Apprentissage : les taux de rupture de contrats en hausse depuis la crise sanitaire (DARES)
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 22 juillet 2024.
Alors que de nombreuses données évoquent la croissance de l'apprentissage chez les jeunes depuis la réforme du dispositif par la loi Avenir Professionnel de 2018 (voir ToutEduc ici, ici ou encore ici), comment les taux de rupture ont-ils évolué entre 2017 et 2022 ? La Dares a publié une note d'analyse jeudi 18 juillet pour y voir plus clair.
Deux périodes ressortent des données fournies par le service statistique du ministère du travail : une baisse des taux de rupture des contrats de 2017 à 2020, année marquée par la crise du Covid-19, suivie d'une hausse en 2021 et poursuivie en 2022.
Ruptures
Ainsi en moyenne 19 % des contrats d’apprentissage commencés en 2017 ont été rompus au cours des neuf premiers mois, contre 21 % en 2022. Les ruptures restent cette année-là “plus fréquentes quand les apprentis préparent des formations du secondaire“ avec un taux de 26 % comptabilisé aux niveaux CAP, baccalauréat et mentions complémentaires, contre 18 % dans le supérieur.
L'auteur de la note indique par ailleurs que si les taux de rupture à neuf mois des moins de 20 ans “sont au-dessus de la moyenne“ (par exemple 25,4 % pour les 15-17 ans en 2022, contre 18 % pour les 20-25 ans), il semblerait que les apprentis avec du retard scolaire ou en réorientation “auraient un risque plus élevé de rompre leur contrat d’apprentissage“.
Dans le détail, entre 2017 et 2022, les taux de rupture à neuf mois ont augmenté de 1 point au niveau CAP (de 28,2 à 29,3 %), de 4 points au niveau du baccalauréat (de 18,3 à 22,5 %) et de 1,5 point dans les mentions complémentaires (de 17,2 à 18,8 %). Cette hausse est cependant moins marquée en moyenne dans le secondaire (+2 points) que dans le supérieur (+8 points).
Nouveaux contrats
Suite à cette rupture, les apprentis étaient 6 % en 2021 à commencer un nouveau contrat dans les deux mois, tandis que c'était le cas de 2 % d'entre eux sur une période de 2 à 6 mois, quand enfin 12 % n'en ont pas débuté sur toute cette période.
Le taux de retours en apprentissage à l'horizon de 6 mois a globalement progressé de 7 à 9 % entre 2017 et 2021, en revanche dans le secondaire, le taux de rupture à neuf mois sans retour en contrat d’apprentissage dans les six mois est resté inchangé (à 17 %) en 4 ans, complète Alexandre Fauchon.
Taille, secteur, nouveauté
Le chargé d'études fait par ailleurs intervenir d'autres statistiques, comme des secteurs d'activités qui connaissent des taux de rupture élevés : hébergement-restauration (36 % à neuf mois pour les contrats débutés en 2022), coiffure et soins de beauté (30 %), industries alimentaires et de fabrication de boissons et de produits à base de tabac (28 %). Or ces secteurs “accueillent majoritairement des apprentis du secondaire, ce qui explique en partie une proportion élevée de ruptures.“
Autre point, des ruptures “nettement plus fréquentes dans les petites entreprises“, mais qui progressent peu alors qu'elles “doublent pratiquement chez les employeurs de 250 salariés ou plus“. Une plus grande probabilité est également pointée concernant les contrats associés à des CFA récents, ces derniers ayant connu une “vague importante de créations et de restructurations“ grâce à la loi ayant libéralisé leurs ouvertures. Il est ainsi question d'un lien dans la progression des taux de rupture là où les entrées en apprentissage ont été les plus dynamiques, ce que l'on retrouve notamment avec les nouveaux employeurs, sachant que “l’ancienneté des employeurs dans l’apprentissage réduit globalement la probabilité de rupture des contrats“.
La note ici