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Quand l'inspection générale dénonce la gestion politicienne de l'Education nationale

Paru dans Scolaire le samedi 11 septembre 2010.

Une "synthèse des notes des correspondants académiques de l'IGAENR" (Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la Recherche) a été réalisée en juillet 2010 par trois inspecteurs généraux. En voici quelques extraits, on verra que s'y trouve dénoncée, en termes choisis, une gestion politicienne du ministère. Le rapport va toutefois au-delà et dessine un portrait précis et original du système éducatif. 

La rentrée 2010 "a été techniquement très bien préparée", mais "les plus gros risques financiers pèsent sur les crédits de fonctionnement, insuffisants pour terminer l'année civile"

SECOND DEGRE. "La tension dans le second degré se manifestera par un recours accru aux personnels non titulaires et des difficultés probables pour assurer le remplacement des professeurs absents (...) Priés par le ministre de ne pas diminuer le taux d'encadrement des secondes GT l'année de la mise en oeuvre de la réforme de la voie générale, soucieux de ne pas reprendre de moyens aux LP l'année où il faut accueillir des derniers sortants de BEP et les nouveaux sortants de seconde professionnelle, les recteurs avaient peu de marge de manoeuvre pour effectuer les retraits de moyens dans l'enseignement secondaire."

"La réforme [du lycée professionnel] a conduit à ouvrir un nombre très important de CAP l'an dernier, malgré le coût élevé de ces structures à très faible effectif (...) [Une autre politique] aurait pu 'jeter un discrédit sur la rénovation de la voie professionnelle en expliquant qu'elle était la cause des fermetures de postes' (Rouen) et les recteurs ont hésité à le faire."

Pour le lycée d'enseignement général, "la mise en oeuvre de l'accompagnement personnalisé est une inconnue (...) il est difficile de dire ce qui se fera réellement à la rentrée

PREMIER DEGRE. Dans le 1er degré, "on est loin de l'objectif de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux", puisqu'un peu plus de 8 000 personnes sont "en surnombre". Le rapport ajoute: "On doit noter le caractère curieux de la préparation de la rentrée 2010, où les IA [inspecteurs d'académie] ont supprimé plusieurs centaines de classes en mars (...) et accueilleront en septembre plusieurs milliers de professeurs en attente de poste." L'inspection fait un état des lieux des réformes engagées. S'agissant de la semaine de 4 jours, elle "paraît installée dans les moeurs et il est peu probable qu'un nouveau changement [une organisation sur 41/2jours] se produise à l'initiative du terrain."

FORMATION. "La réforme du recrutement des enseignants a été minutieusement préparée, mais doit faire face à des difficultés de mise en oeuvre. Elle donne lieu à une foisonnante diversité des dispositifs à l'initiative des académies, se heurte à une insuffisance manifeste de moyens pour financer la formation des nouveaux stagiaires en plus de celle des titulaires, et rencontre une difficulté à trouver suffisamment de formateurs universitaires et de tuteurs dès la première année."

"Les conditions de financement des prestations réalisées par les universités ou l'IUFM demeurent très floues."

REMPLACEMENTS. Le choix budgétaire "va dégrader la situation du remplacement l'an prochain, alors que la situation est déjà difficile (...) Il est vraisemblable que ce choix budgétaire soit partiellement insincère et coûteux, les académies pensant pouvoir recruter des vacataires au-delà de l'autorisation budgétaire."

NON-TITULAIRES. "Le recours aux non-titulaires est un moyen de combler les postes vacants dans certaines disciplines (...) Les non-titulaires servent de variable d'ajustement". Toutefois, leur recrutement est difficile, ainsi dans l'académie d'Amiens, où "soixante courriers ont été envoyés [à de jeunes retraités] aucun n'a reçu de réponse positive".

ADMINISTRATION. Le rapport dénonce en outre "une capacité encore très imparfaite de l'administration centrale à suivre, connaître et réguler les pratiques académiques pourtant inégalement efficaces". Il relève en particulier que la répartition des emplois du 1er degré dans les départements reste "un domaine généralement mal connu des recteurs comme de l'administration centrale". Les trois IGAENR ajoutent que "la tension dans les services administratifs, en particulier les services départementaux, est très sous estimée par l'administration centrale. (...) La technicité et les capacités d'adaptation [des services administratifs] sont sollicitées au delà du raisonnable (...) ils [y] font face avec abnégation". 

TERRITOIRES. "Pour espérer réduire le surcoût important des petits établissements qui caractérise la France rurale, il faudrait susciter et organiser un travail conjoint avec les collectivités locales. Cependant rien n'a été dit cette année, à l'occasion de la réforme du lycée, ni l'année dernière, à l'occasion de la réforme de l'école primaire."

Le rapport circule sur la toile (voir par exemple ici ou sur le site de l'Humanité).

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