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A.Genetet et A.Portier tracent leurs perspectives devant les députés (Commission des affaires culturelles et de l'éducation)

Paru dans Scolaire le jeudi 31 octobre 2024.
Mots clés : Genetet, Portier, audition, PLF 2025

La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, et le ministre délégué en charge de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel, Alexandre Portier, étaient auditionnés ce 30 octobre par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée pour l’examen des crédits de la mission "Enseignement scolaire" du budget pour 2025 qui sera redébattu dans l’hémicycle à partir du 5 novembre.

LA PRIORITÉ : ÉLEVER LE NIVEAU

La priorité de la ministre "se résume en un seul mot" : "élever". Elle a ensuite précisé : "élever le niveau scolaire de nos élèves, le niveau d’ambition de toute notre jeunesse, le niveau de notre exigence", en matière de respect des valeurs de la République, des professeurs et de la laïcité.

"Je veux le dire clairement et avec force, dans certains collèges et lycée, élever le niveau passe aussi par rétablir l’ordre", a affirmé Anne Genetet, qui a réiétéré à plusieurs reprises son soutien aux personnels dont l'enseignement est attaqué.

"Les faits de violence depuis cette rentrée démontrent qu’il faut aller bien plus loin", a-t-elle poursuivi. La ministre prévoit d'ailleurs de prendre "des mesures en la matière qui s’intégreront à l’acte 2 du Choc des savoirs."

C'est en ce sens que la ministre a insisté sur le respect de la laïcité. Elle souhaite d’ailleurs "renforcer la formation à la laïcité", notamment la formation qui suit l’embauche de tous les personnels contractuels, les assistants d’éducation et les personnes qui accompagnent les élèves.

EN ATTENTE DES DÉBATS PARLEMENTAIRES SUR LA SUPPRESSION DES POSTES D’ENSEIGNANTS

Pour justifier l’une des mesures les plus controversées, celle de la suppression des 4000 postes d’enseignants, Anne Genetet a avancé l’argument du gouvernement : "La baisse démographique du nombre d’élèves de près de 100 000 élèves à la rentrée prochaine aurait conduit mécaniquement à retirer 5000 postes d’enseignants".

Revenant sur l’amendement voté hier par la commission des finances qui vise à annuler la suppression des postes (voir TE ici), Anne Genetet a dit qu’il fallait attendre de "voir comment les débats parlementaires se terminent". Les amendements devront en effet être revotés dans l’hémicycle pour être adoptés avant le vote final du budget.

Quant à la mise en œuvre des suppressions des postes, si elles devaient advenir, "ce n’est pas une décision centralisée, ça se fera avec les élus locaux, école par école, collège par collège, lycée par lycée", a cherché à rassurer Anne Genetet.

"Je suis ouverte à des évolutions pendant les débats parlementaires, notamment d’une part pour tenir compte de l’impact de fermeture de classes en zone rurale, et d’autre part, pour poursuivre le Choc des savoirs engagé au collège", a-t-elle indiqué aux parlementaires. En revanche, la ministre se dit "parfaitement opposée" à la gratuité à l’école (cantine, manuels, transports, etc.), mesure portée par un amendement voté hier également en commission des finances.

L’ACTE 2 DU CHOC DES SAVOIRS

La poursuite de la réforme du Choc des savoirs est une des mesures fortes voulue par la ministre. "Dans les prochains jours", "l’acte 2 du Choc des savoirs" sera présenté, "c’est-à-dire les décisions mises en place avec la communauté éducative pour la rentrée 2025", a précisé la ministre qui consultera avant "les professeurs, leurs représentants syndicaux, les chefs d’établissements et tous ceux qui aiment l’école".

Ainsi, dès la rentrée de vacances d’automne, Anne Genetet rendra ses "arbitrages pour étendre aux classes de 4e et 3e la dynamique engagée en 6e et 5". Elle annoncera "aussi des décisions pour renforcer l’apprentissage des savoirs fondamentaux, du primaire au lycée, pour également donner plus d’autonomie aux chefs d’établissements et offrir un accompagnement sur mesure à chaque élève".

Les devoirs faits, qui touchent "90% des élèves de 6e" et "la moitié des collégiens" et pour lesquels "140 millions d’euros" ont été déployés", feront "partie intégrante de l’acte 2 du choc des savoirs".

LE PACTE ENSEIGNANT

"Supprimer le Pacte reviendrait à priver les élèves de millions d’heures dont ils ont tant besoin et priver nos professeurs de la reconnaissance financière que nous leur devons", a assuré la ministre. Le Pacte, "ce sont deux millions d’heures supplémentaires de remplacement", "c’est 8 millions d’heures pour la réussite des élèves", "c’est aussi en moyenne 2500 euros de rémunération supplémentaire sur l’année pour ceux qui s’y engagent, soit un professeur sur 3".

L’objectif se poursuit donc, avec "98 millions d’euros de plus alloués à cette rentrée pour le remplacement de 4 millions d’heures d’absence sur l’année scolaire actuelle".

HANDICAP

En ce qui concerne l’école inclusive, dont la prise en charge des enfants en situation de handicap fait partie, "4,6 milliards d’euros y seront consacrés en 2025", a avancé Alexandre Portier. Concrètement, ce sont "2 000 emplois d’AESH en plus, soit 3 175 agents dans nos établissements", avec "500 emplois supplémentaires spécifiquement dédiés à l’enseignement pour les enfants en situation handicap", à travers les dispositifs ULIS ou ceux dédiés aux TND (troubles du neurodéveloppement). Aujourd’hui, il existe "613 dispositifs TDN", a indiqué le ministre délégué.

"Le fonds dédié à l’achat de matériels pédagogiques adaptés sera reconduit et doté d’une enveloppe de 25M d’euros", a dit Alexandre Portier, précisant ensuite que tout n’est pas qu’une question de quantitatif et qu’ "il faut renforcer les perspectives de carrière des AESH, simplifier les procédures administratives qui pèsent sur ls familles, accélérer les coopérations avec le médico-social et développer la formation des enseignants".

Alors que l’anniversaire des 20 ans de la loi de 2005 approche, Alexandre Portier dit vouloir "ouvrir un nouveau chapitre de la prise en charge du handicap à l’école" dont un des enjeux est "l’approfondissement de notre réflexion pédagogique", qui ne se limite pas au quantitatif.

VOIE PROFESSIONNELLE

Concernant la voie professionnelle, "qui scolarise un lycéen sur trois", il s’agit, pour le ministre délégué, d’en faire "une voie d’excellence en la plaçant au cœur et non à la périphérie de notre système scolaire", alors même que celui-ci "ne valorise pas encore assez les filières techniques et professionnelles alors même qu’elles seront la clé de voûte du redressement de notre pays."

Après avoir précisé que la voie professionnelle était "la seule qui gagne des élèves", avec + 17 000 élèves cette année, Alexandre Portier a annoncé que "100 millions euros de plus" étaient consacrés à la rémunération des enseignants, dans un contexte où, en 2024, "380 classes" ont été ouvertes et "580 postes" ont été créés.

Par ailleurs, "370 millions euros seront consacrés aux gratifications des PFMP (périodes de formation en milieu professionnel)", "les dispositifs tous droits ouverts, ambition emploi et parcours de consolidation se poursuivront en 2025 afin de lutter contre le décrochage et favoriser l'insertion professionnelle". La modernisation de l’offre des formations professionnelles sera également poursuivie.

DÉCROCHAGE SCOLAIRE

En 2023, près de 62 000 élèves étaient en situation de décrochage, a avancé Alexandre Portier. Contre le "fléau national", qu’est le décrochage scolaire, les "progrès réalisés ces dernières années à travers les actions des missions de lutte contre le décrochage scolaire" seront maintenus. Ainsi, "le PLF renforce les crédits alloués à cette priorité en augmentation de deux millions d’euros par rapport à 2024".

RECRUTEMENT ET FORMATION INITIALE

La ministre a reconnu le manque d’attractivité du métier d’enseignant, qui s’explique par "la rémunération mais aussi le climat scolaire". "Une des raisons pour lesquelles nous avons du mal à recruter est sûrement le niveau auquel se place le recrutement, soit à la fin d’un programme de masterisation", a dit la ministre, justifiant ainsi la réforme de la formation initiale qu’elle juge "pertinente".

Celle-ci permettrait "de placer un concours en fin de 3e année de licence pour entrer après dans un statut d’élève fonctionnaire", et serait ainsi plus accessible à des étudiants pour qui un parcours de 5 ans d’études est trop long et trop onéreux.

Autre enjeu pour renforcer l'attractivité de la profession : les affectations. "60% des enseignants ne sont pas d’accord avec l’affectation proposée", a reconnu la ministre qui annonce qu’"un énorme chantier" allait être ouvert. Mais cela "va prendre du temps" et des réponses ne seront pas apportées avant la rentrée 2026.

REP ET RURALITÉ

Concernant le seuil du nombre d’élèves en REP, que l’inspection générale a recommandé de passer de 12 à 17, la ministre est claire : "ma réponse, c’est non."

En vue de "défendre l’égalité des chances dans nos ruralités", les TER (terroirs éducatifs ruraux) verront "leur budget augmenter de 1 million d’euros en 2025", a précisé Alexandre Portier. "Ces moyens supplémentaires permettront de poursuivre le déploiement du dispositif avec un objectif de 300 territoires engagés à terme."

S’agissant des internats d’excellence ruraux, "l’État intervient pour soutenir les collectivités à hauteur de 40 millions d'euros afin d’ouvrir et de rénover 4600 places supplémentaires à l’horizon 2026 qui s’ajoutent aux 4500 déjà créées", a-t-il ajouté.

L'audition complète sur le site de l'Assemblée nationale ici.

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