L'hétérogénéité des élèves au cœur des pratiques enseignantes (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 03 septembre 2024.
Qu'est-ce qui rend difficile l’enseignement du français pour les professeurs de 3ème ? Selon la DEPP, qui publie mardi 3 septembre les résultats de son enquête sur les pratiques enseignantes spécifiques aux contenus (Praesco), les conditions les plus souvent évoquées sont “les écarts de niveaux entre les élèves et le temps à disposition pour aider les élèves en difficulté“ (à 90 %) suivi du “manque de motivation d’une partie de leurs élèves“ (81 %) et du “nombre d’élèves en difficulté (en lecture, compréhension, langue, écriture)“ (80 %).
Guidage des élèves
Pour les 1 677 professeurs de français interrogés en 2021 (dont 85 % de femmes, 79 % exerçant dans le secteur public, 19 % dans des établissements situés en éducation prioritaire), les élèves feraient preuve de difficultés “à identifier leurs propres difficultés et à mobiliser des stratégies pour y répondre“ (85 %), “à se mettre en situation de recherche face aux exercices proposés ou face à des situations nouvelles“ (77 %), ou encore “à identifier les objectifs des activités d’apprentissage“ (51 %).
Un constat qui met en évidence, estime la DEPP, “un besoin de guidage des élèves“, ce qui est d'ailleurs le cas puisque les enseignants “sont relativement nombreux à leur faire des retours fréquents sur leur travail, que ce soit à propos des objectifs ou des processus d’apprentissage, pratique dont on sait qu’elle favorise l’augmentation des capacités d’apprentissage“ : 71 % d'entre eux indiquent avoir eu “souvent“ ou “très souvent“ des échanges individuels avec certains d’entre eux “sur la manière de réaliser la tâche en cours“, 65 % sur leurs “difficultés scolaires“ ou 62 % sur leur “interprétation des contenus lors de la séance“.
Collectif vs Hétérogénéité
Or, il semble que les enseignants “privilégient le travail collectif pour prendre en compte les erreurs de leurs élèves, que ce soit lors d’une activité en classe ou lors de la reprise d’une évaluation.“ Et pour l'enseignement de la langue, plus précisément dans le but d'enseigner “la notion d’accord sujet/verbe ainsi que les constituants de la phrase complexe“, les enseignants auraient “un recours moins fréquent“ aux pratiques liées à la prise en charge de l’hétérogénéité. En 2018 déjà, fait valoir le service statistique du ministère de l'Education nationale, l’enquête Epode montrait que “ces pratiques étaient peu répandues chez les enseignants de collège, bien que fréquemment considérées comme prioritaires, car jugées difficilement réalisables.“
Ainsi, pour l’enseignement de l’accord sujet/verbe seulement 18 % des enseignants proposent fréquemment “des exercices de systématisation différenciés à la suite d’une évaluation“, tandis que 19 % pratiquent “la dictée négociée, par groupes de niveau, en demandant à chaque groupe de justifier les accords“. Parmi les différentes pratiques des enseignants, comme le questionnement guidé ou encore la réécriture, la DEPP constate que six enseignants sur dix ont travaillé l’expression orale, que ce soit via la lecture expressive ou par le biais de débats. Une activité qui est “davantage mobilisée en éducation prioritaire“ (67 %) qu'en dehors (56 %).
Les enseignants qui sont entrés plus récemment dans le métier “prennent davantage en compte l’hétérogénéité des élèves“, 32 % d'entre eux faisant "souvent" ou "très souvent" travailler individuellement les élèves selon des parcours personnalisés (contre 25 % en moyenne). Ils fournissent aussi “plus fréquemment de l’aide aux élèves en difficulté en organisant, par exemple, une ou deux séances d’accompagnement personnalisé pour les élèves les plus en difficulté de leur classe".
Pratiques opposées
Par ailleurs, l'enquête révèle une “relation positive entre les pratiques qui visent le développement des compétences cognitives, motivationnelles et sociales des élèves et celles qui prennent en compte l’individualité des élèves“. Et dans le même temps, elle souligne “une opposition entre les pratiques caractéristiques d’une transmission de connaissances dirigée par l’enseignant et celles qui s’orientent vers le développement de ces mêmes compétences chez les élèves“.
Et “plus l’ancienneté dans la profession augmente, moins les enseignants mettent en place des pratiques qui visent à développer les compétences cognitives, motivationnelles et sociales des élèves“. En éducation prioritaire, les enseignants interrogés (qui sont en général plus jeunes) “adoptent plus fréquemment que les autres des pratiques qui visent à prendre en compte l’individualité des élèves“. Ils visent “de façon marquée“ le développement des compétences cognitives, motivationnelles et sociales des élèves, “mais de manière moins prononcée que leurs collègues du secteur privé“.
La note ici