Au Festival des Francas, les jeunes ont pris la parole ! (FIDEC)
Paru dans Périscolaire le jeudi 24 octobre 2024.
Mots clés : Francas
"C’est bien ce festival parce qu’on en apprend sur nos droits", lance pleine d’entrain Clarice. Cette élève de 1ère est venue d’Isère avec un groupe de jeunes et leurs accompagnateurs au Festival international des droits des enfants et de la citoyenneté (FIDEC). Organisée par le mouvement d’éducation populaire des Francas, cette 2e édition a lieu du 21 au 24 octobre au 104, un lieu culturel du 19e arrondissement de Paris. Pendant quatre jours, environ 600 enfants et adolescents, âgés de 8 ans à 18 ans de toute la France et d’Europe, se réunissent pour échanger sur leurs droits et leur citoyenneté, et présenter les projets menés au cours de l’année.
"On rencontre de nouvelles personnes, il y a de la mixité", ajoute Clarice d’une voix enjouée. En cette matinée du 22 octobre, la lycéenne est assise à une table avec d’autres participants pour suivre l’atelier "apprenti astronaute". Dans le grand hall du 104, des dizaines d’ateliers sont animés dans des stands, installés pour l’occasion et formant ainsi un "centre de loisirs géant". Les activités éducatives et ludiques y sont variées : on y trouve un "technolab", "la station OG" pour sensibiliser aux questions environnementales, ou encore un atelier sur "la place du monde" durant lequel les jeunes (re)apprennent les symboles de pays européens et ce qui fait leur unité. En plus de ces animations, des discussions entre jeunes et experts sur des thématiques sociétales dans un collège non loin du centre culturel sont au programme. Ainsi qu’un espace d’information et d’expression sur les droits des enfants et des visites culturelles dans la capitale.
À travers cet évènement, l’expression et l’engagement des jeunes sont mis en lumière. "Depuis leur création, les Francas se sont toujours préoccupés des droits des enfants, de citoyenneté, de participation, de solidarité et de paix dans un monde ouvert qui respecte l’environnement", explique Estelle Havard, vice-présidente du mouvement. Autant de thématiques abordées lors du FIDEC. Estelle Havard souligne : "Les enfants sont acteurs de leurs loisirs et nous, nous créons les conditions pour qu’ils puissent co-construire leurs loisirs. Les droits s’expriment et se vivent !"
Le mardi, lors du "Forum des projets", des groupes sont venus présenter à tour de rôle les projets menés dans leur territoire. Les quelque cinquante initiatives partagées portaient aussi bien sur la protection des droits des enfants que sur les projets écologiques, culturels, scientifiques ou de solidarité. Parmi eux, celui de Noé et Lucas. Ces deux dernières années, les deux collégiens de 11 ans ont porté une cause environnementale, pendant qu’ils étaient élus au conseil municipal des jeunes (CMJ) de Saint Hilaire de Riez. "Les dunes de Riez ne sont pas respectées et sont polluées, explique Noé. Nous avons sensibilisé sur leur protection, par des affiches, des sondages, des enregistrements." Un podcast a même été réalisé puis diffusé dans leur ville.
D’autres projets ont une incidence concrète sur le quotidien des jeunes, à l’instar de celui conduit par le comité des jeunes de l’Observatoire nationale de la protection de l’enfance (ONPE). "L’objectif, c’est d’expliquer ce qui ne nous convient pas dans nos droits", explique Clarice, elle-même membre du comité, qui est composé de jeunes placés ou anciennement placés. "On a créé des vidéos dans lesquelles on explique le rôle d’un référent, poursuit-elle. On a aussi fait de grandes pancartes qui définissent ses qualités dans une situation précise." Ces pancartes ont ensuite été présentées aux élus du conseil départemental d’Isère qui ont annoncé tenir compte des attentes des jeunes dans l’évolution des modalités d’accueil, en révisant par exemple les fiches de poste des référents qui accompagnent les jeunes placés. "Ils ont besoin de référents qui soient au plus près d’eux dans leur réalité quotidienne", précise la coordinatrice du comité.
À la sortie d’un échange qu’il a animé, Eric Delemar, défenseur des enfants, avance : "L’esprit de la Convention internationale des droits de l’enfant reconnaît l’enfant comme un sujet, non comme un objet. Ce qui signifie prendre en compte sa parole, alors même que beaucoup d’enfants subissent des "violences éducatives ordinaires", tel que parler d’eux à la 3e personne en leur présence, pointe le défenseur des droits pour qui le lieu d’expression offert par le FIDEC est "extraordinaire". "Cela rend les enfants acteurs de leur parole et leur donne un pouvoir d’agir par la compréhension."
Un changement s’observe entre la 1ère édition en 2019 et celle-ci, note Estelle Havard. "La première se concentrait beaucoup sur les droits de participation, tandis que la deuxième met en avant les droits de protection". Pour la vice-présidente, "c’est symptomatique de l’état de la société" et d'un climat anxiogène. Après la densité des trois jours, une soirée de clôture est prévue ce jeudi. "La conclusion se fera à partir de ce qui s’est vécu durant le festival, explique la vice-présidente. Le but est d'enrichir les perspectives des Francas, en intégrant les paroles des jeunes."
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