PLF 2025 : les mesures prévues contre le harcèlement et pour la santé mentale
Paru dans Scolaire le lundi 14 octobre 2024.
Mots clés : Vie de l'élève ; PLF 2025 ; harcèlement ; santé mentale
Le deuxième objectif du programme 230 "Vie de l’élève", document annexe au PLF 2025, est de "promouvoir la santé des élèves et contribuer à améliorer leur qualité de vie". Le premier étant de "faire respecter l’école, améliorer le climat scolaire et favoriser l’apprentissage de la responsabilité et de la citoyenneté". En vue de répondre au second, des mesures sont poursuivies et/ou renforcées, notamment pour lutter contre le harcèlement et agir pour la santé mentale des jeunes.
Le budget total de la mission relative à la "Vie de l’élève" est prévu à 8,2Md€, soit une hausse de 54M€ par rapport à la LFI 2024. Pour l’action "Vie scolaire et éducation à la responsabilité", le budget serait de 3Md€, accusant une baisse de 100M€. Le budget de l’action "Santé scolaire" augmenterait de 121M€ pour atteindre 732M€.
Un des axes mis en avant est donc la lutte contre le harcèlement scolaire. Dans les établissements des premier et second degré publics, en 2023, 5,1% des élèves étaient considérés comme harcelés, d’après la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Les profils les plus concernés étaient les collégiennes (6,8%). Ceux les moins ciblés étaient les lycéens garçons (3,4%).
Parmi les indicateurs retenus par les établissements dans leur autoévaluation figurent ceux relatifs à la qualité de vie scolaire et du bien-être de l’élève, avec pour but notamment de mesurer l’efficacité de la mise en œuvre de leur plan de prévention et de lutte contre le harcèlement.
Le programme pHARe sera renforcé dans les écoles, collèges et lycées. Ce plan de prévention contre le harcèlement, mis en place en 2021, est accompagné d’une "large diffusion du 3018, numéro unique d’alerte ; d’une formation de l’ensemble des personnels d’ici 2027 ; d’une ouverture d’une plateforme à destination des parents avec sensibilisation des parents élus ; de la pérennisation du questionnaire mis à disposition de l’ensemble des élèves du CE2 à la classe de terminal lors de la journée nationale de lutte contre le harcèlement".
Autre levier d’action : développer les compétences psychosociales. Pour cela, former les personnels, et généraliser les séances d’empathie, lancées par Gabriel Attal alors ministre de l’Éducation nationale, dans les écoles maternelles et élémentaires. Expérimentées dans 1200 écoles en 2023-2024, leur généralisation a pris du retard, en partie due aux remaniements ministériels, ellle reste prévue pour cette année scolaire.
Comme le montre l’étude Mentalo menée par des chercheurs de l’INSERM et de l’ECEVE, la santé mentale des jeunes s’aggrave : un tiers des 11-24 ans "présentent un risque de détresse modérée à sévère, tandis que 1/7 d’entre eux risquent de développer une détresse sévère". Les filles sont plus concernées et la situation empire avec l’âge. "Les principales préoccupations des jeunes incluent la pression scolaire, l'incertitude face à leur avenir, les inégalités sociales, ainsi que leurs relations avec les pairs", rapporte l’étude.
Face à ce constat, l’exécutif entend prendre des mesures, inscrites dans le programme "Vie de l'élève", avec le déploiement de la démarche globale "École promotrice de santé". Lancée en 2018, elle vise à fédérer les acteurs et à coordonner les actions visant à améliorer le bien-être de l’élève. Dans ce cadre, deux personnels éducatifs par collège, dont le CPE, sont formés au secourisme en santé mentale, "pour repérer les signes de mal-être chez les élèves et alerter les personnels médico-sociaux et les psychologues". "En juin 2024, 2 500 personnels avaient été formés", précise le document annexé au PLF. Cette mesure est complétée par deux autres, toutes déployées à la rentrée 2023 : "rédaction d’un protocole 'du repérage à la prise en charge' dans tous les établissements scolaires et affichage du numéro 31 14 (prévention suicide) dans les carnets de correspondance, en l’associant au 119 (enfance en danger) et au 3018 (numéro de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement)."
"Le nouveau programme d’enseignement moral et civique de l’école et du collège, enrichi de l’éducation aux médias et à l’information, inclut la connaissance des droits et devoirs dans l’espace numérique et les risques liés aux usages des réseaux sociaux." Les réseaux sociaux peuvent en effet exacerber le mal-être des jeunes. D’après l’étude Mentalo, "le risque de détresse est 2,5 fois plus élevé lorsque le temps passé sur les écrans dépasse 5 heures par jour".