Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Rapport de la médiatrice : “la relation école-famille semble se dégrader“ (Catherine Becchetti-Bizot)

Paru dans Scolaire le mercredi 17 juillet 2024.

A l'école, “une culture du rapport de force“ semble s'installer petit à petit, constatait mercredi 17 juillet la médiatrice de l'Education nationale lors de la présentation de son rapport annuel.

Selon Catherine Becchetti-Bizot en effet, “la relation école-famille semble se dégrader“, notamment du côté des usagers dont 39 % des demandes de médiation ont concerné la vie quotidienne et les conflits au sein des établissements. Ces saisines de familles et d'élèves concernent majoritairement le 2nd degré public (48 %), moins le 1er degré (14 %) où l'on voit cependant se confirmer une “hausse de la conflictualité“. La progression du nombre de saisines est encore plus rapide dans l'enseignement privé, qui représente quelque 10 % des demandes de médiation des usagers en 2023 (les pourcentages restants concernent notamment l'enseignement supérieur ou le hors contrat, ndlr).

Défiance

Il est ainsi question d'une forme de “défiance des usagers“ vis à vis des institutions et du système éducatif, avec une hausse des réclamations mais surtout une tonalité “plus acerbe“ dans leur formulation. On la retrouve par exemple lors des évaluations des examens, certaines familles interrogeant la rigueur et l'objectivité des jurys, comme l'a montré récemment l'affaire “Yabné“ (voir ToutEduc ici). D'autres familles saisissent également des médiateurs au sujet des enseignements transversaux, en particulier autour des “éducations à“, ayant “peur qu'on endoctrine leurs enfants, qu'on leur raconte des choses épouvantables“. Parfois ce sont même les chefs d'établissements qui se tournent vers les services de médiation du fait de familles “souhaitant connaître le contenu du cours avant le cours“.

Mais ce “fort état d'anxiété“ des usagers, qui à eux seuls formulent les trois quarts des demandes (14 171), résulte de l'irruption dans l'école, “réceptacle des problématiques sociétales“, à la fois de la “succession rapide de réformes“, de “certaines instabilités politiques“ ou encore de “la montée de phénomènes d'agressivité, du harcèlement“.

Fragilisation

En découle une pression sur les personnels qui se tournent de plus en plus vers les 87 médiateurs en activité, témoignant ainsi d'un “sentiment d'insécurité croissant par rapport à leur mission“, ils ont le sentiment d'être délégitimés dans l'exercice de leurs fonctions. Ainsi, la tendance révélée par les réclamations des personnels (un quart des 20 500 saisines de l'année dernière) se situe autour de besoins croissants d'écoute, d'explication et de considération. Cette vulnérabilité se perçoit par exemple au travers de la question de l'école inclusive, avec des équipes éducatives qui “sont investies et ne la questionnent pas“, mais font face à une mise en œuvre complexe dans les établissements pouvant générer des difficultés et nécessiter qu'ils soient accompagnés.

Au-delà de ce ressenti, les domaines principaux de leurs réclamations sont néanmoins “toujours les questions financières“, précise Catherine Becchetti-Bizot, la question des rémunération restant “particulièrement sensible, surtout pour les non-titulaires et les contractuels“. Suivent les déroulements des carrières, les affectations et mutations ou encore les relations de travail (entre pairs et hiérarchiques).

Instruction en famille

Au final les demandes de médiation ont progressé “à un rythme plus soutenu“ en 2023, +12 % contre +4 à +6 % les années précédentes. C'est particulièrement le cas en ce qui concerne l'instruction en famille (IEF), avec un nombre de saisines (300) qui a été multiplié par 10 par rapport à 2022, peut-on lire dans le rapport. Le document ajoute que ces réclamations concernent “majoritairement l’école primaire et plus particulièrement la première scolarisation en maternelle“, en lien avec l’instruction obligatoire dès 3 ans prévue par la loi "Pour une École de la confiance". Une incompréhension de ces refus “particulièrement forte dans les familles qui ont déjà fait le choix de l’instruction en famille pour les aînés". Elles témoignent aussi de l'incompréhension des familles concernant “l’esprit de la loi“ de 2021 confortant le respect des principes de la République, “et en particulier de la nature du motif 4“ (qui permet théoriquement aux familles d'instruire elles-mêmes leurs enfants, mais qui est en réalité inapplicable, ndlr).

Face au discours sur le civisme à l'école, la médiatrice estime qu' “on ne décrète pas l'autorité, on la construit en recréant un lien de confiance entre les personnes“. Un travail de longue haleine dans une société morcelée.

Le rapport ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →