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Enseignement catholique : un secrétaire général combattif

Paru dans Scolaire le jeudi 19 septembre 2024.

"Qui compterait sur moi pour que je me taise sera déçu", prévient Philippe Delorme. Le secrétaire général de l'enseignement catholique est apparu extrêmement combattif à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse de rentrée ce 19 septembre, qu'il s'agisse de la définition et de la défense du "caractère propre" des établissements privés sous contrat, ou du rôle qu'ils jouent dans la société.

Il réagit aux propos de "certains" pour qui l'enseignement catholique prospérerait "sur le dos des manquements de l'enseignement public", mais il se refuse à porter sur le public "un regard dépréciatif", pour d'autres, les Français seraient en train d'opérer "un choix de société" en faveur du privé. P. Delorme ne veut rien en croire. L'attractivité de l'enseignement catholique tient, estime-t-il, au caractère propre des établissements, et il évoque à ce sujet des familles musulmanes qui sont satisfaites de ce que leurs enfants bénéficient d'une éducation portée par un projet chrétien.

Il en veut pour preuve que dans un contexte démographique "nettement décroissant", la baisse des effectifs est limitée (-2 602 élèves au total,- 3 584 élèves dans le premier degré, + 150 dans le second degré, + 832 dans l'enseignement agricole). La baisse est marquée dans les académies de Lille, Rennes, Guadeloupe (supérieure à -1 %) tandis que l'académie de Corse connaît une progression de + 3,2 %, que Montpellier, la Guyane et la Réunion connaissent des hausses supérieures à 1%, que Mayotte frôle les 34 % (avec 80 élèves en plus dans le 1er degré). Certains départements ruraux, Orne, Lot, Cantal, voient en revanche leur réseau, "déjà morcelé", fragilisé.

L'enseignement catholique n'est pas privilégié pour autant, il subit "les retraits de postes d'enseignement dans les mêmes proportions que l'enseignement public", et si certains lycées sont mieux dotés que ceux du public, c'est qu'ils sont petits et davantage consommateurs de moyens. Quant à l'investissement des régions dans les lycées privés, il représente 5,5 % de leur investissement total dans les lycées. "Nous ne sommes pas privilégiés quand les élèves de nos établissements doivent payer plein pot la restauration scolaire (...). Nous ne sommes pas privilégiés quand les transports scolaires s'organisent au mépris total de l'implantation de nos établissements (...). Et que dire du fait que nous soyons désormais exclus du dispositifs des internats d'excellence ? que plusieurs rectorats freinent les ouvertures d'ULIS dans nos établissements, que les plans prévisionnels d'ouverture des formations se discutent sans nous, dans certaines régions ?"

Philippe Delorme affirme que l'enseignement catholique a pris "à bras le corps" la question de la mixité sociale et qu'il a progressé dans la mise en oeuvre de chacun des engagements pris dans la convention signée avec Pap Ndiaye. Il note déjà que 44 % des collèges ont un IPS (indice de positionnement social) moyen très proche de celui des établissements publics voisins, que 16 % ont même un IPS largement inférieur à celui de leurs homologues du public, mais que 12 % sont "très au-dessus", ceux "sur lesquels il faut travailler".

La base de données, Items, sera mise en ligne au mois de janvier. Pour le doublement du nombre d'élèves boursiers, il ne peut pas se faire immédiatement et "il est conditionné aux aides sociales publiques dont pourront bénéficier les familles", sujet sur lequel le SGEC "a initié un dialogue constructif avec les associations d'élus, en particulier l'AMF", mais rien n'a été engagé avec l'Etat. En attendant, tous les établissements sont "invités" à mettre en place "un tarif de contribution spécifique pour les familles d'élèves boursiers". De même "l'examen par les rectorats des implantations d'établissements favorisant la mixité sociale est au point mort". Quant à l'instance de dialogue académique prévue par le protocole, elle est en place dans trois académies, dans six autres, elles sont "programmées" et dans une, le recteur (rectrice) en refuse la création.

D'autres sujets ont été abordés, comme la vaccination contre les infections à papillomavirus humains, à laquelle le secrétaire général ne s'oppose évidemment pas, mais à la condition que l'établissement dispose d'espaces dédiés, notamment pour surveiller les élèves pendant un quart d'heure après l'injection, et à la condition que le personnel de l'établissement ne soit pas sollicité pour cette surveillance, donc éventuellement tenu pour responsable en cas d'accident.

L'inspection des établissements a fait l'objet de plusieurs questions. Le SGEC la croit "indispensable" et il reconnaît en creux que les contrôles ont été bien peu nombreux ces dernières années, mais l'enseignement catholique fait l'objet en cette rentrée de "nombreuses attentions" qui ont "réveillé le besoin de contrôles", un dizaine de la part de la DGFIP (les finances publiques, ndlr) et trois d'inspecteurs de l'Education nationale sur des questions davantage pédagogiques. Mais, au moins en ce qui concerne le volet financier, elles ne sont pas "toujours bien ajustées", les inspecteurs connaissant très mal les textes réglementaires relatifs à la gestion du privé. Deux "vademecum" sont en cours d'écriture pour donner une référence commune à toutes les inspections, et le SGEC regrette de ne pas être associé à ce travail de conception.

L'affaire du lycée de Pau est l'occasion pour le secrétaire général de définir le caractère propre des établissements catholiques. Il dénonce des attaques qu'il juge infondées, absurdes. "Va-t-on aussi nous demander de retirer les crucifix qui sont dans nos salles de classe ?" Pour lui, ces polémiques occupent tout l'espace médiatique aux dépens d'une réflexion sur "les vraies questions éducatives". "On oublie les jeunes." Il estime que les enseignants ne sont pas tenus au principe de neutralité. D'ailleurs "réciter une prière" en classe ne constitue pas une atteinte à la liberté de conscience des élèves. Il peut être obligatoire d'assister à la conférence d'un évêque puisqu'il s'agit "d'éveiller les consciences", de permettre aux élèves de se forger leur propre opinion. L'interdire serait "tomber dans le totalitarisme". Une messe peut être célébrée sur le temps scolaire si la participation n'est pas obligatoire et si les heures de cours sont rattrapées. La catéchèse ne peut pas être obligatoire, mais elle peut être inscrite dans un "trou" de l'emploi du temps, et non pas seulement en début ou en fin de journée. Les élèves doivent alors se voir proposer autre chose, par exemple un cours de culture chrétienne, qui, contrairement au catéchisme ne fait pas appel à la foi. Un chef d'établissement donne à ToutEduc l'exemple d'une classe de 6ème qui a, à son emploi du temps, une heure qui est consacrée, la première semaine à un cours obligatoire de culture religieuse et la troisième semaine à un "atelier débat" (ou "atelier philo"), et les semaines 2 et 4 du mois, elle est consacrée à la "découverte de la foi" par un animateur en pastorale, les élèves pouvant alors choisir d'aller en permanence. Il ajoute qu'il est souvent interpellé par ses collègues qui sont "un peu perdus" sur cette question.

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