La proportion d'élèves à besoins éducatifs particuliers ou en situation de handicap très fortement sous-évaluée, estiment les enseignants (Baromètre Ecolhuma)
Paru dans Scolaire le mercredi 18 septembre 2024.
"Du fait de l'inclusion, le niveau scolaire de la classe baisse", estiment 48 % des enseignants du 1er degré, 33 % des enseignants du 2nd degré. C'est l'un des enseignements du baromètre de l'association Ecolhuma consacré à la perception qu'ont les enseignants de l'école inclusive.
Alors, que selon la DEPP, le service statistique du ministère, les élèves en situation de handicap représentaient l'année dernière moins de 4% du total des élèves, les quelque 1 140 enseignants ayant répondu à un questionnaire diffusé essentiellement via la plateforme etreprof.fr, estiment que ce nombre s’élève plutôt à 20 % de l’effectif de leur classe pour le 1er degré, et à 29 % pour le 2nd degré. A noter qu'une part importante des enseignants qui ont renseigné l'enquête sont engagés "dans une démarche de développement professionnel en auto-formation".
Plus précisément, les enseignants du 1er degré estiment que 20 % de leurs élèves ont des "besoins éducatifs particuliers", 5 % des difficultés motrices, 2,6 % des difficultés sensorielle, 12,5 % des difficultés comportementales et/ou émotionnelles, 15 % des difficultés cognitives, sachant qu'un enfant peut cumuler plusieurs handicaps. Les pourcentages sont assez semblables dans le second degré, mais un peu plus fort pour les difficultés cognitives et nettement plus élevé pour les besoins éducatifs particuliers.
37% des enseignants du 1er et 25 % des enseignants du 2nd degré considèrent que l'aide qui est apportée (par un.e AESH) est trop rare et de ce fait "totalement inadaptée aux besoins des élèves". De leur côté, les enseignants mettent en place des "pratiques inclusives". C'est plus souvent le cas des enseignants du 1er degré que du 2nd degré et ces "pratiques quotidiennes semblent se concentrer sur l’adaptation du matériel pédagogique et des conditions d’évaluations".
L'étude distingue "les enseignants convaincus" (27 %), qui expriment des attitudes plus positives que leurs collègues et qui "présentent un sentiment d’auto-efficacité plus fort". Les enseignants "réservés" (42 %) sont "favorables à une inclusion sous certaines conditions" et ils "ont des attitudes "moins positives quand cela concerne des élèves avec des difficultés comportementales". Les "enseignants réticents" (31 %) "présentent un sentiment d’auto-efficacité plus faible". Elle note aussi que "plus les enseignants se sentent soutenus à mettre en œuvre l’école inclusive, meilleures sont leurs attitudes", c'est donc le "manque d’accompagnement et de soutien qui entrave la mise en oeuvre de l’école inclusive". Il s'agit de leur apporter "des aides matérielles" et des conseils, mais "l’expression d’empathie et d’encouragements" de la part de ses collègues et de ses supérieurs permet "aux enseignants de se sentir plus confiants, moins stressés et plus outillés". Mais 80% déclarent "ne pas avoir le soutien nécessaire". Ils souhaitent le recrutement d’AESH supplémentaires, mais aussi "la présence d’enseignants spécialisés référents, de professionnels du médico-social référents ou d’une équipe d’auto-régulation".
La formation a évidemment un rôle à jouer, notamment pour les enseignants du 2nd degré qui en bénéficient plus rarement. Ecolhuma propose de contribuer à la constitution d' "une brigade par académie d'aides humaines avec des enseignants spécialisés et des professionnels mobilisables rapidement".
Le site d'EcolHuma ici