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Choc des savoirs : seuls 20 % des établissements ont mis en place des groupes de niveaux version Attal (SNPDEN-UNSA)

Paru dans Scolaire le jeudi 12 septembre 2024.

“Les collègues ont su s'emparer de la souplesse donnée par la ministre“ estime Bruno Bobkiewicz à propos de l'organisation des groupes de besoins/niveaux mis en place en classe de français et de mathématiques pour les élèves de 6ème et de 5ème à partir de la rentrée.

Premier constat, les quelque 3 000 chefs d'établissements (ou leurs adjoints) du 2nd degré interrogés par le SNPDEN-UNSA (sur un total de 13 500 en poste) dans son “enquête de rentrée“ ont indiqué à 74 % avoir pu construire des groupes sur la totalité du volume horaire des deux disciplines ; 22 % ont pu les mettre en place en partie (que ce soit sur une heure, deux heures, etc..) tandis que 4 %, soit 70 collèges, n'ont pas pu le faire du tout.

Groupes

Or, sur les 95 % d'établissements où la réforme va donc voir le jour, seuls 21 % ont élaboré des groupes homogènes (c'est à dire de niveaux, tels que voulus initialement par Gabriel Attal). On trouvera dans 18 % des établissements des groupes à la fois homogènes et hétérogènes, et dans 60 % d'entre eux uniquement des groupes hétérogènes.

L'enquête fait également valoir que seuls 54 % des personnels de direction sondés ont répondu avoir suffisamment d'heures pour mettre en place le dispositif. Une évidence pour le secrétaire général de l'organisation syndicale, car avec 2 300 postes budgétés par le ministère, la moitié des moyens manquerait par rapport aux 4500 nécessaires selon leurs estimations. Dès lors, 68 % des PERDIR “ont dû renoncer à des dispositifs“, principalement des dédoublements (dans 47 % des établissements), plus rarement des enseignements optionnels (4 %) ; ils ont pu aussi être obligés de “détricoter“, supprimant à la fois des dédoublements et de la co-animation (19 %).

Face à cette organisation, ont été relevés “des discussions, des désaccords“, surtout avec des enseignants qui perdent des enseignements optionnels, mais aussi parfois au regard de l'attractivité locale apportée par certaines options et de la concurrence d'établissements privés sous contrat. En revanche, la généralisation de cette mesure aux 4ème et 3ème, qui doit intervenir à la rentrée prochaine, “ne paraît pas possible“ pour le secrétaire général du SNPDEN-UNSA qui pointe la complexité technique d'organisation des emplois du temps et de gestion des ressources humaines sur quatre niveaux.

Remplacements

Autre débat, le nombre de personnels remplaçants à la rentrée, un chiffre stable du côté des personnels administratifs, quand il manquait “un enseignant et plus“ dans 61 % des établissements le 2 septembre. Le SNPDEN explique néanmoins que, si difficulté il y a toujours, une amélioration est à noter par rapport à l'année précédente (7 points de moins, entre autre du fait de l'action des rectorats pour assurer la présence de contractuels), doublée d'une évolution quotidienne : “au moment de l'enquête il manquait 2 enseignants et plus dans mon établissement, aujourd'hui aucun“, assure Bruno Bobkiewicz. Pour le proviseur de la cité scolaire Buffon à Paris, le secteur privé sous contrat, qui compte trois fois plus de contractuels, aurait “certainement les mêmes difficultés“ de recrutement et de remplacement mais ne voudrait pas le mentionner, c'est pourquoi un des objectifs du SNPDEN consistera à réussir à “être juste“ dans ce qui est dit et à “valoriser“ l'action du service public.

Pacte vs HSE

Concernant le Pacte enseignant, il semblerait que “les lignes bougent un peu“ du côté des enseignants, peut-être davantage prompts à se saisir du dispositif cette année, son enveloppe globale étant d'ailleurs plus importante q'auparavant dans le secteur public. Le SNPDEN critique à ce titre la chute des dotations en HSE dans les académies, la moitié d'entre elles n'en disposant pas cette année, ce qui pourrait impacter les remplacements de courte durée qui ne pourraient être effectués que via le Pacte. Les établissements seraient 57 % à ne pas avoir de dotation suffisante pour couvrir leurs besoins en la matière, 22 % d'entre eux ayant reçu seulement la moitié de leur enveloppe par rapport à l'an passé. Ce qui fait dire à Cédric Carrasco, secrétaire général adjoint, que “dans plein d'établissements, on ne peut plus faire vivre ce qu'on faisait vivre l'année dernière“.

Moral

Malgré une négociation aboutie sur la revalorisation, le secrétaire général du syndicat UNSA des personnels de direction évoque le moral en berne de la profession qui subit des conditions de travail dégradées (en raison d'une accélération des réformes, d'injonctions contradictoires, etc..). Si le ministère “a accepté de se mettre autour de la table“ et partage ce constat, les réponses ne seraient pas au rendez-vous : “Il y a un problème de valeurs, un décalage avec ce qu'on nous propose. Nos collègues représentants de l'Etat ont de plus en plus de mal à porter une politique à laquelle ils ne croient plus vraiment. (..) Ce n'est pas qu'une histoire de postes, mais de pertinence. Il y a une certain nombre d'autres choses à faire, comme par exemple sur la prise en charge des élèves en difficulté.“

Ecoute

Au final, en cette rentrée le contexte politique “a créé un peu de calme dans les établissements scolaires“, estime Bruno Bobkiewicz qui déplore cependant le “focus“ fait autour de la pause numérique (interdiction de l'utilisation du téléphone portable au collège, ndlr) alors que “le vrai problème c'est ce qui se passe à l'extérieur, c'est la régulation de cet usage à la maison“, ce qui encore une fois “fait porter une responsabilité à l'école avec des solutions qui sont parfois impossibles“. Il note toutefois que la ministre de l'Education nationale “est capable d'écouter“, conclut-il, comme ce fut le cas lorsque elle a rendu facultatives les évaluations en 5ème et en 3ème, après avoir compris “que ce n'était pas possible d'un point de vue technique“.

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