La FCPE entame un Tour de France pour débattre de l'école et de son avenir
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 02 septembre 2024.
Problèmes d'affectation des élèves, manque de pôles médico-sociaux, mais aussi d'enseignants remplaçants.. “Le quotidien des parents d'élèves, c'est vraiment l'angoisse“ rapporte ce lundi 2 septembre Isabelle Lacroix, administratrice à la FCPE 93, constatant même une forme de “colère“ face au manque d'écoute et de réponse du gouvernement suite aux mobilisations pour un “plan d'urgence“ dans l'éducation en Seine-Saint-Denis.
Et comme il n'est “pas anodin“ que de nombreux parents aient “pris de leur temps (..) pour marcher dans la rue“, la fédération des conseils de parents d'élèves a choisi d'organiser sa conférence de presse de rentrée dans cette section départementale, à Bondy. Un lieu à la fois “symbolique“ pour son président Abdelkrim Mesbahi, mais aussi le point de départ d'un Tour de France en 10 étapes destiné à “promouvoir et valoriser la co-éducation“ et la place incontournable des parents dans l'école, mais aussi pour en pointer les dysfonctionnements.
Pour la FCPE, qui revendique 140 000 adhérents, il s'agit donc d'une quinzaine “décisive“ pour convaincre les parents de participer à de s'investir dans son combat pour que les élèves aient les mêmes chances de réussite sur tout le territoire. En fonction de ces derniers, des animations prendront des formes différentes : pesée des cartables dans la Creuse, conférence sur la bâti scolaire dans le Vaucluse..
L'objectif final serait l'organisation par l'Etat, comme ce fut le cas pour le climat, d'une “convention citoyenne“ pour “animer un débat de société autour des enjeux éducatifs“, mais surtout afin de répondre à la “crise profonde“ que connaît actuellement l'école publique.
En détail, cela donne “des parents qui signalent des refus d’affectation, en voie générale comme en voie pro“, en particulier dans l’Essonne. Rémi Landri, de la FCPE 66, fait d'ailleurs lui aussi valoir une situation “très problématique“ dans les Pyrénées-Orientales avec des collèges et lycées en sureffectifs (par exemple 800 élèves pour 650 places), un manque de places conduisant à des non-affectations. Abdelkrim Mesbahi évoque de son côté 263 élèves des Hauts-de-Seine qui, faute d'affectation en seconde, doivent rester au collège : “Ce n'est pas forcément une question d'argent, mais de manque d'organisation. Ce sont ces choses-là qu'on a du mal à comprendre“.
Alixe Rivière, de la FCPE 93, parle de son côté d'un “déni total de réalité“ quand l'académie de Créteil lui assure lors d'une réunion estivale que le taux d'absence des enseignants (non remplacés) est de 2 %, que “tout va bien“ dans un département “plutôt bien doté“ en termes de moyens pour l'éducation.
Abdelkrim Mesbahi indique d'ailleurs que la FCPE, qui assurera la présidence du CNAL en 2024-25, “dénoncera le manque de contrôle“ sur les établissements privés sous contrat (notamment signalé par la Cour des Comptes et le rapport de Paul Vannier) ainsi que le manque de transparence sur l'utilisation de l'argent public.
En cette rentrée, la fédération rappelle son souhait de “retrait immédiat“ du Choc des savoirs, pour lequel elle a lancé un recours devant le Conseil d'Etat dont elle attend une date d'audience. Car cette réforme, précise son président, est “attentatoire à la liberté pédagogique des établissements“ avec la mesure des groupes de niveaux/besoins, le tri des élèves n'étant “pas (sa) conception du rôle de l'école de la République“. L'abandon définitif du DNB “passeport“ pour entrer au lycée est également demandé, tandis que la classe prépa seconde est un “ovni pédagogique qui aurait dû aussi être gelé“.
La FCPE se désole surtout de voir des “mesurettes“ (uniforme, pause numérique) masquer des problèmes plus importants comme des élèves “amputés de semaines de cours“ avec la réforme de la voie professionnelle, se retrouvant dans des parcours “encore plus figés et difficiles“ et dont la position les rend “malléables pour les employeurs“.
C'est pourquoi elle “exige de l'Etat une convention citoyenne pour école publique“, comme ce fut le cas pour le climat, souhaitant que “la société débatte du projet que représente l'école“.
Les étapes du Tour de France FCPE :
- Le 3 septembre, rencontre des parents dans le groupe scolaire d'Ecouché-les-Vallées (61).
- Le 4 septembre, à Malestroit (56), un exemple de coéducation avec un dialogue qui fonctionne bien entre les instances de l’Education nationale et la FCPE, dans un contexte particulier où les établissements privés sont fortement implantés.
- Le 5 septembre sur le Territoire de Crocq (23), pesée des cartables et rencontre avec les parents d’élèves qui pourront témoigner de leurs difficultés localement.
- Le 9 septembre, à Mulhouse (68), découverte d’un arbre à souhaits devant une école primaire et possibilité d’assister à une réunion de rentrée dans un lycée.
- Le 11 septembre, à Avignon (84), journée avec rencontre avec les syndicats sur la question des moyens dans le département, conférence sur le bâti scolaire.
- Le 13 septembre Paris (75), café des Parents dans un établissement scolaire.
D’autres départements seront intégrés dans le tour de France avec des actions spécifiques : l’Aude, les Bouches du Rhône, la Corrèze.