Les inégalités scolaires ont un coût économique (The Conversation)
Paru dans Scolaire le jeudi 24 octobre 2024.
Mots clés : Inégalités scolaires ; PISA ; impact économique
Les inégalités scolaires ont un impact sur l’activité économique, en plus d’être un problème d’ordre éthique. C’est ce que montre un papier de Nadir Altinok (Université de Lorraine) et Claude Diebolt (CNRS, Université de Strasbourg) paru dans The Conversation le 22 octobre. S’appuyant sur les évaluations internationales consacrées aux acquis des élèves (comme l’enquête PISA ou l’étude TIMSS), les chercheurs rappellent que la France est le pays de l’OCDE où les inégalités scolaires sont les plus fortes, couplées à un système éducatif relativement faible. De plus, ces inégalités s’accentuent avec le temps.
Forts de ce constat, les chercheurs ont mesuré le coût économique de ces inégalités pour l'Hexagone. "Si, dès 1970, une politique de discrimination positive avait comblé l’écart entre les deux groupes aux deux extrêmes de l’échelle socio-économique, nous aurions augmenté le PIB de 295 milliards d’euros en 2020. Ceci représente un gain de 0,5 % du taux de croissance de l’économie française", écrivent-ils. Pour expliquer leur propos, les auteurs prennent l'exemple de la poursuite d'étude de deux élèves entrés en même temps en CP et issus de familles au niveau socioéconomique opposé. "Si, du fait des inégalités, les résultats scolaires des élèves ne sont pas le reflet de leurs réelles capacités et de leurs efforts, alors l’économie perdra fatalement des ressources futures."
Ainsi en France, "le haut niveau des inégalités éducatives a, depuis 1970, engendré une sorte de 'pause économique' d’environ 18 mois, alors que d’autres pays continuaient à produire".
Concernant le positionnement des pays développés, l’étude met en évidence une donnée de prime abord contre-intuitive. Alors que les pays anglo-saxons sont réputés pour leurs fortes inégalités, ils parviennent à allier une qualité des systèmes éducatifs élevée avec un degré d’inégalités faible. Le Japon et la Finlande font aussi figure de bons élèves. L’Allemagne et la Belgique, comme la France, souffrent quant à eux d’un "double déficit", avec de fortes inégalités couplées à un système éducatif faible.
Pour les auteurs, la lutte contre les inégalités scolaires doit figurer parmi les priorités nationales. En plus de répondre au principe d’égalité, "elle permettrait de surcroît de générer une croissance économique plus solide et par là même de contribuer à prévenir, si ce n’est à résorber, les problèmes liés à la dette publique". Bien que l’heure soit aux coupes budgétaires, ils en appellent à investir dans l’éducation.
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