, ce que je subissais, c’était juste de la méchanceté." Valentin, aujourd’hui âgé de 25 ans, confirme : "Au collège, le mot harcèlement n’était pas connu."

Thierry Rousseau, principal du collège dont la vidéo a été primée, insiste quant à lui sur l’action à mener au niveau de la prévention et de la formation. "Il faut former les personnels encadrants, mais aussi les élèves. Quand on est soi-même victime, on n’arrive pas à s’identifier comme telle. Si les témoins sont formés, l’alerte pourra plus facilement être lancée. Cela relève de la responsabilité civique et citoyenne."

Dans le cadre de cet événement, une rencontre entre un ancien harcelé et un ancien harceleur a été organisée par le média Le Crayon, et le rappeur Jyeuhair est venu témoigner de l’importance de l’art qui permet l’identification. Il a conclu la matinée en chantant deux de ses morceaux dont le sujet porte sur le harcèlement.

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