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Les multiples effets du mois de naissance sur la réussite scolaire (INSEE)

Paru dans Scolaire le mardi 03 septembre 2024.

“Le fait d’être plus âgé que ses pairs à l’entrée à l’école augmente significativement les performances“ à 15 ans, constate l'INSEE dans une note sur les effets du mois de naissance des jeunes publiée le 2 septembre.

Performances

D’après l'analyse des résultats au test PISA dans une quinzaine de pays dont la France, poursuit Pauline Givord, l'auteure du document, en moyenne sur les trois dernières vagues de l’enquête les enfants entrés avec un an de plus à l’école obtiennent des scores supérieurs de 21 points en lecture, de 18 points en mathématiques et en sciences, ce qui représente “la progression constatée lors d’une année d’études“.

Cependant, précise la statisticienne, ces variations “restent néanmoins bien plus réduites que les inégalités de performance liées à l’origine sociale“, estimée à 92 points en moyenne (et 112,5 points en France) entre le quart des élèves les plus défavorisés et ceux les plus favorisés en matière d’origine sociale des pays de l'OCDE.

Plus globalement, en France l’effet de l'âge est de 18 points en lecture, de 14 points en mathématiques et de 17 points en sciences. En Italie, être plus âgé que ses pairs d’un an à l’entrée à l’école augmente de 29 points le score en mathématiques, contre 10 points en Finlande et 9 points aux Pays-Bas.

Parcours scolaires et compétences sociales

Les parcours scolaires sont également affectés par le fait d’être né en janvier plutôt qu’en décembre. Ainsi, dans les pays où le redoublement est fréquent, “être plus vieux d’un an à l’entrée à l’école réduit de plus de 10 points la probabilité de redoubler à l'école élémentaire“ alors que l’effet est “beaucoup plus modeste sur le redoublement dans le secondaire, les écarts de maturité relative se réduisant avec l’âge.“

Là encore, l'effet est “amplifié par l’origine sociale des élèves“, probablement car “les familles favorisées disposent de davantage de ressources pour compenser les difficultés ressenties par leurs enfants quand ils entrent plus jeunes à l’école“. Entrer tôt à l'école en Belgique, en France et en Espagne augmenterait de plus de 15 points de pourcentage la probabilité de redoubler lorsque l’élève fait partie du quart le plus défavorisé en matière d’origine sociale, contre moins de 5 points s'il fait partie du quart des élèves les plus favorisés.

Mais l'étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques ne s'arrête pas aux compétences scolaires strictes. En moyenne, les élèves les plus âgés à l’entrée à l’école expriment “un niveau plus élevé de compétences sociales et émotionnelles que les plus jeunes“ et “un niveau plus élevé d’empathie“, sachant aussi “mieux s’affirmer de manière positive“. Plus motivés, ils présentent des niveaux plus élevés de persévérance, de capacité à réguler leurs émotions et de résister au stress. Par ailleurs, ces élèves entrés plus âgés à l’école “sont aussi plus nombreux à envisager à 15 ans de faire des études supérieures (+5 points de pourcentage en moyenne)“.

Facteurs

Seulement, quels facteurs pourraient permettre d’expliquer ces évolutions ou ces écarts entre pays ? Pauline Givord fait état d'études locales indiquant des pistes de pratiques pédagogiques “qui amplifieraient ou au contraire réduiraient la persistance des différences de maturité à l’entrée à l’école“. Par exemple, dans l’état de Floride, les difficultés des élèves les plus jeunes à l’entrée à l’école pourraient être “amplifiées par des journées scolaires plus longues (sans doute parce qu’ils ont des capacités de concentration plus faibles), ou des classes à effectifs plus élevés (l’attention que les enseignants leur prêtent pouvant être réduite)“. D'autres travaux alertent pour leur part sur des risques d’“étiquetage“ précoce, avec des élèves jeunes à l’entrée à l’école “surreprésentés dans les diagnostics d’hyperactivité, probablement parce qu’ils ont moins de capacités de concentration“.

Il existerait d'ailleurs de possibles “mécanismes de renforcement positif ou négatif selon les facilités perçues en début de scolarité“. Si une réussite scolaire précoce “crée une dynamique positive qui s'auto-alimente au fil de la scolarité“, à l’inverse les élèves les plus jeunes “peuvent avoir des résultats décevants en début de scolarité et être étiquetés en difficulté, fragilisant leur estime de soi et leur motivation“, ce qui en somme “questionne la capacité du système éducatif à gérer l’hétérogénéité des élèves.“

L'auteure souligne à ce titre qu'en Italie, “il est possible d’anticiper l’entrée à l’école pour les enfants nés de janvier à avril, qui seraient sinon les plus âgés de leur classe et donc potentiellement moins ‘stimulés‘ que dans la classe supérieure“. Dans certains pays anglo-saxons ou en Allemagne au contraire, “il est fréquent de retarder l’entrée à l’école des élèves les plus jeunes d’une cohorte scolaire, quand ils ne sont pas jugés prêts pour rentrer à l’école.“

La note ici

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