Passation de pouvoir à l'Education nationale : "Le navire ne changera pas de cap"
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 23 septembre 2024.
Mots clés : Passation
Caroline Drucker-Godard, rectrice de l'académie de Limoges (après avoir été professeure de sciences de gestion) devrait diriger le cabinet d'Anne Genetet et David Hélard (responsable du pôle "voie professionnelle et apprentissage" à l'inspection générale), le cabinet d'Alexandre Portier, selon des informations recueillies par ToutEduc en marge de la cérémonie de passation de pouvoir, ce 23 septembre.
Nicole Belloubet, qui quitte manifestement à regret le ministère, estime que 7 mois, quatre en fait, ne lui ont pas suffi pour "commencer à apaiser" l'Education nationale prise dans "un tourbillon de réformes". Pourtant, l'Ecole doit évoluer, mais "sans oukases ni slogans". Elle s'inquiète d'ailleurs du manque de confiance d'une partie des familles qui "désertent l'école publique" et préfèrent un "entre soi protecteur". Elle appelle ses deux successeurs à poursuivre le travail engagé, ce qui suppose de disposer de "quelques moyens", elle souhaite d'ailleurs voir "sanctuariser le budget" de l'Education nationale en dépit de la baisse démographique. Elle propose à ses successeurs plusieurs priorités, réfléchir aux temps de l'enfant et à la complémentarité des apprentissages; répondre à la diversité des besoins des élèves et soutenir le collège; travailler sur l'attractivité des métiers de l'enseignement, sur leur formation initiale et continue, sur la protection dont ils doivent bénéficier et sur leur "capacité d'initiative" qu'il faut "libérer".
Alexandre Portier, en charge de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel, se définit comme "un produit de la méritocratie républicaine". Fils d'artisan, il fait l'éloge de "l'intelligence de la main". Il estime que "nous sortons de réformes importantes" et que la question est à présent de les "appliquer correctement", de façon à "retrouver le calme, la stabilité" : "l'heure est à la consolidation", à l'amélioration de la carte des formations, au renforcement des liens avec les entreprises, alors que "les résultats ne sont pas à la hauteur" de ce qui est attendu.
Anne Genetet l'affirme, "le navire ne changera pas de cap". Et comme Nicole Belloubet, la nouvelle ministre de l'Education nationale estime que la politique éducative a besoin de temps long "pour continuer ce qui marche", elle fait d'ailleurs de l'attractivité, de l'inclusion et de l'élévation du niveau ses priorités. Elle insiste sur la double finalité de l'école, la réussite scolaire et la formation de "citoyens accomplis".
Pour elle, l'Ecole doit "préserver nos élèves des turpitudes du monde" et constituer un espace de sérénité, de stabilité, mais aussi un lieu où la solitude de l'élève qui ne trouve pas sa place, des enseignants, des chefs d'établissement doit "se transformer en confiance, en enthousiasme, en bonheur". Elle insiste sur l'importance de la santé physique et psychique des élèves et donc du rôle de la santé scolaire et de l'ensemble des personnels, médecins, infirmiers, sociaux, psychologues, AESH, qui y participent. Elle indique à ToutEduc qu'elle est médecin généraliste, qu'elle n'avais pas eu envie de s'installer en libérale et que, bien que n'étant pas pédiatre, elle avait été agréée par la PMI des Hauts-de-Seine, c'est à ce titre qu'elle a été amenée à faire les bilans de santé d'enfants scolarisés à 3 ans, l'occasion pour elle de constater les maltraitances dont certains sont victimes et des déficiences, sensorielles notamment. C'est de cette expérience que vient sa sensibilité à la solitude de certains enfants et des personnels.