“On ne peut pas séparer le sport dans la société et le sport à l'école“ (SNEP-FSU)
Paru dans Scolaire le mardi 17 septembre 2024.
“On ne peut pas séparer le sport dans la société et le sport à l'école“, estimait mardi 17 septembre Benoît Hubert, alors que se pose la question de l'héritage laissé par les Jeux Olympiques et Paralympiques pour les quelque 12 millions d'élèves que compte la France.
Au côté de sa consœur Coralie Benech, également co-secrétaire général(e) du SNEP-FSU, la conférence de presse de rentrée du syndicat majoritaire chez les professeurs d'Education Physique et Sportive (EPS) était l'occasion de souligner la réussite d'un événement qui a contribué à montrer le sport comme un “fait culturel“ en changeant le regard des Français sur le sport.
Pour répondre à la demande croissante qui en découle, il s'agirait donc d'entretenir et même de développer la culture sportive, or selon les lettres plafonds préfigurant le budget à venir dans le domaine des Sports (PLF 2025), une diminution de 11 % serait prévue, réduisant l'héritage des JOP a minima, dénonce l'organisation syndicale qui indique avoir entamé un travail avec des parlementaires afin de créer une loi d'orientation et de programmation pour le sport.
Mais il est aussi question de la place et du rôle du sport dans la société, notamment en termes d'inégalités, que ce soit pour les personnes en situation de handicap au travers du “droit au sport“ (l'EPS étant la seule discipline où les élèves ne disposent pas d'AESH), mais aussi en raison du genre, du niveau social ou du côté des familles : “Il faut changer le regard que portent les parents sur la pratique du sport, leur dire que ça participe au développement cognitif des enfants, et que cela peut être une voie de réussite“, considère Benoît Hubert.
"C'est à travers l'EPS, la discipline scolaire et obligatoire qu'on peut réduire ces inégalités d'accès“, poursuit Coralie Benech, dénonçant le manque d'investissements dans le cadre du sport à l'école. Entre 2017 et 2023, ce sont 1 379 emplois de titulaires qui auraient ainsi disparu en EPS tandis qu'étaient comptabilisés 28 150 élèves supplémentaires (le nombre de contractuels aurait quant à lui progressé de 195 % pour désormais atteindre 1 453 personnels). En conséquence de quoi, depuis la rentrée 1 271 heures par semaine n'auraient pu être assurées dans 9 % des établissements du 2nd degré.
Si un plan d'investissement dans 5 000 équipements sportifs a bien vu le jour, le SNEP-FSU se désole que ceux-ci, Skate parks ou autres City stades, soient “inaccessibles et inutilisables pour les clubs et les publics scolaires“ notamment du fait de leur petite taille. Des structures qui sont de plus très genrées : “sociologiquement on sait que ce sont les garçons qui occupent ces espaces-là“, constate Coralie Benech, qui évoque le besoin de donner accès à des lieux sécurisés, encadrés pour les filles, alors que l'UNSS est le premier lieu de pratique sportive chez ces dernières.
En outre, malgré la priorité nationale donnée au savoir nager “10 % des élèves n'iront jamais de leur scolarité à la piscine“ du fait du manque d'infrastructures. A cela s'ajoute le développement des délégations de service public, dont les tarifs sont “trop élevés“ pour y emmener les élèves. Le SNEP-FSU souhaiterait la mise en place d'un plan pluriannuel destiné à la construction des équipements sportifs pour l'ensemble des pratiquants, avec une participation de l'Etat à hauteur de 50 %, “sinon les collectivités territoriales ne pourront pas investir“.
L'organisation syndicale se fait également l'écho des difficultés engendrées par les réformes mises en place depuis la première élection d'Emmanuel Macron, que ce soit avec la réforme du lycée et du baccalauréat ou celle du Choc des savoirs, engeandrant une impossibilité d'accéder à l'UNSS pour certains élèves (avec les groupes de niveaux/besoins) ou des changements d'emploi du temps (voire des suppressions de dispositifs comme les dédoublements) chez les enseignants. Une critique qui porte encore sur les 30 minutes d'APQ (1er degré) ou les 2h de sport supplémentaires au collège, en ce qu'elles concurrencent le sport scolaire à l'intérieur même de l'école.
Bien que le métier de professeur d'EPS ne connaisse pas de réelle crise d'attractivité, la dégradation des conditions de travail (augmentation des effectifs d'élèves en classe, temps de travail qui peut dépasser les 6 heures par jour depuis l'abrogation de la circulaire qui l'empêchait en 2018, absence de droit à la pondération pour l'enseignement de spécialité au Lycée), conduirait à davantage de défections pour lesquelles le SNEP-FSU tient à rester vigilant : “si le ministère ne prend pas d'autres dispositions pour reconnaître les profs d'EPS, la reconnaissance (du sport) ne se fait pas non plus dans la population“, conclut Coralie Benech.