Auto-évaluation des établissements et développement professionnel des personnels intimement liés (CEE)
Paru dans Scolaire le jeudi 03 octobre 2024.
Mots clés : CEE, Auto-évaluation, Romuald Normand, EAFC
"Il faut du temps pour transformer les pratiques professionnelles" des personnels des établissements scolaires. C'est l'essentiel du message passé ce 3 octobre au cours d'un "webinaire" organisé par le CEE (Conseil d'évaluation de l'école) sur le thème "Leadership, développement professionnel et démarche d'évaluation". Romuald Normand (U. de Strasbourg, Ecole normale de Pekin) estime que la formation traditionnelle, descendante, est "inadaptée" et il insiste sur l'intérêt d'un "pilotage centré sur les pratiques collaboratives".
Pour le chercheur, l'auto-évaluation des établissements est "une démarche exploratoire" qui doit être "itérative"; son efficacité suppose "un dialogue constructif" avec l'évaluation externe, mais aussi un "engagement collectif" impliquant l'ensemble de la communauté éducative, y compris les élèves et les parents. Il évoque aussi l'importance du "leadership", une notion dont la définition reste "relativement informelle", qui correspond à la dimension humaine des relations hiérarchiques, et qui se traduit par un gain de 12 à 20 % dans la réussite des élèves. Il se fonde pour l'affirmer sur la littérature scientifique, notamment écossaise, néo-zélandaise et finlandaise. L'organisation scolaire, y compris l'organisation des emplois du temps, au lieu d'être compartimentée et rigide doit être souple, avec des groupes d'apprentissage flexibles et des moments interdisciplinaires.
Elle doit aussi permettre d'organiser des échanges entre pairs, de mutualiser des ressources et de solliciter des experts. L'EAFC (Ecole académique de formation continue) de Versailles a d'ailleurs lancé l'année dernière une expérimentation dans une dizaine d'établissements. Le projet met l'accent sur la formation entre pairs et sera développé sur plusieurs années, pour laisser aux projets le temps de "la maturation". Il repose sur la confiance faite aux équipes, ce qui peut aller à l'encontre de la culture de l'encadrement qui est dans la prescription et le contrôle. Un "référent formation", extérieur à l'établissement, joue le rôle "d'ami critique", et il contribue à "faire émerger les questions", là encore un processus qui suppose de s'inscrire dans le temps long, et qui prend tout son sens quand est lié à l'auto-évaluation et au développement professionnel le développement personnel, c'est à dire quand les personnels concernés y prennent plaisir.