PLF 2025 : "saignée", "sabordage", "folie" : premières réactions très dures des syndicats de l'éducation
Paru dans Scolaire le vendredi 11 octobre 2024.
Mots clés : PLF 2025 ; syndicats ; budget éducation nationale ; FCPE
Le PLF 2025 a été présenté au conseil des ministres le 10 octobre. Face à l’annonce du budget de l’Éducation nationale (voir TE ici), plusieurs organisations syndicales ont violemment réagi.
Le SNUIPP "dénonce vivement les suppressions massives de postes d’enseignants" et parle de "sabordage de l’école publique". Le syndicat FSU du 1er degré pointe que sur les 2200 suppressions de postes réparties sur l’ensemble des ministères, 90% concernent l’Éducation nationale. Alors que les rapports de l’OCDE montrent que les pays qui investissent le plus dans l’école primaire réussissent le mieux à réduire les inégalités, "c’est le premier degré qui paie le plus lourd tribut avec 3 155 postes supprimés", écrit le FSU-SNUipp.
De son côté, la CGT’Educaction s’indigne face une situation qui sacrifie l’école "sur l’autel de l’austérité". Avec ce nouveau budget, le gouvernement "refuse d’écouter le bilan alarmant sur les conditions de rentrée", méprise les personnels qui "affrontent déjà des conditions de travail désastreuses, subissent un décrochage salarial historique et une perte de sens de leur métier", ainsi que "les élèves et les familles qui sont confronté·es au quotidien au manque de personnels et aux heures de cours perdues". Le syndicat alerte : "sans augmentation de salaires, ce budget confirme que l’amélioration de l’attractivité du métier n’est qu’un slogan."
La critique est aussi vive au sein du SE. Le syndicat UNSA des enseignants pointe l’hypocrisie de Michel Barnier lorsqu’il a dit qu’il ferait de l’école une priorité alors que "les mesures d’économie du budget 2025 confirment une relégation de l’École encore plus loin dans la liste des priorités du gouvernement et de ses soutiens à l’Assemblée". Outre la suppression de postes, "le verrouillage des enveloppes impactées en dit long sur le dialogue social mort-né quant aux choix de financement à effectuer".
"Nous sommes au-delà du catastrophisme", écrit le SNALC, face à une "priorité" annoncée par le Premier ministre transformée en "saignée monstrueuse". La création de 2000 postes d’AESH ne saurait camoufler le manque criant de moyens : "Rappelons que, d’après les chiffres du ministère lui-même, on a créé moins de 6000 emplois d’AESH en 2024 pour… 45 000 élèves en situation de handicap supplémentaires. La dégradation continue du fonctionnement de l’École inclusive, source de souffrance pour les personnels comme pour les élèves, se poursuit donc." Enfin, "face à ce crachat jeté au visage de notre Ecole et de ses personnels, le SNALC demande à la ministre de prendre ses responsabilités au sein du gouvernement."
Sud Education s'indigne : "Barnier met l'école publique à genoux !". Le syndicat rappelle qu'alors qu' "il manquait au moins un·e enseignant·e dans la moitié des collèges et lycées et 1500 postes n'étaient pas pourvus à l’issue du concours 2024 de professeur·es des écoles", "le Premier ministre Michel Barnier présente un budget d’austérité où le service public d’éducation paie la facture de sa politique libérale". L'argument de la baisse démographique ne justifie pas les suppressions : "La baisse du nombre d’élèves aurait dû permettre de redonner de l’air à l’école en baissant le nombre d’élèves par classe, en reconstruisant les dispositifs d’aide aux élèves, en assurant les remplacements, en permettant aux personnels de se former… ". Sud Education dénonce une politique qui profite à l'enseignement privé, au détriment des "classes populaires" et annonce préparer "dès aujourd’hui une mobilisation massive pour défendre un vrai service public d’éducation pour tou·tes !".
Pour la FCPE, la suppression des postes est "une folie". "Le gouvernement propose à la représentation nationale un budget prévoyant 4000 suppressions de postes sur l’argument éculé de la baisse démographique alors qu’elle est en réalité une opportunité pour mieux faire école", écrit la fédération de parents d'élèves qui rejette cette "approche comptable". Alors que les maux s'amplifient ("enseignants absents non remplacés, effectifs de classes surchargés, climat scolaire dégradé, renforcement des inégalités sociales et territoriales..."), la FCPE appelle "toute la société à se mobiliser pour obtenir une convention citoyenne" dans le but d'engager "un profond débat démocratique".