Les spécificités de l'Ecole inclusive, en France et en Europe (Cour des comptes)
Paru dans Scolaire le vendredi 20 septembre 2024.
La Cour des comptes, qui a publié cette semaine son rapport sur l'école inclusive a également publié deux cahiers, l'un de comparaisons internationales, le second consacré aux politiques départementales. En voici des traits saillants.
En Allemagne, chacun des seize Länder a sa politique, la Bavière et le Bade-Wurtemberg "font reposer leur stratégie de prise en charge des élèves en situation de handicap encore davantage sur les écoles spécialisées que sur les écoles inclusives" mais dans l'ensemble du pays, depuis 2009 et la ratification de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, la part d'ESH fréquentant des établissements spécialisés "a fortement diminué", et les parents des enfants en situation de handicap ou non, en sont, à 73 %, satisfaits.
En Hongrie cohabitent des institutions où la pédagogie est spécialisée et des écoles où les enfants à besoins éducatifs spéciaux "reçoivent quasi systématiquement un enseignement intégré".
L'Italie a été le premier pays à fermer, en 1977, ses établissements spécialisés. La loi distingue les élèves handicapés (moins de 60 %) et les élèves ayant un handicap grave (42 %). Le système "se caractérise par la création du métier d'enseignant de soutien", cet enseignant est affecté à la classe et non pas à l'élève, on compte en moyenne un de ces enseignants pour 1,4 élève en situation de handicap et moins d'un sur quatre "a suivi une formation sur l'inclusivité". Normalement dans chaque école est mis en place un GLI, groupe de travail pour l'inclusion, mais il se réunit peu et son efficacité est contestée.
Au Portugal, depuis 2018, la loi implique "une approche globale de l'école" et "seuls 1 % des élèves (sont) inscrits dans des établissements d'enseignement spécialisés". A noter que dans chaque école, "une équipe multidisciplinaire a pour mission de soutenir l'éducation inclusive", et que les parents en font partie.
En Angleterre, le "Children and Families Act" fait depuis 2014 de la scolarisation des ESH en milieu ordinaire "un principe de droit". Des "ajustements raisonnables" sont mis en place après un travail en "co-production" avec "le monde de la santé et des soins". Les élèves concernés sont suivis par coordinateur et peuvent bénéficier d'un assistant pédagogique...
Le système éducatif suédois est décentralisé et les décisions sont prises "au sein des 290 communes". "Deux types d'accompagnement existent." Dans le premier cas, une aide est fournie, y compris l'accompagnement par un enseignant spécialisé "un certain temps", dans le second, pour les élèves présentant des déficiences intellectuelles sévères, sont prévues des "classes d'éducation spécialisées"
Le département des Hauts-de-Seine "se caractérise par un fort sous équipement" du secteur médico-social et 2 254 enfants n'ont pu bénéficier l'an dernier "d'une solution d'accompagnement médico-social". Autre difficulté, le recrutement d'AESH alors que le taux de chômage est inférieur à la moyenne nationale.
La Lozère au contraire "bénéficie d'un taux d'équipement d'établissements médico-sociaux" élevé et aucun enfant n'était, l'an dernier, en attente d'une place. En revanche le manque de places en SESSAD est important, le délai de traitement des demandes par la MDPH est de plus de cinq mois, s'y ajoutent les temps de trajet, et leur coût, dans ce territoire rural et le manque de formation des personnels.
Dans le Maine-et-Loire, le réseau du dispositif dans le premier degré et au collège "est bien développé depuis maintenant plusieurs années", mais "un effet de rupture est toujours visible au passage au lycée".
Avec 23 400 élèves en situation de handicap, le Nord "fait face à un défi de premier ordre en termes de mobilisation des moyens et des équipes" mais en aussi en termes d'outils statistiques pour anticiper les besoins. La MDPH "manque d'outils communs formalisés avec l'Education nationale concernant le suivi des décisions".
Le Rhône "a la particularité de disposer de nombreuses ULIS, d'un EREA dédié à la déficience visuelle et d'une cité scolaire où sont scolarisés des élèves ayant eu, du fait de la maladie ou du handicap, une rupture du parcours scolaire. Mais le délai de traitement des dossiers MDPH est de plus de 6 mois et l'avis des professionnels du secteur médico-social prévaudrait sur celui des personnels de l'Education nationale.
Le site de la Cour des comptes ici