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“Un pays ne peut s'appuyer sur une jeunesse sacrifiée“ (SE-UNSA)

Paru dans Scolaire le mercredi 28 août 2024.

“Un ministère sans pilote, (..) symboliquement, (..) en dit long quant à la déconsidération du gouvernement Macron pour l'école“, assurait Elisabeth Allain-Moreno en introduction de la conférence de presse du SE-UNSA mercredi 28 août.

Pourtant, “un pays ne peut s'appuyer sur une jeunesse sacrifiée“, fait valoir la secrétaire générale du syndicat UNSA des enseignants des 1er et 2nd degré, qui souhaite que le service public de l'éducation soit “la priorité incontournable“ du prochain gouvernement, faute de quoi le redressement du pays serait “voué à l'échec“. Ce qui est davantage attendu, c'est de la sincérité, d'autant que les “petites phrases politiques“ ou les enquêtes type PISA qui comparent des systèmes éducatifs différents, “ne suffisent pas“.

Bilan

L'organisation syndicale dresse en ce sens un bilan des années passées “très loin d'une école de la confiance“, avec des élèves “pointés du doigt comme responsables de la violence“, ou des familles “toujours accusées de manquer à leur devoir en matière d'éducation“ alors qu'elles n'ont “plus aucun repères pour comprendre une institution qui mute tout le temps“.

Bilan négatif aussi pour le Pacte qui a “confirmé l'échec annoncé“, tandis que pour les enseignants, “lorsqu'on annonce qu'une revalorisation est actée mais que la répartition ne concerne pas tout le monde, la douche est sacrément froide“. Les enquêtes de l'organisation syndicale montrent en outre que leurs attentes en matière de formation initiale ou continue (au numérique ou à la laïcité) ne sont pas satisfaites. Tout un ensemble de causes pour lesquelles la secrétaire générale du SE-UNSA ne trouve “pas étonnant qu'ils aillent voir ailleurs“.

Pourtant, “c'est la bonne volonté des collègues qui fait que le bateau ne craque pas de toute part“. A côté du problème largement médiatisé de l'attractivité du métier d'enseignant, Cécile Suel (secrétaire nationale en charge des parcours professionnels) évoque de son côté ceux qui quittent le navire. 2 836 départs en 2021, contre 364 en 2008-2009, une “lame de fond“ loin d'être un épiphénomène. Des démissions qui concernent pour moitié des titulaires, et à 30 % des stagiaires, sans compter les lauréats aux concours qui renoncent à prendre leur poste. De même, les CPE avec 20 ans d'ancienneté seraient 1 sur 5 à vouloir changer de métier, et 1 sur 2 chez ceux qui sont là depuis moins de 20 ans. S'ils ne franchissent pas tous le pas, sur le terrain s'observe “le phénomène inquiétant de la démission silencieuse“, avec des personnels qui s'en tiennent à leur mission essentielle mais qui cessent toute activité complémentaire, d'où des difficultés à trouver des professeurs “principaux“ ou pour s'investir dans des projets “qui demandent du temps sans beaucoup de reconnaissance.“

Idées

Le problème majeur auquel le prochain ministre doit s'attaquer, assure Jérome Fournier (autre secrétaire national) se situe entre autres dans l'amélioration de la mixité scolaire et sociale, ce qui passe notamment par “une réflexion sur l'école privée et son financement“, mais aussi par la révision de la carte de l'éducation prioritaire, et la baisse des effectifse. Cela se joue encore côté école inclusive, dont la mise en œuvre est aujourd'hui très difficile, les personnels se trouvant “souvent au bord de la rupture“. Malgré des efforts de recrutement que reconnaît le SE-UNSA, “on estime que l'ensemble des réponses doivent être apportées par les enseignants et AESH“, constate-t-il. Ce qui est pour l'heure impossible : “Seuls, ils n'y arriveront jamais. Il faut des personnels médico-sociaux pour accompagner certains élèves en situation de handicap."

Actualité

Le SE-UNSA, qui répondait aux questions sur l'actualité posées par les journalistes, s'opposera “à un changement de règles en cours d'année“ au sujet de l'obligation de réussir l'examen du brevet pour passer en seconde, comme l'a laissé entendre Nicole Belloubet la veille (voir ToutEduc ici), fait savoir Jérome Fournier. Il considère également que le socle commun “sera mort“ si sont prises en compte, pour le calcul des résultats au contrôle continu (qui passeront de 50 à 40 % de la moyenne finale à l'examen), les notes obtenues dans le cadre disciplinaire, alors qu'actuellement c'est l'évaluation par compétences qui les détermine.

Sont également dénoncés les groupes de niveaux/besoins, Elisabeth Allain-Moreno estimant qu'ils reviennent à faire “grandir des jeunes dans des couloirs parallèles“. La secrétaire générale du SE-UNSA s'inquiète surtout, si aucune inflexion n'advenait, d'une “évolution presque naturelle“ de ce genre de dispositif vers des classes de niveau, pour lequel “une généralisation peut très vite arriver“ et dont les conséquences seraient “lourdes, et à long terme“. Dans le “tourbillon“ qu'a été le choc des savoirs, Jérome Fournier ajoute que la mesure est “extrêmement chronophage et demande beaucoup de travail“ pour les personnels, et qu'elle se dirige “vers une forme d'échec“ au niveau organisationnel. Il signale que de nombreux collèges ont “perdu“ des moyens pour la mettre en place, avec seulement 20 % des établissements (souvent situés en zone d'éducation prioritaire) bénéficiant de dotations supplémentaires : “Ce sont les autres disciplines qui paient“.

La pause numérique voulue par la ministre n'est pas une “mesure prioritaire“ même si une solution reste à trouver dans certains collèges qui n'arrivent pas à gérer le phénomène. Un dossier sur lequel le SE-UNSA n'a jamais échangé avec le ministère, déplore l'organisation syndicale qui pointe une généralisation déjà prévue après l'expérimentation conduite à la rentrée mais sans évaluation. La question des casiers, que les collectivités devront financer, pourrait par exemple créer d'autres difficultés.

L'organisation syndicale, bien qu'elle se dise “en total désaccord“ avec la généralisation des évaluations nationales, ne s'associera ni à l'appel à la grève du 10 septembre, ni au boycott lors de leur passation.

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